Donner sa vie pour la recevoir à nouveau. L’expression de Jésus est difficile à comprendre. Comment pouvons-nous recevoir la vie à nouveau si nous la donnons ? Dans le contexte de la maternité et de la paternité, donner sa vie va de soi. Les parents peinent tant bien que mal au travers d’années parfois bien difficiles, laissant de côté leurs aspirations personnelles pour prendre soin, éduquer, assister, protéger. Les parents sont les bergers de la bergerie. Et lorsque les années passent et que les enfants grandissent, ils sont parfois surpris et déconcertés par un développement inattendu de leur progéniture qui se démarque par des actions généreuses et hardies. La vie et l’amour qu’ils leur ont donné a porté des fruits, c’est une nouvelle source de vie.
Ainsi, toutes nos actions, y compris les plus humbles, ont des conséquences que nous ignorons la plupart du temps. L’amour ne se perd jamais. Notre présence au divin se manifeste dans les petites choses de la vie ordinaire : une attention aux autres, un sourire, un effort de compréhension, un signe d’empathie, et si possible, une participation active à la société qui nous entoure : c’est la vie qui se transmet.
Donner sa vie, tel que je le comprends aujourd’hui, c’est refuser d’être victime. C’est consentir à ce qui nous est enlevé, et vivre courageusement et plein de gratitude ce qui nous reste.
« Donner sa vie pour la recevoir de nouveau » : j’avoue que je ne comprends pas cette phrase… Je préfère réfléchir à la relation établie entre le bon pasteur et ses brebis. Une relation basée sur une connaissance réciproque, qui amène une confiance réciproque… Connaissance bâtie sur le long terme : il faut apprendre à se connaître, à « s’apprivoiser » comme le dit le renard au Petit Prince… Cela est vrai pour nos relations humaines, mais aussi pour ma relation avec Jésus, que j’ai peut-être trop tendance à négliger. Car une relation, cela doit s’entretenir…
Donner pour recevoir: trafic ou partage?
"Voici pourquoi le Père m'aime: parce que je donne ma vie"
*Je suis aimée du Père si je donne ma vie?
"et aimer pour la recevoir"
*J'aime donner pour recevoir?
C'est du trafic!
Je préfère la suite: "J'ai le pouvoir de donner la vie et j'ai aussi le pouvoir de la recevoir de nouveau"
*Qu'est ce que pouvoir donner la vie et qu'est-ce que pouvoir recevoir de nouveau la vie?
Je dirais, quand j'ai le pouvoir de donner et que je donne, naît en moi une force que j'ignorais. Est-ce que cette force est le don que je reçois?
Ce pouvoir n'est-il pas l'amour qui se partage?.
Osez taper Denis Marquet pour écouter ses réflexions sur "Osez désirer tout", "Amour infini". Vous en avez pour la semaine!
«… je donne ma vie, pour la recevoir de nouveau. » (Jn 10, 17)
Ce passage de Jean me rappelle un autre texte d’Isaïe « Comme la pluie et la neige descendent des cieux…[pour féconder la terre]…, de même la parole qui sort de ma bouche ne me revient pas sans résultat… » (Is 55, 10-11)
N’est-ce pas une vérité universelle que la vie engendre la vie? Et ceci se vérifie de tant de façons dans la création. L’expérience émouvante d’engendrer un enfant, mais aussi la filiation spirituelle, et la générosité de l’enseignant, sont autant de manifestations du don gratuit, qui au-delà de toute velléité de contrôle, peut mener à une floraison étonnante et inattendue.
Ainsi, la parabole du Bon Pasteur est-elle en continuité avec tout le discours johannique sur le pain de vie, entendu tout au long de la dernière semaine liturgique. Le pain, nourriture terrestre, mais surtout spirituelle, n’est-il pas l’expression par excellence de la bonté de notre Pasteur, de son don eucharistique?
Ce message est tellement central à la Parole qu’il se retrouve souvent et de différentes façons chez les quatre évangélistes, « …celui qui perd sa vie à cause de moi et de l’Évangile la sauvera. » (Mc 8, 35) et encore chez (Lc 9, 24) (Lc 17, 33) (Mt 16, 25) (Mt 10, 39) (Jn 12, 25).
La répétition est renforcement, « Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il demeure seul, s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. » (Jn 12, 24).
« Donner sa vie », c’est peut-être compter suffisamment sur le « Dieu des grands espaces » pour recevoir de Lui un cœur plus grand, un cœur confiant et ouvert.
Je reprends simplement ici les paroles du chant choisi pour ce dimanche : il m’élargit le cœur et m’appelle à accueillir la Vie, surtout lorsqu’on le chante ensemble à St Albert…
R/ Tu es le Dieu des grands espaces et des larges horizons.
Tu es le dieu des longues routes, des chemins vers l’infini.
Tu es le Dieu qui dis : “Va ! quitte ton pays, Tes idées mortes et tes vieux préjugés.
Ta vie va refleurir, n’aie pas peur de mourir. Laisse germer la parole et la foi ;
Tu porteras des fruits de joie.”
Passe à travers la mer, traverse les déserts ! Je t’ouvrirai de vastes horizons.
Tu auras soif et faim d’aller toujours plus loin vers ce pays qui t’appelle là-bas
Où tu pourras vivre avec moi !”
Tu es le Dieu qui viens marcher sur nos chemins, nous rencontrer et nous accompagner.
Lumière dans nos vies pour nous aider, la nuit, à traverser la mort et le danger.
Et nous ouvrir la liberté.
