Les circonstances que nous traversons aujourd’hui, peuvent amener certains d’entre nous à remettre leur foi en question, comme l’ont fait très temporairement Thérèse de Lisieux ou mère Thérèsa.
Ma foi est bien souvent chancelante mais elle redevient plus vivante quand je me sens en union ce cœur avec tous ceux et celles qui continuent à chercher le Christ, souvent dans la brume ou dans l’incertitude et sans le savoir, me transmettent leur volonté de croire. Quand je ressens tant de bonté ou de générosité autour de moi, quand je vois que tellement de personnes vivent dans l’espérance, en dépit d’épreuves ou de deuils, le sentier qui me guide vers Jésus m’apparaît plus dégagé, moins broussailleux.
Cette période pascale , loin d’être pour moi une simple commémoraison d’un événement datant de deux mille ans, est l’occasion, en union avec tous les chrétiens, en particulier ceux de notre communauté de St-Albert, de prier pour que la nuit trop fréquente de ma foi se dissipe avec l’aurore de la Résurrection.
« Il vit, et il crut. » (Jn 20, 8) Voilà ce que l’évangéliste Jean nous raconte de son expérience du tombeau vide alors que Simon-Pierre et lui en avaient été informés par Marie-Madeleine. Deux mille ans plus tard, pourquoi croire et comment croire? N’est-ce pas le sens même de tout cheminement spirituel?
Pour ma part, c’est un processus évolutif, alimenté de différentes façons, par la réflexion, la lecture, la marche, la méditation, le silence, mais aussi, la fréquentation assidue de la Parole Évangélique et le partage communautaire avec d’autres chercheurs de sens et de vérité. Ces paroles de Simon-Pierre me reviennent constamment, « Seigneur, à qui irions-nous? Tu as les paroles de la vie éternelle ». (Jn 6, 68)
La proposition évangélique me convient et répond à mon questionnement et à mes attentes. Mais en même temps, je mesure l’immensité de cette adhésion et sa complexité. Je suis en bonne compagnie quand je pense aux différentes traditions qui se sont développées à travers les âges pour interpréter cette Parole. La tradition de St-Dominique, forte de ses 800 ans, m’interpelle et me fascine. L’intégration de raison et d’abandon au mystère, au centre même de la spiritualité dominicaine, ouvre plusieurs voies à parcourir.
Mon adhésion à la Parole croit en fonction de mes efforts pour l’approfondir et la comprendre. D’un oasis à l’autre, il y a aussi des portions de désert qui font espérer le son et la fraîcheur de la source qui coule. Non pas une foi statique, mais dynamique, que j’apprivoise au gré de mes expériences quotidiennes, des rencontres et des interactions avec d’autres.
Joyeuses Pâques!
Je me souviens de ces années où j'interrogeais ma foi d'héritage. Les questions sans réponses satisfaisantes creusaient en moi un vide inconfortable mais salutaire. De recherches en tâtonnements, j'ai dû consentir à ce que l'intelligence qui veut tout comprendre cède la place au désir du cœur profond de faire confiance, de s'abandonner sans avoir besoin d'évidences, de plonger les yeux fermés comme les amoureux.
J'ai donc dû me faire un cœur simple et ouvert pour accéder au sublime de la foi et pour connaître la béatitude si enviable des enfants : "si vous ne devenez comme des enfants, vous n'entrerez pas dans le Royaume"… "Père je te rends grâce d'avoir révélé ces choses aux tout petits"…
La beauté unique et incomparable des mystères chrétiens, le trésor des Évangiles, les générations de croyants, saints et saintes qui nous ont précédés m'interpellent encore, inspire mon humble quotidien et illumine mes jours avec le Ressuscité.
Joyeuses Pâques à toutes et tous !!
CROIRE
-malgré les guerres souvent fratricides, la famine, les tornades, les inondations et tous les autres cataclysmes…
silence apparent de Dieu!
-malgré les féminicides, les viols, les tueries d'écoliers innocents…
silence apparent de Dieu!
-malgré les inégalités scandaleuses, les injustices, le racisme, les meurtres blasphématoires au nom injurieux d'une religion…
silence apparent de Dieu!
-malgré la sécularisation accélérée de nos sociétés occidentales, l'augmentation des suicides, des dépressions causées par cette pandémie maléfique et mortifère…
silence apparent de Dieu!
-malgré ce que notre pauvreté intérieure nous révèle de notre impuissance à nous sauver par nous-mêmes… Dieu écoute, entend nos prières et supplications… et parle à notre cœur… Il est là au plus profond de notre être…
Malgré tout cela, notre foi de croyant chrétien restera toujours un saut, comme pour ce parachutiste, dans le GRAND MYSTÈRE de l'Infinie Miséricorde de Dieu-Trinité : "sans MOI vous ne pouvez rien faire"… Et alors, quelle découverte sans fin de ce GRAND MYSTÈRE!
