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Communauté chrétienne St-Albert le Grand



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Commentaires pour le 19e dimanche du Temps Ordinaire

Est-ce que je fais assez confiance à Jésus pour me lancer à sa suite ?

9 août 2020


Édouard Potworowski

Le genre de conversations que les humains ont avec Dieu est d’une importance capitale et d’une variété infinie ; tant l’ancien que le nouveau testament en sont pleins d’exemples.
Dans l’évangile d’aujourd’hui, Pierre commence à marcher sur les eaux, puis se met à douter et s’enfonce. Sa prière est un cri de détresse, un appel au secours. C’est une forme de prière courante quand on est dans une situation désespérée. On se tourne vers Dieu et on lui demande de “faire quelque chose et vite”. C’est légitime, je suppose, mais ça ne vole pas très haut.   
En remontant dans la hiérarchie, on retrouve la prière de Salomon que nous avons discutée il y a deux semaines : “Donne-moi, Seigneur, la sagesse de connaître ta volonté”
Et tout en haut, il y a la conversation que Élie a eu avec Dieu, relatée dans notre première lecture. Élie sort de la caverne seulement lorsqu’il entend la brise, et il attend. Dans le verset qui suit la lecture d’aujourd’hui, c’est Dieu qui prend la parole.       
Être attentif à sa Parole est surement la plus haute forme de contact avec Dieu.  


Renaldo Battista

Ce récit énigmatique de « la marche sur les eaux » (Mt 14, 22-33) est une magnifique allégorie sur la foi et le doute. La scène se déroule « vers la fin de la nuit » alors que Jésus est perçu par ses disciples apeurés comme un « fantôme ». Sommes-nous dans le monde du rêve ? Là où la foi prend tout son envol au contact du subconscient, qui seul peut appréhender la dimension non rationnelle du divin. L’expérience de foi est globale et holistique. Elle est intuition profonde et contemplation. Elle est aquatique par le bien-être qu’elle procure. Moïse ne fut-il pas « sauvé des eaux » ? (Ex 2, 1-10). Elle rappelle les neuf premiers mois de vie bercée par les flots amniotiques. Ce bien-être que l’on retrouve chaque fois que l’on se glisse dans l’eau soyeuse d’un lac par un beau matin d’été.

Mais voilà que Pierre s’élance sur la mer, confiant sur ce chemin de foi, et soudain il s’enfonce, il panique, il doute et doutera à nouveau quand le coq chantera. Ceci ne l’empêchera pas de devenir ce roc sur lequel s’érigera l’Église Universelle. « N’ayez pas peur » dit Jésus à ses disciples alors qu’il approche de leur barque. N’ayons pas peur de nos doutes. Assumons-les comme autant d’incitatifs à propulser plus avant notre foi sur une voie de maturité, et à la reconnaître dans les moments les plus inusités, tel Élie qui entendit le Seigneur « dans le murmure d’une brise légère » (1R 19, 12).


Annie Laporte

"Faire assez confiance !" Les récits m'amènent à me poser la question d'où vient la confiance ?  
La confiance se reçoit de personnes aimantes et attentives.          
La confiance se gagne dans le risque.    
La confiance s'offre dans le soutien.       
Quel est le poids de la confiance ? Son poids est la force intérieure de l'amour accueilli et partagé. Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aiméEs".       
Je ne pense qu'aux habitants de Beyrouth qui sont à la merci de la confiance à recevoir des humains aimants pour contacter leur force intérieure de vie.  


