À la maison du Père
Comme tous les successeurs de Pierre à Rome se réclament
de Jésus, et que Jésus s’explique dans le texte qui suit,
nous nous souvenons que le christianisme est né non pas à Rome,
mais à Jérusalem, que le Pasteur essentiel demeurera toujours
Jésus. Peut-être sommes-nous invités à dépasser
nos mots, nos réflexes, nos images toutes faites. Ici nous entendons
le récit de l’ami par excellence de Jésus, Jean de Patmos :
il transcrit ce qu’il retient de certaines conversations avec Jésus à Jérusalem
ou près. Ce sont des propos inacceptables aujourd’hui
pour un Musulman… et hérétiques pour un Juif. Lecture
de Jean 14, 1–2.
Le Christ vient de mettre les points sur les "i".
Cartes sur table! Il n’est pas venu pour un statut social particulier,
ni pour s’imposer à qui que ce soit. Il n’est pas
venu pour lui-même. S’il est sur les routes de la Galilée
et de la Judée, c’est pour bien identifier Celui qui l’a
envoyé vers nous. Il est venu pour nous parler de Celui que sa
tradition appelle depuis des années et des années de suite, Yaweh,
Elohim, Dieu, le " créateur tout-puissant " etc… Père.
En l’écoutant nous nous souvenons en tout premier
que notre Dieu n’est pas que le Créateur de l’univers visible
et invisible; il n’est pas que le Dieu en haut au ciel l’Éternel
dans les nuages. Il porte déjà un nom privilégié rempli
de mystère, un nom à dire dans un sens métasociologique,
Père! Un nom au delà de nos réflexes habituels. Seconde
révélation: le Père et moi, dit Jésus nous
sommes UN… " Je suis dans le Père et le Père
est moi " (Jn 10, 30 ; Jn 17, 21). En vivant
chez-nous, en se faisant lui-même enfant et fils, Jésus nous associe à son
destin au point que nous sommes ses frères et sœurs. Et
donc : enfants de Dieu. Sœur Thérèse de l’Enfant-Jésus
en est toute bouleversée et tout simplement se dit : " Si
Dieu est mon Père, je suis donc son enfant ". Jean l’évangéliste
dans une de ses lettres : " Voyez de quel amour le Père
vous fait don : que nous soyons appelés enfants de Dieu et nous
le sommes " (1, 3, 1).
Étant associés à Lui, à sa vie,
les ENFANTS de DIEU, le Christ est en mesure de rêver en couleur à notre
sujet : " Quant à moi je pars vous préparer une
place… je viens vous prendre avec moi… " (Jn 14, 2).
Dès lors nous sommes invités à concevoir
nos vies, notre vie à chacun, à chacune, comme il l’a fait
lui-même,
non comme un incident, mais comme durable, vie à long terme, la
vie en longue durée, la permanence quoi! : " La vie éternelle
c’est qu’ils te connaissent toi le seul vrai Dieu et celui (et
moi) que tu as envoyé ". (Jn 17, 3)
Mieux encore. Non seulement ce midi en cette célébration
de la Parole le Christ présente Dieu comme un Père idéal,
non seulement il nous souhaite la permanence, mais il affirme et reconnaît
en plus la diversité de nos cheminements : " Dans la
maison chez-nous (la maison de mon Père) il y a plusieurs demeures.
Ainsi notre assemblée dominicale, qui est la nôtre
depuis plusieurs
décennies, est-elle, à sa manière dans sa diversité même
une communion d’enfants de Dieu mais à divers titres et divers
cheminements. De droite ou de gauche ou tout simplement en marchant notre
vie en regardant tout droit en avant, en route sur le chemin de la vie.
Remercions le Seigneur de nous offrir un autre successeur
de Pierre à qui
nous souhaitons l’Esprit aidant, de marcher sur les pas de Jésus
mort et ressuscité. L’Eucharistie qui suit est un appel
du même Seigneur des routes de Galilée et de Judée, le
même Seigneur de la longue route d’Emmaus : il nous
invite tout de suite à le rejoindre par la médiation du pain
et du vin consacrés pour prendre un autre repas fraternel avec Lui…
À la musique d’inspiration grégorienne d’agrémenter notre
route de croyants et de croyantes.
L’heure des offrandes est arrivée.