En ce temps pascal où le Christ a vaincu la mort et est ressuscité, n'est-il pas devenu l'espérance de notre propre résurrection :"qui croit en moi, même s'il meurt, VIVRA! "
Le Jésus ressuscité est donc devenu pour moi le ROCHER sur lequel repose ma foi dans un monde en perte de vie spirituelle. Quelle grâce nous est-elle donnée de croire en Celui qui est VOIE, VÉRITÉ ET VIE!
Il y a des gens qui pensent que les croyants sont des naïfs ou des sots, au mieux des sourds ou des aveugles qui n’ont jamais remis en question le conditionnement (supposé stéréotypé) de leur éducation. Soit. Les chrétiens, ai-je lu récemment, sont les croyants les plus persécutés de la Terre. Pourquoi, en effet, croire et, surtout laisser croire qu’on croit, si c’est pour s’exposer aux brimades et, au mieux, à toute une gamme de quolibets désobligeants ? Voici donc les raisons que je puis exprimer aujourd’hui.
1 – J’ai de 0 à 10 ans et crois grâce au témoignage rempli d’amour de chacun de mes parents, l’un et l’autre convertis, l’une d’un judaïsme peu pratiqué, l’autre d’un stoïcisme à saveur voltairienne.
2 – J’ai 13 ans et crois grâce à l’influence rayonnante des sœurs carmélites amies de ma mère.
3 - J’ai 20 ans et crois à travers les pèlerinages étudiants (Chartres, Longpont) et de merveilleux Camps de vacances en montagne dans la vallée de Chamonix.
4 – J’ai 25 ans et crois à travers le mystère vivant de la foi des pèlerins de Lourdes, du centre Pax Christi de Barèges dans les Pyrénées et des amis de Charles de Foucauld : quel témoin de la Fraternité universelle !
5 – J’ai 30 ans et découvre à Montréal la foi vivante de la Communauté chrétienne St-Albert et la foi multiculturelle des pèlerins de l’Oratoire Saint-Joseph.
6 – J’ai 80 ans et suis soutenue dans ma foi – qui n’a jamais cessé d’être vacillante et remise en question par une actualité toujours hostile – par les 5 points cités plus haut et, en plus, depuis mars 2013, par la formidable présence et les mots du pape François qui viennent me rejoindre au-delà de ce que j’aurais pu espérer ou imaginer.
Croire grâce à un courant d’air.
La mort d’un certain Jésus de Nazareth m’avait plongé dans la noirceur opaque d’un caveau. Je ne voyais plus rien. C’est un courant d’air qui m’a réanimé et m’a aussi offert une autre voie pour continuer à croire en Celui qui avait dit : « Je suis la Voie, la Vérité, la Vie. » Une voie moins voyante que l’escalier public qui m’avait conduit au fond du caveau. À peine une petite fissure invisible. Elle attestait cependant de l’existence d’une source d’air libre, d’une énergie revivifiante et apaisante. Elle pointait aussi dans les murailles une faille à travailler, à déblayer, à élargir. Elle me donnait la force d’apprendre à dépasser l’obstacle, à le transformer pour ne pas trépasser. Ce courant d’air m’a lancé dans l’apprentissage de l’aventure du passage pascal. Je me doute d’où Il vient, mais je ne sais où Il va. Il propulse cependant mon cours de vie, me pacifie, me fait respirer, m’inspire. J’espère qu’Il me fera expirer en Lui, en Eux.
Croire qu’il y a quelque chose de plus grand que soi, qu’il y a une présence qui transcende la réalité visible… C’est en communauté que je le sens le mieux. Seule, chez moi, je n’y arrive pas : trop de doutes m’assaillent… Mais quand je vois la joie de se retrouver, le souci de faire participer l’assemblée, malgré les restrictions imposées par la pandémie, je me dis qu’il doit y avoir quelque chose de plus fort qui nous anime, et je me remets à vivre la Résurrection.
La poétesse innue Joséphine Bacon a dit ces paroles : " L'espoir de se laisser être éloigne le désespoir. "
Se laisser être… quelle plus belle façon de parler de la foi ordinaire, dans les gestes ordinaires du quotidien, petit pas par petit pas…
Je peux juste avancer avec cette foi-là, la foi du pain quotidien. Et, curieusement, collaborer à la préparation des Jours Saints avec l'équipe de St-Albert me fait sentir que oui, nous sommes le corps du Christ aujourd'hui, chacun, chacune à sa place, un corps fragile, mais qui s'appuie sur cette confiance que Dieu a mise en nous…"