Un autre Évangile : Luc 4/12 : « Il est dit : tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur, ton Dieu. »
Autant que vous me manquez tous, mes chères et chers – autant que j’aimerais vous voir, vous embrasser, chanter, prier, rire et simplement être avec vous – autant je sais : Ce n’est pas le temps pour mettre nos vies (et tant d’autres!) en danger.
Prenons plutôt encore un peu de temps ; écoutons Jésus qui dit à la samaritaine : « Crois moi, femme, ce n’est ni sur cette montagne, ni à Jérusalem que vous adorerez le Père… mais l’heure vient, elle est là, où les vrais adorateurs adoreront le père en esprit et en vérité. » Jean 4/22, 23.
Et encore « encore un peu de temps et vous ne me verrez pas, et encore un peu de temps et vous me reverrez » Jean 6/16.
À bientôt ou plus tard mes amies et amis…
C’est la présence des membres de la communauté qui est importante. Quand nous nous réunissons le dimanche pour prier, Jésus est parmi nous. Les murs de l’église ne sont que le contenant de la flamme qui nous anime. Il ne faut pas confondre le corps physique et le corps spirituel de notre communauté.
Cependant, je serai heureuse de me retrouver le dimanche en ces murs…
La présence physique dans l'église lors de nos célébrations signifie beaucoup pour moi : C'est chanter ensemble, écouter la Parole ensemble, se saluer semaine après semaine, échanger quelques propos plus personnels avec l'une ou l'autre personne, partager des gestes exprimant la joie de la fête, le pardon, la paix, l'adoration, l'accueil… En somme, c'est, physiquement et communautairement, marquer notre foi et se soutenir les uns les autres dans notre cheminement par son expression en assemblée, tous autour de la même table, la table de la Parole et du Pain.
« Nous avons été chassés du temple à cause de la Covid19. Quelle signification revêt pour vous le fait d’être présent.e physiquement dans l’église lors de nos célébrations ? »
La fermeture des églises liée à l’épidémie a eu au moins deux conséquences pour nous. Osons avouer la première : un certain soulagement, semblable à celui de demeurer vivant après un hold-up, débarrassés de nos bagages et de certaines contraintes. Mais en second lieu, cela nous a fait à réfléchir au sens de la participation à l’eucharistie. Déjà nous y pensions souvent lorsque Gaston assistait en présentiel, et moi par la pensée, à une célébration à l’étranger. Ce n’est pas pour rien que Teilhard de Chardin a écrit la Messe sur le monde d’abord dans les tranchées de la 1e guerre mondiale puis dans le désert des Ordos en Chine. Ces immensités historique et géographique lui ont fait comprendre la dimension cosmique de l’eucharistie.
La motion intérieure pour rejoindre le sacré est aussi forte ailleurs dans le monde qu’au sein d’une fraternité locale. Nous avons expérimenté l’incarnation de la foi dans les visages et les attitudes : voir prier ensemble des gens de tous âges et toutes origines à Lourdes ou à l’Oratoire Saint-Joseph, écouter à St-Albert jouer Anne sur son violoncelle, chanter la communauté d’un seul cœur, entendre Gisèle, Monique, Christine, Geneviève et les autres lire la Parole ou les intentions, ce fut plus d’une fois, émouvant aux larmes. Et que dire de l’accueil chaleureux dès l’arrivée de Silvia, Marlene et Cie ?
Mais la grande prise de conscience de la profonde réalité d’une présence physique aux célébrations de St-Albert… c’est l’absence actuelle remplacée par deux éléments insoupçonnés auparavant :
- La méditation de l’évangile et son expression fraternelle, suscitées par la question toujours pénétrante du comité de liturgie.
- La liturgie, conseillée pour le dimanche, que nous célébrons en couple. Cette lecture priée nous fait mesurer la profondeur des paroles prononcées et espérer qu’un jour nous puissions à nouveau y participer avec nos corps dans la convivialité de la présence des autres.
Et si ce confinement était un dé-confinement de nos vieilles habitudes ?
La pandémie nous a obligés à suspendre nos rencontres dominicales. Ceci est l’occasion de resituer ces rencontres dans le contexte plus large de notre spiritualité, et coïncide avec la notion récente « d’Église en sortie ». Quelle est la valeur ajoutée de nos rencontres à l’église ?