Martine Lalinec

Faire confiance ? L’être jeune cherche confusément à trouver sa voie. Parfois, il suit le modèle de ses parents, parfois il veut envisager de regarder ailleurs, ses parents étant souvent assimilés à un « autre monde ». Mais l’avenir est toujours difficile, incertain. On a besoin de regarder quelqu’un, d’avoir confiance, ou de connaître, voire joindre, une idéologie ou religion autre que celle de son enfance. Je me suis moi-même intéressée, brièvement, au communisme, puis au bouddhisme que j’admire toujours. On apprend beaucoup en regardant ailleurs.     
En définitive, pourquoi revient-on toujours à Jésus ? Il y a quelque chose de fascinant dans sa personnalité qui brille encore à travers les siècles. Il a fasciné tant de personnes à son époque que les autorités locales craignaient un soulèvement et ont voulu le faire taire : Ils l’ont donc tué ! sans réaliser que son influence grandirait bien au-delà de leurs craintes. À l’époque actuelle, pourquoi attire-t-il encore autant de gens ? Si j’essaie de répondre à cette question, je dirais qu’il est un phare dans notre époque troublée. Il attire à lui sans proposer de doctrine politique ou religieuse. Son programme ? Il est résumé dans le Sermon sur la Montagne et les Béatitudes. Je ne crois pas qu’on puisse contredire cet admirable texte. Nous savons que ceux qui recherchent la bonté, la paix, la justice, la compassion et le partage sont plus heureux que les autres, car le don de soi sème le bonheur. Le Christ nous réconforte aussi dans nos peines : c’est un frère qui est près de nous dans les épreuves de notre existence et nous soutient quand nous faiblissons, et nous redonne confiance dans nos forces, comme il le fait pour Pierre lorsqu’il marche sur les eaux. Vers qui d’autre irions-nous, Seigneur ?        


Monique Morval

Bien sûr que j’ai peur ! Peur de m’être trompée, peur que l’on m’ait trompée… Cela prend une sacrée dose de confiance pour oser se lancer à la suite de Jésus. C’est tout un défi à relever, un pari à renouveler régulièrement… Je me sens bien proche de Pierre quand il se met à douter, et je préfèrerais peut-être rester dans la barque à l’abri de la tempête !  


Gaston Pineau

« Est-ce que je fais assez confiance à Jésus pour me lancer à sa suite ? » 
Mission impossible sans l’aide de l’Esprit.    


Françoise Deroy-Pineau

Oui, je suis entièrement d’accord avec Gaston… Et les autres. Mais la formulation de la question me plonge dans l’embarras. Dès qu’on parle de « Jésus » je suis très mal à l’aise. Dès mon enfance, j’ai préféré le Prologue de Jean aux bondieuseries du catéchisme, l’expression « Verbe incarné » à un « Jésus » imaginaire à l’eau de rose. Faire confiance au Grand Mystère fait homme, au Verbe incarné tel qu’il est rendu présent par les évangiles. Mais Il est tellement grand et insaisissable, que je ne peux prononcer son nom qu’avec crainte. Une confiance à l’infiniment profond et, en même temps, si proche.  


De la part d'Annie Tard

Ce matin, Annie Tard nous a longuement téléphoné.     
Nous avons envisagé sa participation aux commentaires, mais le temps qu’elle connaisse et médite la parole du dimanche, me dicte quelque chose et que je lui soumette un texte à approuver dépasse largement la semaine.       
Son partage est donc silencieux… et confiant.        
        
