J’aime cette traduction : le cep et les sarments (plutôt que la vigne et les sarments). Elle montre très bien comment Jésus est le tronc et comment nous nous rattachons à lui, quelle que soit notre appartenance religieuse… Et le cep s’enfonce dans la terre nourricière, d’où monte la sève qui permet aux sarments de porter du fruit… Ce cep qui s’enfonce dans la terre nourricière, n’est-ce pas la relation qui unit Jésus à Dieu ? Et nous participons à cette relation du fait d’être rattachés à Jésus…
« Demeurez dans mon amour et vous porterez du fruit en abondance. »
Voici une phrase, dont la signification se dévoile progressivement au fur et à mesure qu’on la répète, mais surtout qu’on la pratique.
Mes journées commencent tôt dans un espace de méditation et de réflexion. Le Tai Chi matinal me permet de m’éveiller doucement et de m’ouvrir à la grâce de la nouvelle journée. Puis, la lecture quotidienne des textes, célébration de la Parole, ainsi que des méditations, nourrissent cet espace intérieur et me permettent d’aborder avec sérénité, curiosité et intérêt les actualités du jour et ma liste de tâches à accomplir.
Cette pratique quotidienne me fait comprendre l’importance de la liturgie des heures, chère aux communautés monastiques, et réaliser que tous les moments de la vie participent d’une prière continue où l’abondance de la vie se manifeste, en dépit des difficultés et des souffrances inévitables. En somme, il n’y a pas de discontinuité entre prière et vie quotidienne, car tout ce que nous vivons, toutes les interactions humaines vécues pendant une journée, sont autant de manifestations de l’amour de Dieu, perçues à travers le prisme de notre intériorité.
La puissance de la prière, qui s’accompagne parfois d’incantations répétitives, apparaît dans toutes les religions. Car ne faut-il pas apaiser l’esprit pour le rendre réceptif à l’abondance du cœur ?
Il y a quelque semaines on lisait “ mes pensées ne sont pas vos pensées, mes chemins ne sont pas vos chemins ” et on se demandait si on pouvait, de temps en temps, accéder aux chemins et aux pensées du Seigneur. Je pense que c’est possible d’atteindre cette autre dimension et c’est alors que, lorsqu’on demeure en Lui et que Ses paroles demeurent en nous, ce que nous demanderons nous sera accordé, parce que ces demandes seront selon les pensées du Seigneur.
"Demeurez dans mon amour et vous porterez du fruit en abondance". Comment cette invitation me rejoint-elle?
Encore une fois, je suis reconnaissante à l’équipe de liturgie de proposer une réflexion sur un thème qui m’habite quotidiennement. « Demeurez dans mon amour et vous porterez du fruit en abondance » rejoint « sans moi vous ne pouvez rien faire » ou le passage obligé par la porte étroite qui exige d’être petit pour pouvoir entrer. Mais comment pouvoir rester petit dans l’amour alors qu’on s’égare si souvent ?
Crier « au secours » chaque fois que l’on s’égare en dehors du courant de la Vie, de la sève de la vigne, de l’attitude d’ouverture au prochain, d’une pensée positive ? Alors, tout le reste est donné « par surcroît » sans même que l’on s’en aperçoive.
Ceci dit, il m’arrive souvent de ne pas pouvoir crier/prier directement vers le Grand Mystère intérieur et de demander assistance à ses saints, selon les circonstances.
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« Demeurez dans mon amour »
Pour construire cette demeure invisible avec les aléas du temps, Gaston s’accroche à l’apprentissage quotidien de la prière des heures, comme Renaldo. Pour le moment, ce sont les heures du matin (Laudes) et celles du soir (Complies) qui lui permettent de relier au mieux à cet Amour infini les mouvements du jour et de la nuit, du repos et de l’activité, de sa vie personnelle et sociale. Une prière Micmac[1] aux quatre coins cardinaux rappelés par la course du soleil l’aide aussi à situer et saluer la dimension cosmique et évolutive de cette demeure mystique.
