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Communauté chrétienne St-Albert le Grand



 

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Commentaires pour le 23e dimanche du Temps Ordinaire

« Trouvez--vous difficile de vous " raccorder " ? »

6 septembre
2020


Françoise Deroy-Pineau, en accord avec Gaston Pineau       
      

Pas facile de répondre à cette question. Se raccorder suppose un accord préalable brisé par un désaccord. Mais sur quelles bases était établi l’accord préalable ? Une entente ponctuelle masque souvent des perspectives différentes. On s’en aperçoit, et c’est la rupture.    
Il y a des personnes avec qui c’est facile – en fait ce n’est jamais très facile – de se raccorder, parce qu’il y a de la bonne volonté des deux côtés, par exemple une vision évangélique commune – consciente ou inconsciente.    
Le problème survient lorsque, comme Marie de l’Incarnation l’écrit en substance, il y a un désaccord profond avec des personnes admirables qui ont un réel désir de se conformer à l’Évangile. Et là, ça fait des lunes que je me casse la tête pour arriver à savoir pourquoi on n’arrive pas à s’entendre :   
-        ou ces personnes – ou moi - affichent une volonté évangélique, mais sont déconnectées de leur source ?   
-        ou notre volonté de pouvoir obscurcit la source ?   
-        ou nous sommes enfermées dans une conception de la vie d’une autre époque qui ne correspond pas aux réalités d’aujourd’hui ?    
-        ou la personnalité atypique d’une des parties la fait classer par l’autre dans une catégorie « non fréquentable » ?    
Essayer de comprendre, d’envisager différents points de vue, de dialoguer, ça marche rarement. Dans les meilleurs cas, les accords ne sont jamais parfaits ; des désaccords demeurent. Au pire, on reçoit des commentaires désagréables à croire que les sept péchés capitaux sont réunis dans une même petite personne avec, en prime, la stupidité. À encaisser !  
Donc, remède universel : prier, prier, et encore prier. Essayer d’aimer, de détailler les bons côtés des personnes. Être patient, jusqu’à la fin de son temps, convaincu que, dans l’autre monde, tous ces différends disparaîtront.    


Danuta et Édouard Potworowski

“Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux“.    
Cette déclaration trouve toute sa pertinence aujourd’hui, alors que nous devons repenser nos célébrations en prévision de l’absence de prêtres d’ici dix ans ou moins.       
En fait, c’est plus que simplement nos célébrations que nous devons repenser : c’est toute notre relation avec Jésus, une relation qui deviendra plus directe par la force des choses.    
Alors que la hiérarchie de l’Église semble effrayée par les propositions du pape François d’élargir le sacerdoce, c’est à nous de nous prendre en main. 
Nous avons vraiment confiance que notre Communauté saura faire preuve de leadership dans cette nouvelle façon de vivre notre foi, parce que Jésus sera là, au milieu de nous.      


Renaldo Battista

« Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux ». (Mt 18, 20)
Cette phrase de l’Évangile de Matthieu a toujours eu en moi une résonance agréable et positive. Le rythme et le contenu de la phrase me semblent bien agencés, et nous parlent d’interdépendance et de fraternité dans le partage de la Parole Évangélique et de son application concrète dans nos vies.          
Bien que l’expérience spirituelle soit très personnelle, et prend son envol dans nos jardins intérieurs, l’approfondissement de la Parole et les réflexions qu’Elle suscite, partagées en communauté, comme nous le faisons le dimanche, ainsi qu’à travers ces commentaires, sont également essentiels. Nos différentes compréhensions de la Parole, parfois convergentes et complémentaires, et parfois aussi divergentes, ajoutent à la richesse de ce qui nous a été légué. Appartenons-nous à Paul ou à Apollos ? (1Co 3, 1-9) De plus, la rencontre de l’autre n’est-elle pas ce que propose le deuxième commandement ? (Mt 22, 39)   
A différents moments de nos vies, il nous sera demandé tantôt d’aider l’autre, tantôt d’accueillir l’aide de l’autre. Demeurons disponibles à toutes ces possibilités, comme autant d’occasions de demandes, mais aussi d’actions de grâces au Père, au Fils et à l’Esprit Saint.


