Pour avoir faim, il faut ressentir un manque… Après avoir bien réfléchi, je pense que le principal manque que je ressens est celui de la (ré)conciliation entre la foi et la science… Comment comprendre le Credo à la lumière des découvertes concernant l’origine de l’Univers et l’apparition de la vie sur terre ? Qu’en disent les théologiens actuels ?… Un colloque sur ce thème serait le bienvenu…
On comprend aisément que les disciples aient demandé au moins un signe à celui qui les invitait à oublier leur nourriture habituelle pour s’alimenter plutôt au « pain de la vie », un « pain venu du ciel ». De même, il n’est guère surprenant d’entendre, dans l’Exode, la plainte des juifs conduits dans un désert au risque de mourir de faim. Ils auraient alors été alimentés par quelque chose, mais sans être en mesure d’avoir la moindre idée de ce en quoi cette substance consistait.
Quant aux disciples, Jésus venait de leur parler d’une « nourriture qui se garde jusque dans la vie éternelle ». Ils ne pouvaient donc voir davantage ce avec quoi ils devaient s’alimenter. Si au moins ils avaient pu bénéficier d’un signe qui les aurait aidés à entrevoir ce dont il est question. Mais Jésus se contente, si j’ose dire, de leur répondre que le pain qu’il leur propose est celui « qui donne la vie au monde » et ajoute qu’il est lui-même ce « pain de la vie » et que, pour en être rassasié vraiment, il faut aller à lui et croire en lui.
Or il me semble que Paul, dans son épitre aux Éphésiens, peut nous aider à y voir un peu plus clair. Il nous dit, en effet, que « connaître le Christ », ce qui veut dire — du moins pour nous — croire en lui, c’est se défaire de notre « conduite d’autrefois » et « de l’homme ancien corrompu par les convoitises », pour devenir « l’homme nouveau » qui devrait vivre dans la justice et la sainteté.
Ouf, c’est à toute une « transformation spirituelle » que nous sommes invités; une transformation d’autant plus difficile à réaliser qu’elle doit reposer sur cette confiance que nous appelons la foi. Il est vrai par ailleurs que les personnes qui ont vraiment fait œuvre de justice et celles dont la sainteté nous inspire le plus semblent être parvenues à une qualité de vie telle qu’elles ont probablement cessé d’être tourmentées par cette faim qui nous laisse si insatisfaits.
Quant au pain de vie qui nous est offert dans l’Eucharistie, il peut certes contribuer à nous inciter à nous engager sur la voie proposée, mais l’essentiel reste à faire. Pierre, qui venait de participer à la dernière Cène elle-même, n’a pas hésité, quelques heures plus tard, à assurer qu’il ne connaissait pas celui qui venait de lui offrir ce pain de vie. Sans doute, avait-il encore faim, mais qui a dit que la « transformation spirituelle » susceptible de calmer cette faim est chose facile ?
Manifestement, cette faim ne se dissipe pas facilement, mais, un peu paradoxalement, l’essentiel pour nous, en un sens, est bien de continuer à avoir faim.
De quoi j'ai faim?
Ma faim est que chaque humain puise dans le Pain de Vie l'orientation à donner à sa vie pour qu'elle soit amour, pardon, paix, justice, douceur…
Alors quel est ce Pain de Vie si ce n'est que l'infini présence de Dieu.