[1] Lue à Langres par un chef Micmac en mai 2002 dans le cadre d’un colloque organisé par Langres-Montréal-Québec autour de Jeanne Mance en sa ville natale. Introuvable par nous sur internet.
" Demeurez dans mon amour et vous porterez du fruit en abondance. "
C'est en effet de me savoir aimée comme personne ne l'avait jamais fait auparavant qui m'a donné la piqûre , le désir de m'engager sur un chemin de foi.
Cet amour reçu m'a amenée à aimer l'autre à mon tour sans autre raison que de partager l'amour reçu sans condition, gratuitement.
Rien n'est gagné, rien n'est mérité, tout est offert.
Et les fruits, dans tout cela ?
Les fruits vont découler tout naturellement de cette nouvelle façon d'être au monde.
La plupart du temps, ceux-ci se manifesteront à notre insu.
De même que je reçois une pluie de bénédictions de la part de quelqu'un qui ne s'en aperçoit même pas, de même l'Esprit me fera le cadeau d'avoir pu aider quelqu'un sans m'en être aperçue au moment même.
Donc… Encourageons-nous les-uns les-autres, nous en avons tellement besoin.
N'est-ce pas ?
Le courage d'accepter d'être accepté.
En méditant le texte proposé et en lisant vos commentaires, j'ai eu le goût de retrouver un passage d'un livre [1] pour mieux m'en imprégner. Le titre du chapitre est "Le courage d'accepter d'être accepté". Je vous en cite quelques phrases ci-dessous.
La nuit qui précéda sa mort, Jésus pria son Père pour les siens : "Tu les as aimés comme tu m'as aimé […] Je te prie pour que l'amour dont tu m'as aimé soit en eux" (Jn 17, 23-26). Il semble incroyable que Dieu nous aime tout autant qu'il aime son fils, Jésus-Christ. C'est pourtant exactement ce que dit l'Écriture. […]
Quand on lit les dialogues de sainte Catherine de Sienne, on a l'impression que Dieu n'a rien d'autre à faire que de s'occuper de Catherine. Et c'est vrai. Dieu lui consacre toute son attention, ainsi qu'à chacun de nous.
[Le théologien Paul] Tillich définit la foi comme "le courage d'accepter l'acceptation", et il veut dire l'acceptation de la part de Dieu. On peut penser qu'une telle foi ne demande guère de courage. Cela peut, au contraire, sembler agréable et facile. Mais c'est du courage qu'il faut, et bien souvent c'est le courage qui manque.
[1] Comme le pain rompu, Pierre Van Breemen, 1978, pp 14-15
Demeurez dans mon amour et vous porterez du fruit en abondance.
Pour moi, cette invitation est une des plus réconfortantes et aussi des plus fondamentales du message de Jésus. Espérer demeurer dans son Amour, être nourri.e de sa Vie, n’est-ce pas notre espérance la plus profonde ? J’aime tellement l’image que nous en donne Monique « Et le cep s’enfonce dans la terre nourricière, d’où monte la sève qui permet aux sarments de porter du fruit ». C’est aussi l’image d’un grand amour vécu qui, même sans que l’on comprenne trop, « nous donne des ailes ».
Et cette promesse de porter alors du fruit en abondance, c’est aussi pour moi la libération de trop vouloir « bien faire », en ne comptant que sur moi, mes forces, ma volonté… « Let go, let God » selon cette jolie expression anglaise. J’aime aussi cette phrase de frère Aloïs : Peut- être ne faut-il pas tant « faire plus », mais plutôt ou tout autant « aimer davantage ». Oui, que je te laisse être Dieu dans ma vie, et alors mon âme se repose sur la Source qui me fait donner du fruit.
Quand j’oublie trop qu’il existe des grands bras sur lesquels prendre appui, j’aime me rechanter cet air de Taizé « Mon âme se repose en paix sur Dieu seul ».
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