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"Seul l'amour demeure" 1Cor, 12.31-13,13"
Nous avons appris(notre génération) depuis l'enfance que nous devions être conformes en tout point à l'idéal évangélique de l'amour tel qu'énuméré dans le texte de Paul. Nous avons grandi dans la crainte de nous tromper, de mal agir, de n'être pas toujours aimés de Dieu parce que pas assez "aimables" ou qu'il fallait être méritants pour être sûrs d'être aimés de Lui.
Nous avons ainsi vécu "coincés", inquiets, sans joie et paix véritables et profondes. Le vrai visage de l'AMOUR nous avait été caché… J'ai été moi-même témoin de membres de ma famille très chrétienne, mourir dans la crainte et la crispation, si loin de la paix de l'Évangile de Jésus Christ.
Et puis est venu un vent de fraîcheur sur notre Église avec Vatican II : un retour aux sources primitives des Écritures. Enfin! nous retrouvions le vrai visage de notre Dieu : l'amour inconditionnel, que je sois aimable ou pas, méritant ou pas, sachant que si je n'ai pas d'amour, je ne suis rien, nous sommes assurés désormais de SON AMOUR sans faille, que rien en nous ne rebute parce qu'IL EST l'AMOUR, que rien ne peut nous séparer de Lui comme l'atteste Paul apôtre (Rm 8, 35-39). Alors nous pouvons vivre et mourir dans la JOIE PAISIBLE et la CONFIANCE ÉPERDUE en l'essentiel AMOUR du Christ, la BONNE NOUVELLE apportée aux pauvres que nous sommes…
Cet hymne à l'AMOUR que Saint-Paul nous livre avec tant de sagesse et d'intensité est pour moi un "idéal" de vie presqu'inaccessible étant donnée la faiblesse de tout mon être, pécheur que je suis, un chemin de vie que, sans la grâce de Dieu, nul être humain ne peut vraiment atteindre ici-bas…
Alors qu'il me plaît et me rassure de relire souvent en pensée ce beau texte si inspirant de Paul apôtre, nous avons découvert ces jours-ci, mon épouse Michelle et moi, que ce même texte, qui était pourtant adressé à chacun de nous, pouvait également nous décrire Celui qui se définit comme DIEU-AMOUR : "il prend patience… supporte tout… fait confiance en tout… endure tout… rend service… trouve sa joie dans ce qui est vrai"… Ce Dieu que nous avions tellement craint dans notre jeunesse ne devient-il pas Celui "dont l'AMOUR demeure en nous… nous permettant ainsi de vivre de cet amour?
Quelle louange de reconnaissance ne devrions-nous pas rendre à Dieu de nous avoir aimés au point de nous "donner" son Fils unique, JÉSUS-CHRIST, pour nous offrir si gratuitement "de le voir face à face" tel que Paul nous l'assure dans l'extrait de sa lettre aux Corinthiens!
L’hymne à l’amour de St-Paul est un texte génial, une illumination qui résume l’essence même de la Création. « L’amour ne passera jamais » (1 Co 13, 8), puisqu’il est le principe fondateur de la Création, le code génétique de Dieu, son ADN. Il est le principe au cœur même de la relation trinitaire, l’énergie qui émane du Père, coule vers le Fils et se répand par l’Esprit Saint. Comment pourrait-il passer?
Ce n’est donc pas une surprise si nous, comme humains, tentons d’actualiser, sinon copier ce code dans nos relations humaines, et plus largement, dans nos rapports à la création. Les multiples facettes de l’amour sont une source infinie d’inspiration littéraire, théatrale et cinématographique. On y explore la richesse de ses multiples reflets et tonalités. Serions-nous des ARN messagers?
Comme le professait le moine bouddhiste Thich Nhat Hanh, décédé tout récemment, « Inhale love, exhale gratitude ».
Même nos chats Philo et Simba sont en accord!
« Seul l'amour demeure ». Qu'est que ça veut dire?
Cette question fait remonter une aventure qui nous est arrivée vers 1977. Nous étions – Gaston pour un colloque et Françoise en reportage – à Rio-de-Janeiro. Dans un quartier de la périphérie, coincé entre voie rapide et mer, nous sommes victimes d’un vol à main armée. Adieu voiture, bagages, passeports, billets de retour. On se retrouve en costume de bain sur l’autoroute. La Providence nous épargnant le pire, on se retrouve, par une chance inouïe, hébergés chez le consul du Canada et son épouse qui nous offrent un souper et une nuit dans leur chambre d’amis. On se voit encore, blottis l’un contre l’autre, ayant tout perdu, nous disant : « il ne reste plus que l’amour. » Gaston précise qu’il s’était dit la même chose quelques heures plus tôt en empêchant vigoureusement l’ami brésilien qui nous accompagnait, de courir sur l’autoroute pour rattraper l’auto.
Et si c’était pareil au moment de la mort : on perd tout, même la vie terrestre, reste l’Amour.