« La santé de l’âme »
Nous sommes, chacun, chacune, matière
et psyché, corps et âme. À la
fois physique et spirituel. Sans vouloir pour autant démembrer
et défusionner chacune de nos existence, il ne serait peut-être
pas mal que nous nous occupions à la lumière des paroles sacrées
entendues, de la santé de notre âme. Il nous a été dit
en effet que Dieu est le Tout puissant; il est Illumination, sa Parole est
une parole inspirée. La paix que son Fils Jésus nous laisse
est une paix intérieure, paix de l’Esprit; « L’Esprit
saint vous enseignera, vous fera souvenir ». Jésus étant
notre référence première, notre guru en un sens, pourquoi
ne pas, en effet, l’interroger tout de suite sur la santé intérieure,
la sienne, la nôtre? Ne s’est-il pas dit « chemin,
vérité et vie ». (Jn 14, 6) Jésus et
son âme? Jésus et son corps?
En tout premier, notons que « divin », « fils
du Père », comme il a proclamé. Jésus
a pris corps et âme humaine, Verbe fait chair! Un être
profondément humain, perspicace, cultivé au sens biblique
du mot. Les évangélistes, témoins d’une tradition
orale tenace, le perçoivent comme un être plutôt sensible, être
de compassion pour ne pas dire passionné : il s’inquiète,
il aide, il guérit au besoin, fait une ou deux colères à l’occasion,
il pleure, il se décourage, il appelle au secours en même temps
qu’il se préoccupe que les gens en route aient de quoi se
nourrir.
0r, depuis le 12 avril, depuis Pâques,
ce qui retient davantage notre attention lors des diverses liturgies de
la Parole, est que le Ressuscité,
bien qu’en possession de tous ses moyens comme on dit dans le monde des
affaires, possède un corps davantage spirituel, un corps glorieux, un
corps dominé par une âme, divine en l’occurrence. Qu’en
sera-t-il dès lors de ses sentiments au moment où il doit, dit-il,
passer de ce monde, remonter vers le Père? Il s’émeut
encore : « Ne soyez pas bouleversés ni effrayés »,
je pars je vous aime encore. Je vous aimerai toujours. L’Esprit
vous dira : « il vous enseignera tout, vous fera souvenir de tout »…
Prévoyant, sensible à ce qui
arrive, Jésus le ressuscité veut-il
rendre le choc de son départ physique moins douloureux? « C’est
la paix que je vous laisse, c’est ma paix que je vous donne ». Je
pars mais je suis là quand
même. « Si quelqu’un m’aime, nous viendrons… nous
irons demeurer chez lui ».
Voilà qui
est bien mystérieux,
nous l’admettrons, Jésus déjà glorifié, ressuscité,
illuminé dit l’Apocalypse, prend le temps de préparer
le cœur des siens. Fils de Dieu, incarné, attentif, délicat,
poli! Disons, en passant que nos vrais amis ne nous quittent jamais. Il
arrive que l’invisibilité devient parfois présence réelle
au cœur de l’absence. Miracle des vrais amours!
D’où cette
question provoquée
par la Parole sacrée : comment soigner notre âme orpheline,
fragile, facilement distraite, pas toujours attentive à l’invisible
présence? La réponse est courte, simple et directe :
fixons l’essentiel. L’essentiel, dit notre ami, consiste à s’aimer
pour aimer l’autre et par lui rejoindre la source de tout amour. Un
grand ami de Jésus, Jean devenu évangéliste et épistolier explique : « aimer,
dit-il, c’est passer de la mort à la vie ». Aimer,
vivre, du pareil au même! « qui demeure dans l’amour,
Dieu demeure en lui ».(Jn 4, 16)
« Si quelqu’un m’aime, il restera fidèle à ma
parole, mon Père l’aimera, nous viendrons chez lui. Nous
irons demeurer auprès de lui ».
Là où je me trouve, et comme
je me trouve, une présence
amoureuse, présence spirituelle, présence miséricordieuse,
est possible. L’Esprit, Esprit d’amour, vous enseignera tout. Cet
Esprit comme tout esprit passe à travers nos murs, nos soupçons;
il voyage à la manière du ressuscité qui nous l’envoie,
au nom et avec le Père. Il habite nos communautés dite
ecclésiales; il habite les autres croyances; il habite même l’incroyance.
Faisons-lui confiance. Il est le grand medium de notre âme. Ne
cherchons pas trop au dehors de nous. L’essentiel du royaume est
au-dedans de nous.
Un souhait, en terminant, nous est fait par
nul autre que le Christ : que
la joie nous habite! La joie de l’âme. Une joie intérieure : « Si
vous m’aimez, vous goûterez la joie de l’âme ».
La joie de se savoir existé, accompagné dans l’existence,
de se savoir éclairé à l’occasion, de se savoir
pardonné quoiqu’il arrive. Tel est l’esprit
du Père et du Fils : Esprit d’unité, esprit
de guérison de l’âme.
En définitive, cette liturgie de la Parole, préparatoire aux
Fêtes de l’Ascension et de la Pentecôte, située aux
abords de la liturgie de l’Eucharistie qui va suivre, est pour fortifier
la santé de notre âme, pour la rassurer, pour lui indiquer les
chemins de l’amitié, de l’amour, et par eux, de la paix,
de la miséricorde et de la joie. Que la musique de Bach nous aide à fortifier
notre âme en quête d’ascension!