Journée mondiale pour l’élimination de la pauvreté

Voilà certes une situation qui ne nous est pas inconnue… Nous avons tous été, à un moment ou à un autre, « harcelés » par des quémandeurs de toute sorte. Que ce soit par un de nos enfants qui désirait obtenir une faveur, ou par un téléphoniste qui voulait nous vendre quelque chose, ou par un squeegee qui voulait absolument laver notre pare-brise… La tentation est alors grande de céder devant cette insistance pour être débarrassé de l’importun. On comprend donc l’attitude de ce juge qui, excédé, finit par accorder à la veuve ce qu’elle lui demande…

La situation proposée par Jésus est cependant quelque peu différente. En effet, la femme ne vient pas quémander une faveur, mais plutôt faire reconnaître ses droits, car elle avait été victime d’une injustice… La chose ne devait pas être facile pour elle. Une veuve, du temps de Jésus, n’avait quasiment pas d’existence légale; elle était considérée comme moins que rien et n’avait pas droit de parole. De l’autre côté, nous nous trouvons face à un juge, donc un notable, instruit, sans doute assez à l’aise financièrement…

La veuve ne recule pas pour autant; cela lui prend vraisemblablement « tout son petit change » pour aborder le magistrat, qui ne l’écoute guère… Elle revient à la charge sans relâche, pour obtenir justice… Au point que finalement, le juge se décide à faire reconnaître ses droits, pour se débarrasser d‘elle…

Quelle belle leçon de courage et de persévérance nous donne cette veuve, que personne ne respecte, dans sa détermination à obtenir justice. Cela me fait penser à Kolette, une assistée sociale lourdement handicapée… Elle avait droit à une chaise roulante électrique, mais elle a dû se battre pour en obtenir une. Elle avait également droit à quelques heures de ménage par semaine à son domicile, mais elle a dû revenir plusieurs fois à la charge au CLSC pour obtenir ce qu’elle demandait.

L’histoire de la veuve et celle de Kolette nous montrent des personnes seules et mises au ban de la société, dont la détermination finit par faire reconnaître leurs droits. Mais elles doivent sans cesse lutter pour y arriver. La tentation doit parfois être grande d’abandonner et de laisser tomber les bras… comme Moïse face aux Amalécites. Heureusement, il n’était pas seul, lui : Aaron et Hur étaient à ses côtés et le soutenaient dans ses efforts. Et c’est ainsi que la bataille fut gagnée… « L’union fait la force », comme le proclame la devise de la Belgique, le pays d’origine de Monique.

L’histoire nous le montre assez : bien souvent, les mouvements de protestation pour faire cesser les injustices partent de quelques personnes de la base. Que l’on pense à l’abolition de l’esclavage, au vote des femmes, aux rassemblements des mères sur la place de Mai, en Argentine, au mouvement écologique, ou, plus près de nous, à la mobilisation pour un Québec sans pauvreté, qui a réussi à faire adopter une loi en ce sens par l’assemblée nationale…

Mais aucune victoire n’est définitive. Car si les comportements changent, cela ne signifie pas pour autant que les mentalités aient changé. Il y a toujours de l’esclavage dans le monde, la torture est encore pratiquée dans de nombreux pays, l’égalité des femmes n’est pas reconnue partout, on continue à polluer la planète, le gouvernement actuel au Québec édicte des règlements qui sont contraires à l’esprit de la loi anti-pauvreté… Il faut donc continuer à se battre, encore et encore.

Heureusement, nous ne sommes pas seuls dans la défense des causes qui nous tiennent à cœur. « Ensemble, on va plus loin », tel est le mot d’ordre des manifestations au Québec, pour ce 17 octobre, journée mondiale pour l’élimination de la pauvreté. Aujourd’hui, un peu partout au Québec, mais aussi ailleurs au Canada et dans le monde, sont en effet organisés des événements qui ont pour but de souligner le courage et la détermination de ces personnes que l’on n’écoute jamais, mais qui ont des choses à nous dire sur le respect des droits et sur la dignité… et qui ont besoin de notre support pour faire entendre leurs voix et faire changer les mentalités.

Toute mobilisation, quelle que soit la cause défendue, demande de la persévérance. Lorsque le découragement guette, certains puisent leurs forces dans un engagement au nom de l’humanité. Pour nous, chrétiens, les Écritures constituent également une bonne façon de nous ressourcer, comme le suggère Paul dans sa lettre à Timothée :

(Lecture de 2 Tim, 3, 15-4, 2)

Monique Morval (coll. Françoise Tesson)