"Donner sa vie pour la recevoir de nouveau"
Il y a bien des manières de donner sa vie et les exemples ne manquent pas d'éloquence. On n'a qu'à regarder autour de nous pour observer les multiples facettes du don de soi si indispensable, à commencer par soi-même dans nos propres vies familiales, professionnelles, sociales, communautaires etc… et les motivations sont tout aussi multiples…
Alors qu'il y a les autres à qui donner sa vie, il y a l'AUTRE, l'Au-delà de tout, l'AUTRE qui se tient à la porte et attend comme un Pauvre.
Lui donner sa vie ne consiste-t-il pas aussi à se tenir en Sa Présence, à écouter Sa voie venue des profondeurs du silence, s'ouvrir au mystère de Sa vie, se livrer à la douceur de Son amour et tout recevoir de ce BON PASTEUR.
Dans l’urgence nous nous sommes retrouvés à être mis, dans ce que j’appelle, un « caisson de décompression ». Personne ne sort, les avions ne volent plus, les bateaux restent à quai, l’agitation de l’activité humaine sous pression s’arrête.
Silence et peurs. On compte.
Dans le sas de décompression on réfléchit beaucoup.
Puis nous avons eu droit à une liberté conditionnelle, surveillée, encadrée, quelquefois sanctionnée, et même à une détention préventive contrôlée…
Le virus pendant ce temps n’en fait qu’à sa tête, il mute et se transforme en variant pour s’adapter.
Et si, il était l’adversaire porteur d’un message qui m’invite à « mourir à mon ancienne façon de vivre », transmuter le plomb en or, entrer dans un changement radical et une évolution profonde? M’adapter aussi par un mouvement de mutation-conversion, et recevoir, renaître à la vie et l’investir autrement? Déconstruire pour reconstruire.
C’est ce que m’inspire Jean 10, 11-18.
« Petite brebis » j’écoute la voix du Pasteur qui m’appelle, à cet instant je suis pasteur de moi-même et je décide en toute liberté de mes choix.
À chaque instant Jésus a le pouvoir de donner sa vie, si je l’accueille au très fond de mon âme, je reçois sa vie en moi, et en m’ouvrant à lui, il la reçoit à nouveau. Je peux renoncer à ce qui affaiblit et entrave ma vie afin de recevoir en toute humilité la flamme de vie du Christ et la laisser vivre en moi.
Le Christ en lien avec le Père, « je connais le Père et le Père me connaît », « voici pourquoi le Père m’aime ».
Un lien d’Amour qui me donne à percevoir la Sainte Trinité.
À travers les bousculades du monde et les angoisses, essayer de donner sa vie, action par action, seconde par seconde, rencontre par rencontre, courriel par courriel, téléphone par téléphone ; n’avoir pour relâche que l’inspiration profonde et l’expiration totale vers l’abandon au Très-Bas dans le gouffre duquel s’entrevoit, l’espace d’un éclair, une plénitude dont on se demande si elle est réelle ou supposée.
Comment recevoir ces concentrés paradoxaux de mystique messianique qui ont fait fuir beaucoup de contemporains de Jésus ? La meilleure réception est sans doute celle de longs silences. Mais, pour répondre à l’invitation à s’exprimer de la communauté, que dire ? Voici mes balbutiements.
Ces paroles de Jésus me font entrevoir de façon vertigineuse la dynamique paradoxale, trans-rationnelle, des relations d’union créative entre donner et recevoir. Relations créatives d’abandon tout-puissant ou de toute-puissance de l’abandon.
Pour moi, cette dynamique créative paradoxale ne peut être reçue que par une folle foi espérance en cet Amour générateur infini. Il se révèle parfois dans la grâce de rencontres amoureuses transcendantes à accueillir humblement.
La question posée me paraît a priori trop théologique. Je préfère me laisser interpeller par le texte de Jean 10. La comparaison entre le berger mercenaire et le bon pasteur me fait sentir que pour Jésus, ses contemporains comptent vraiment. Sa famille, ses amis, ceux qui le suivent de près ou de loin, et même ceux "d'autres enclos". Je réexamine plusieurs des rencontres qui nous sont rapportées dans les évangiles, et j'observe comment l'autre compte pour Jésus, comment il s'implique dans la relation au moment présent. Il donne de sa personne. Et en résistant à la tentation de juger ma propre façon d'entrer en relation, je me laisse émerveiller par Jésus.
La question posée par le comité de liturgie prend alors un sens différent. Car si je comprends ici "donner sa vie" comme la manière qu'a Jésus d'entrer en relation avec une personne, alors quand il parle de "la recevoir de nouveau", Jésus évoquerait sa réceptivité à cette personne. Il reconnaîtrait qu'il reçoit de la vie à travers ces rencontres. Je mets ça au conditionnel, comme une hypothèse, un angle nouveau et rafraichissant, à mettre à l'épreuve de la Parole.
Voici ma réponse à la question de l'équipe liturgique : Comment comprenons-nous : "donner sa vie pour la recevoir de nouveau", comme Jésus le dit dans l'évangile?
Cette parole demeure pour moi mystérieuse ; je ne la saisis pas.
Signifie-t-elle… ?
· Jésus a-t-il choisi de donner sa vie pour rendre témoignage et pour démontrer que seul Dieu-créateur accorde la vie ?
· Jésus donne-t-il sa vie et ne cesse de la donner, pour nous permettre d'accéder à la vie éternelle par sa résurrection ?
· Jésus nous invite-t-il à offrir nos vies pour ceux que nous aimons, quitte à conduire à certains sacrifices, pour nous sentir encore plus vivants et pour ressusciter ?
· Jésus nous indique-t-il qu'en tant qu'enfant de Dieu, si nous portons attention aux autres, les aidons humblement en son nom, avec cœur ouvert et disponible, nous recevons plus ; notre vie deviendra généreuse dans toutes ses dimensions ?
En lisant les réponses de mes sœurs et frères de la Communauté, peut-être obtiendrais-je quelques éléments de réponses…
Bon dimanche !