Marie de Tarlé

Oui, je trouve difficile de " raccorder " selon les conseils de Jésus.  
Parce que :      
1- reconnaître le péché, le mien, mais aussi celui de l'autre apparaît parfois difficile : m'embarquer à pécher avec lui, sans ou avec conscience, peut sembler facile.      
Je me dirai : "si lui se permet d'agir ainsi, pourquoi pas moi ?", " cela a l'air si simple et sans conséquence "
2- révéler à l'autre son péché demande du discernement, de la force, de l'audace, de la douceur, de la bienveillance et de l'humilité : des aptitudes qui ne peuvent s'exprimer sans appeler l'aide de Dieu, sans rester connecté à Dieu, sans être inspiré de l'Esprit-Saint.   
À prime abord, je penserai plutôt : " de quoi, je me mêle ", " qu'il prenne ses responsabilités, il sait ce qu'il fait ", " je suis qui, moi ? pour lui dire ceci " : je m'en laverai les mains…    
3- faire appel à des amis pour lui rappeler de ne pas pécher : nécessite une attitude humble et courageuse, un choix de bons collaborateurs prêts à partager cette responsabilité de confrontation, de la diplomatie et de la délicatesse… et la certitude de bien agir  
pas facile car cela renvoie à ses faiblesses. Il s'agit alors de se déposer auprès de Dieu et se reposer sur le Christ…
4- donc demander au Père… 
        
Je vous avoue que par facilité, renonçant à mes responsabilités de croyante, j'appliquerai avant tout le dernier conseil : " si deux d'entre vous sur la terre se mettent d'accord pour demander quoi que ce soit, ils l'obtiendront de mon Père qui est aux cieux. ", avant de passer par les étapes précédentes.   
        
Lier et délier les liens avec nos frères sur terre renvoient à nos responsabilités bien humaines, bien terriennes, et celles-ci ainsi que nos actes devraient être posés selon les commandements de Dieu.        
Dans cette parole de Matthieu 18, 15-20, j'entends que Dieu nous autorise à ne pas être complice, ami de tous les actions de ses frères, à être en désaccord, à ne pas côtoyer, et à ne pas raccorder… dans la mesure où après multiples tentatives d'avis, ceux-là n'entendent, ne se corrigent et ne réparent.  
        
Nous sommes appelés à aimer tous nos frères, et distendre le lien avec l'un d'eux à cause de ses péchés peut être un acte d'amour : le premier des commandements n'est-il pas " tu aimeras ton Dieu de tout ton cœur et de toute ton âme " et le second " Tu aimeras ton prochain comme toi-même " ?
        
Mais à partir d'où et jusqu'où puis-je entrer en relation, couper ou raccorder ? Trouver un bon équilibre des relations avec ses prochains demeure un perpétuel questionnement.       
Pourtant avec les préconisations de Jésus dans cet évangile, tout paraît simple, impartial et clair. Le tout est de les appliquer avec discernement ; -) 
        
Toujours est-il, quels que soient nos choix et nos actions, Dieu ne coupera pas le lien avec nous.     


Monique Morval

Je trouve bien plus difficile de me « raccorder » que de pardonner… Bien sûr, le pardon est une première étape, mais la réconciliation demande plus d’effort… Il en reste toujours une cicatrice et la relation ne sera plus jamais la même. Je garde une certaine méfiance envers la personne qui m’a blessée… La question pour moi serait plutôt : Jusqu’où suis-je capable de me raccorder ?


Annie Laporte

Pour sa communauté Matthieu dans ce texte rappelle ce que Jésus donne comme marche à suivre pour délier des problèmes. (C'est le voir, juger, agir de l'action catholique).  
J'observe qu'au chapitre 16 Jésus donnait la responsabilité à Pierre : tout ce que tu lieras… et délieras et au chapitre 18 la responsabilité est donnée à toute la communauté : tout ce que vous lierez… et délierez.
C'est devant cet accord que ce qui est demandé dans la prière sera accordé.      
En contexte problématique de pandémie comment nous, faisant partie de la communauté chrétienne, allons continuer à délier des problèmes et à tisser des liens entre nous ? 


Claudine Combeaud

Dans les moments de doute, les moments de désaccord, ce sont les mots « miséricorde divine » qui surgissent dans mon esprit. Cette énergie permet de montrer, et de donner des solutions plus acceptables : sortir du conflit pour éviter l’affrontement, offrir une autre vision de la réalité, revoir l’importance des faits et des mal- entendus.    
Mais c’est quelquefois impossible d’y voir clair pour permettre la même chose à l’autre.      
L’amour me guide au moment présent et dicte mes paroles ; par la voix et les mots, l’écoute et les actions, je perpétue la relation, je renforce le lien.             
Ce que je veux sauver est ce lien, même tout petit, et je lui accorde une grande importance.  
Le lien brisé est difficile à raccorder, et peut-être que le désaccord vient moins de la personne que de la qualité de la relation qu’il faut préserver.           
La relation est à la base de notre humanité, aimer son prochain comme soi-même est déjà un premier pas.  
Suivre Jésus dans sa miséricorde comme exemple d’Amour, se rappeler que le Père est lié à nous à jamais.