Bien amicalement,   
        
Gaston et Françoise   


Marie--Pierre Paris

Ici, en France, c'est la canicule et je profite d'un temps de repos pour me pencher sur la question proposée par le Comité de liturgie concernant l'évangile de ce 19ème dimanche ordinaire, Matthieu (14,22-33).     
"Est-ce que je fais assez confiance à Jésus pour me lancer à sa suite ?"    
Je viens de fêter mes 59 ans et je réalise que mon chemin de foi n'est pas un long fleuve tranquille, un chemin de randonnée, bien agréable, un sentier verdoyant montant tout doucement et sûrement vers la montagne de Dieu.        
Bien au contraire, ma vie avec le Seigneur est jalonnée de hauts et de bas, relevant plutôt des montagnes russes, après des moments de grande joie succèdent bien souvent des périodes de profond désespoir. Tout ceci semble tellement imprévu. Je ne sais pas si cela est dû à mon caractère, je fais partie des 30 % de la population dite hypersensible. Ce trait de caractère lié à ma grande faiblesse a certainement contribué à cette quête de Dieu, cet amour immense dont j'ai sans cesse besoin.  
"Viens ! N'aie pas peur". Tu parles, quand je suis dans le creux de la vague qui me submerge comme Saint Pierre (mon Saint patron), je m'appelle Marie-Pierre, quand j'ai peur pour un de mes fils qui chevauche à présent une grosse moto, quand je suis en voiture à côté de mon fils Charles, le benjamin qui roule comme un fou tandis que je prie son ange gardien et que je pense à ma pauvre maman qui est décédée de peur (elle a fait une crise cardiaque) tandis que Papa et elle traversaient un orage terrible et que leur pauvre voiture n'a pas vu un camion qui venait en face. Comment ne pas avoir peur après tout cela ?        
"Fais confiance au Seigneur, il t'écoutera, fais confiance au Seigneur, il t'exaucera."    
"Est-ce que je fais assez confiance à Jésus pour me lancer à sa suite ?"    
Saint Pierre descendit de la barque et marcha sur les eaux pour aller vers Jésus. Sa foi est très grande, il a reconnu Jésus et veut le retrouver et arrive comme lui à marcher sur les eaux, extraordinaire ! mais cela ne dure pas, voyant la force du vent, il eut peur mais Jésus ne le laisse pas s'enfoncer, il étend la main et le relève. Le vent, la bourrasque, les éléments qui se déchaînent. Notre foi est bien mise à l'épreuve mais seul le Seigneur peut nous sauver ". Quand je franchis les ravins de la mort, je ne crains aucun mal car tu es avec moi, ton bâton me guide et me rassure, le Seigneur est mon berger, rien ne saurait me manquer" Seigneur, Sauve-moi, dans le néant de la mort que nous traverserons, notre cœur criera cette prière et nous avons tous un petit bout de foi pour appeler au secours, pour hurler au cœur de la nuit  afin que le Christ Sauveur saisisse notre main traversant avec nous les ravins de la mort afin de nous conduire aux joies éternelles.
Un moine me disait un jour : "vous savez l'important, c'est l'heure du passage car le Christ Jésus a besoin de notre Amen ,de notre confiance totale pour nous sauver".
Quelques jours avant la mort de mon cher Papa, je lui ai demandé, "Où vas-tu ? Il m'a répondu d'un air visiblement contrarié, comme si je ne savais pas "  je vais voir Marie" Je lui ai répondu : "La Vierge Marie"," Bien sûr m'a-t-il dit avec fermeté".Et que lui diras-tu à la Très Sainte Vierge Marie ?" Il m'a répondu : " Je ne lui dirai rien, mon cœur parlera pour moi". Quelques jours plus tard, Papa est mort dans mes bras, les yeux grands ouverts, sans dire un mot. Mais je suis convaincue que son cœur a parlé pour lui.
"Bien sûr que j'ai assez confiance pour te suivre Jésus, pour me lancer à ta suite, d'ailleurs vers qui irions-nous, Seigneur, tu as les paroles de la Vie Éternelle ?"     
Bon dimanche et bonne route au gré des flots.


