L’Évangile de Matthieu (Matthieu 21, 33-43) est un message d’espoir pour nous chrétiens qui voyons nos croyances ignorées, de moins en moins enseignées, nos jeunes devenir insensibles aux richesses de notre foi. Avons-nous vraiment été les mauvais vignerons de l’Évangile ? Dans quelle mesure avons-nous contribué à cette situation ? Mais Dieu ne laisse pas mourir sa vigne. Elle renaîtra avec d’autres vignerons ou dans un terrain moins indifférent ou moins hostile. Elle ne peut pas mourir, et c’est là le message qu’il nous envoie.
Car la vigne de Yahvé, c’est la maison d’Israël, (Isaïe 5,7). C’est nous, c’est aussi le message qu’il nous a envoyé par son Fils et que nous pouvons retrouver chaque jour dans les Évangiles et dans notre cœur.
Je suis fascinée par le chemin suivi par la Vie depuis le big bang, pour arriver jusqu’à aujourd’hui. Elle a d’abord dû trouver dans le magma initial les ingrédients nécessaires à son existence, puis elle s’est développée à partir d’une simple bactérie, par des stades multiples, pour devenir une flore et une faune diversifiées. Elle a résisté à tous les cataclysmes, chute de météorites, glaciations, réchauffement extrême, séismes, éruptions volcaniques… Elle s’est toujours relevée, a poursuivi sa route sans relâche jusqu’à aujourd’hui, nous permettant de voir aussi ce qu’il y a de beau dans le monde… Et je fais le parallèle avec ce qui m’arrive dans ma vie, où j’ai pu poursuivre mon chemin, malgré les catastrophes, et ressentir ce qu’il y a de bon autour de moi… Est-ce Dieu qui est à l’œuvre ?
Ce samedi, une amie me demandait si cela ne me coûtait pas trop de ne pas aller à la messe : pas la chaleur humaine de la célébration, pas de rencontres, même seulement visuelles, pas de chant, pas d’orgue, pas de cette indéfinissable atmosphère de sacré, reçue dans le mélange de silence, de musique et de parole lue. Cela m’a fait penser à la réflexion d’une autre amie : « mais pourquoi donc vas-tu à la messe ? »
Maintenant, la Vie nous contraint à mesurer les contours et le volume du manque. De plus, elle nous donne un magnifique cadeau : cet échange autour d’une méditation commune. À travers ce détour, elle se faufile dans nos habitudes et nous oblige à les repenser en sortant de la routine et proposant une méditation hors des chemins habituels.
L’amie de ce jour ne s’y est pas trompée. Elle dit : « ça donne à penser ! » et embraye tout de suite dans la réflexion proposée en suggérant : la vie, c’est la création continue, l’imagination au pouvoir. Elle déborde la vie individuelle. Cette Vie inclut la mort, les naissances, les renaissances. Elle nous dépasse infiniment.
Croire que la vie continue après la mort car notre corps, un corps, le nôtre, n’est qu’une micro parcelle de la Vie où vole l’âme qui s’en échappe. Mais la vie continue à travers tout ce qui vit, visible ou invisible.
La lente valse transformatrice des saisons nous rappelle la puissance du souffle vital sous toutes ses formes. « Au commencement… l’esprit de Dieu planait sur les eaux. » (Gn 1, 1)
Cette pandémie, un peu comme les deux grandes guerres au siècle dernier, ou les épidémies de peste en d’autres temps, éprouve notre résilience et notre capacité d’espérance.
Mais « la vie est plus forte que tout ». Résistons aux ténèbres, accrochons-nous au chant des oiseaux. N’entendez-vous pas cette hymne à la vie ? « Toutes les œuvres du Seigneur, bénissez le Seigneur : à lui haute gloire, louange éternelle! » (Dn 3, 57) Le mystère nous habite et nous enveloppe, la création de Dieu n’en finit pas de nous étonner, de l’infiniment petit à l’infiniment grand. L’Univers n’est-il pas en expansion ?
Alors que, derrière nos masques, la diminution de socialisation nous pousse vers l’intérieur, le besoin d’un guide se fait encore plus pressant. St-Patrick avait vu juste dans sa célèbre prière, « …le Christ avec moi, le Christ devant moi, le Christ derrière moi, le Christ en moi… ». Il est vraiment notre « pierre angulaire ».
Le propriétaire laisse ses vignerons travailler en toute liberté et en toute confiance, à tel point qu’il n’hésitera pas en dernier recours à envoyer son fils vers eux.
Mais le désir de possession était bien plus fort que le respect dû au fils.
Après les serviteurs, les vignerons tuèrent le fils.
Hommes sans foi ni loi : ils ont tué l’héritier et perdu l’héritage.
Chaque jour que Dieu fait est une partie de l’héritage reçu en venant au monde.
Et que va-t-il se passer pour les enfants dont la mère est partie en criant au secours ?
Ils vont devoir apprendre à nommer autrement le vide, mais comment ?
L’héritage d’une mère est sacré, il s’accroche au cœur, il est dans le sourire, il est dans les bras ouverts, les mains tendues, et les regards qui parlent en silence.
Ces mille gestes répétés à l’infini au long d’une journée sont pour les petits comme des aimants…
Le 21 août 2016, j'ai prononcé une homélie sur ce texte.Pour voir le texte, cliquer ici.