Le passage de l’évangile du jour (Jn 2, 13-25) nous raconte la « Sainte colère » de Jésus qui chasse ceux qui ont transformé la maison de son père en lieu de commerce. Jésus reconnaît l’importance du Temple, non pas le bâtiment lui-même qu’il peut reconstruire en quelques jours, mais sa signification comme lieu de rencontre avec Dieu dans un contexte de solidarité.
Ainsi en est-il pour nous, l’église est un point de convergence de notre communauté priante pour partager la Parole, mais elle est aussi le lieu de la Communion Eucharistique qui raffermit notre proximité au Seigneur. Elle nous permet de nous rencontrer, d’échanger et de renforcer notre sentiment d’appartenance à la Communauté Chrétienne St-Albert-le-Grand. En cela, nos célébrations dominicales viennent appuyer, mais ne remplacent pas notre cheminement d’approfondissement spirituel.
C’est quand on en est privé que l’on ressent l’importance et la signification de pouvoir se rassembler dans un lieu pour célébrer… J’ai besoin du support de la communauté pour ma vie spirituelle. Je trouve nécessaire la dimension horizontale de la célébration (entre les membres) pour essayer d’accéder à la dimension verticale (la présence de Dieu). Je n’y arrive pas à la maison… De plus, en tant qu’immigrante, la communauté chrétienne St-Albert est comme une famille pour moi, et j’y retrouve des ami-e-s qui se rassemblent dans la même maison, en partageant une foi commune.
Nous vivons avec un virus insaisissable qui semble vouloir disparaître et qui soudain se transforme pour continuer sa course folle autour de la planète, nous rendant impuissants. Pas tout à fait quand même!
Nous ne sommes jamais seuls, même dans le désert social et relationnel où nous nous trouvons. Je dirai que c’est plutôt un calme inhabituel.
Pour ma part je m’y suis habituée, ceux et celles que j’aime, que je connais, peuplent mes pensées, réflexions, prières, sont dans de futurs projets, les bonheurs passés, les joies, les moments heureux resurgissent encore plus présents.
Le désert, où Jésus est mis à l’épreuve, est une image qui me guide, le Pape François offre ses messages d’amour, de paix en Irak. Il expose au monde, et il incarne une force de persuasion qui n’est pas celle des armes. Magnifique et réconfortant.
Mais, aller à l’église, m’apporte autre chose. C’est une émotion, d’abord ouvrir la lourde porte en bois, c’est un passage, pour accéder à un lieu sacré. Puis je suis accueillie, je dirais même mieux, je suis attendue, je ressens une plénitude.
Je dépose tout ce que j’ai dans mon cœur, et d’où je suis je vois tout le monde…
La présence physique, c’est tout le corps qui prie et chante, qui se nourrit, et qui partage. De voir d’autres personnes connues ou pas me donne une nouvelle énergie, je repars dans un état de complétude, et la liturgie va accompagner toute ma semaine.
Ce qui donne lieu à des discussions interminables au téléphone, avec une amie!
"Une phrase de nos chants du dimanche résonne particulièrement en moi depuis toujours et me rejoint au cœur : "Toute présence est un sacrement de Dieu."
Sacrement : ce qui nourrit, ce qui fait vivre…
Dans les commentaires de ce jour sur cette page, chacun, chacune a si bien décrit ce que signifie pour lui, pour elle, cette présence que je ne peux que renchérir. Et en même temps, vos "partages" me sont une présence "autre", presque intime parfois, et à cause (ou grâce!) à cette pandémie, je me sens éclairée, élargie, enrichie par vos mots. Quelle plus belle façon de faire communauté autrement! Merci pour toute cette générosité.
Je souhaiterais pourtant que la courtepointe de notre communauté s'élargisse sur cette page. Sans vous, elle n'est pas complète, vous me manquez…
Il reste que j'attends le jour où nous pourrons nous voir EN VRAI ! Quel beau jour ce sera…"
Quelle signification revêt pour vous le fait d’être présent-e physiquement dans l’église lors de nos célébrations ?
Rendre la communion vivante et la présence du Christ palpable et les partager avec d'autres croyants
Témoigner, conforter et se réjouir de nos fois.
Se rappeler les paroles et les gestes de Jésus-Christ pour mieux les entendre et les vivre.