Antoine Paris

La vie semble souvent un désordre, un chaos partant dans de multiples directions, où les événements imprévus s’ajoutent aux événements imprévus. Un chaos qui vient d’on ne sait où. (Est-ce la volonté de Dieu ? Ce chaos vient-il plutôt d’une puissance mauvaise ? Est-ce simplement notre condition d’humains de vivre dans des événements en tempête ?)  
Les textes de ce dimanche mettent en scène ce désordre, mais sans l’expliquer. Le narrateur du Premier livre des Rois est certain que « le Seigneur n’était pas dans l’ouragan », que « le Seigneur n’était pas dans le tremblement de terre », que « le Seigneur n’était pas dans ce feu ». Mais il n’explique pas pourquoi c’est « à l’approche du Seigneur » que la terre est bouleversée par ces phénomènes.  
De même, la mer de Galilée est battue par un vent violent, mais l’origine de celui-ci est mystérieuse. On ne sait pas pourquoi, ce jour-là, « le vent était contraire ». Et impossible de savoir pourquoi, à la fin du récit, « le vent tomba ». Ce vent semble accompagner Jésus marchant sur les eaux, tout comme l’ouragan, le tremblement de terre et le feu accompagnent « le murmure d’une brise légère » qui fait sortir Élie de sa grotte. Mais, dans un cas comme dans l’autre, l’origine des phénomènes reste énigmatique.    
Peut-être que toute manifestation de Dieu et de Jésus est toujours environnée d’éléments qui nous font peur. 
Peut-être que, pour atteindre Jésus, il faut passer par la conscience de notre fragilité, la conscience que nous sommes une chair susceptible d’être emportée par le vent, écrasée sous les rochers, brûlée par les flammes, la conscience de notre manque de prise sur le monde : accepter de voir tous nos chemins comme posés sur la frêle et mouvante surface des eaux.     
Pourtant, ce n’est pas le fait de marcher sur les eaux qui fait peur à Pierre. Pierre a peur du vent : « voyant la force du vent, il eut peur ». Il n’a pas peur de sa propre fragilité, mais peur d’une puissance toute proche de lui.         
Peut-être que pour atteindre Jésus, il faut toujours se frotter à une puissance mystérieuse, celle de Dieu, celle de l’esprit, qui souffle « où il veut » et dont les manifestations peuvent nous paraître capricieuses (« le vent était contraire », « le vent tomba »).     
On ne sait pas de quoi Pierre « a douté » dans le moment où il commence à enfoncer. Ce doute naît d’un échange muet entre lui et le vent qui l’entoure.
Et pourtant il a assez confiance à Jésus pour, dans ce moment où la peur le submerge, crier vers lui. Pour croire qu’au milieu de ce vent, Jésus se tient comme « le murmure d’une brise légère », comme la silhouette de Dieu après l’ouragan, le tremblement de terre et le feu : « Seigneur, sauve-moi ! »       
Je voudrais croire aussi que, comme Pierre, notre confiance en Jésus peut être plus grande que nos peurs des mystères du réel et de Dieu, plus grande que notre « peu de foi ».     


Annie Rémondière-Tard

Je suis une fidèle de St-Albert, paroissienne des messes du dimanche célébrées par André Gignac. Comme par hasard, ses homélies épousaient les questions du jour et appelaient des commentaires, mais nous ne partagions pas.       
Votre vie de groupe m’a immédiatement séduite. Merci de m’accueillir car je puis vous dire que, malgré mon âge avancé, je n’ai pas engrangé dans ma vie quelque vérité qui ne touche au cœur de la part de notre Église. La profondeur et la sincérité des réflexions m’ont rappelée à l’humilité. A la suite des textes de Matthieu, j’ai vu que j’étais sur un chemin pierreux et que le bon grain n’a jamais eu le temps de germer. L’apparence m’a joué des tours. Je ne sais comment devenir ce terrain fertilisé par la parole de Jésus. Je sais que j’ai fort à faire pour éliminer les grosses pierres à la suite de Jean-Baptiste.


Jean-Robert Derome

Est-ce que notre communauté St Albert fait assez confiance à Jésus pour se lancer à sa suite ? 

Une fois par année, je reprends la lecture agréable du texte fondateur de notre communauté écrit par Monique Morval et Jean Duhaime.

Je ne saurais trop vous recommander de faire de même. Dans ce texte, nous retrouvons ce que nous sommes en tant que communauté.

Curieusement, malgré le fait que le lien vers ce texte figure en première page de notre site web, je crois que peu de personnse s'y réfèrent.

Dommage, car ce vieux (?) texte est plein de sagesse et en ces temps de pandémie, il nous aide à passer aux travers ces moments difficiles.

Le titre de ce texte : Une recherche de foi, vécue communautairement.