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Commentaires pour le 18e dimanche du Temps Ordinaire

Comment accueillir l'abondance de Dieu ?

2 août 2020


Françoise Deroy-Pineau et Gaston Pineau

Comment accueillir l'abondance de Dieu ?  
En ce début août, l’abondance explose dans le potager, comme une multiplication des pains. N’en déplaise aux viandes savoureuses d’Isaïe, notre abondance est végétarienne. Mais ce qui nous frappe le plus, c’est l’abondance des facettes de l’amour que rien ne peut détruire selon Paul : « Ni le présent, ni l’avenir, ni les forces cosmiques d’en haut, ni les forces d’en bas, ni aucune créature au monde » (Cf la nouvelle traduction de la Bible, Bayard/Mediaspaul, 2001, p.2489) … Même pas Trump, ni Poutine, ni la COVID, ni le réchauffement climatique. « Rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu. » Comme le dit Lorraine Caza quelque part dans sa biographie : « Dieu sur-exauce nos prières. »  
Ouais… On voudrait bien le croire à chaque instant. Accueillir l’abondance, accueillir la confiance contre vents et marées, orages et déceptions. Un programme jamais fini !


Édouard Potworowski

Je ne suis vraiment pas à l’aise avec les miracles. C’est sans doute pourquoi j’ai adopté une version alternative de la multiplication des pains. J’ai oublié où je l’ai entendue mais comme elle est peu orthodoxe ça pourrait bien être à St Albert ! La voici :   
La conversation entre Jésus et ses disciples aurait été entendue par les autres qui auraient sorti la nourriture qu’ils avaient apportée et l’auraient partagée entre eux. Ça enlève bien sûr la magie du miracle, mais ça crée en revanche la magie d’une foule transformée en communauté par un acte de partage et de solidarité. Ça souligne aussi le fait que la volonté divine se réalise souvent par les gestes que posent les gens attentifs à la Parole.


Renaldo Battista

Le récit de la multiplication des pains est certainement parmi ceux les plus connus de la vie de Jésus puisqu’il répond à l’un des besoins fondamentaux de l’être humain, la faim. En effet, ce récit, avec quelques variations, apparaît six fois dans les Évangiles, deux fois dans Matthieu (14, 13-21; 15, 29-39) et dans Marc (6, 30-44; 8, 1-9), et une fois dans Luc (9, 10-17) et dans Jean (6, 1-15). Alors qu’en plein 21e siècle, la famine sévit encore dans plusieurs endroits de notre planète, la perspective d’une multiplication des pains nous rappelle l’importance d’assurer un accès équitable à ce besoin fondamental. En cette saison d’abondance où nos champs regorgent de petits fruits et où les épis de maïs ondulent à perte de vue, il nous vient à penser que la création dans sa diversité devrait suffire à produire la nourriture nécessaire aux humains de la terre. Mais voilà, le système de distribution n’est pas à la hauteur de la production et requiert une évolution des consciences chez ceux qui détiennent les leviers politiques et économiques dans le monde.    
Mais cette histoire nous parle aussi d’une autre faim, également inassouvie et fondamentale, cette soif de sens que la parole évangélique vient étancher. Cette nourriture spirituelle est accessible à tous et, tels les apôtres, nous pouvons en devenir les agents multiplicateurs. Quel trait de génie d’avoir associé la nourriture spirituelle au pain, cet aliment universel, et de nous l’avoir rendue accessible par l’institution de l’Eucharistie. Les disciples d’Emmaüs ne reconnurent-ils pas Jésus à la fraction du pain (Lc 24, 13-35) ?     
Le récit de la multiplication des pains renforce l’union intime entre nos besoins physiques et spirituels, entre le corps et l’esprit, « la manne du désert » (Ex 16) et « le pain de vie » (Jn 6, 22-71). 


Martine Lalinec

L’abondance est un thème à la mode dans notre société. Chacun apprécie les divertissements, les voyages, les arts et la quête d’une sécurité économique ou autre. Domine souvent notre vie. Savons-nous apprécier ce qui nous est donné ?
La vie, pour commencer, avec son mystère. La terre qui nous est donnée avec ses chants d’oiseaux, ses forêts, ses mers et ses montagnes. L’abondance est là, mais si précaire !    
        
La vie personnelle est souvent faite d’écueils, de difficultés diverses, de drames, même. L’abondance n’est pas toujours au rendez-vous. Mais elle offre parfois des moments merveilleux et de grandes joies et l’on voudrait toujours que ces moments soient éternels… Mais il n’en est pas toujours ainsi. Et si l’on regarde autour de nous, l’abondance est loin d’être au rendez-vous : émigrés qui cherchent un havre paisible, personnes sans-abris, handicapées, victimes de persécutions religieuses ou civiles, victimes de guerre… tout ceci nous renvoyant à notre propre impuissance.   
        
Devant ce contraste saisissant et glaçant entre l’abondance et le manque, il faut se remémorer les paroles d’Isaïe : « Vous tous qui avez soif, venez à moi. »… (Isaïe, 55,1).  


Michel Rigaud

Le comment ça nous est dit clairement :         
Il faut savoir reconnaître que ce que nous avons reçu, en ayant la vie, c'est beaucoup… et alors savoir le partager ce savoir ! avec tous.  
C'est là un grand défi, car pour reconnaître il faut savoir discerner. Et pour discerner il nous faut des symboles et la foi.


Jean-Guy Larin

Certains vont me trouver prétentieux à juste titre, mais je crois avoir "enfin" trouvé un "défaut" en Dieu : Il est un Être "excessif"!!!!…
        
Prenez par exemple lorsqu'Il crée l'Univers : c'est par milliards qu'il crée les galaxies, les étoiles, les planètes.  Dans le désert, Il nourrit son peuple de manne pendant quarante ans sans demander quoi que ce soit en retour… Faut-il qu'Il soit bonnasse et patient un peu rare pour un peuple "à la nuque raide" ?
        
De plus, Il nous envoie son fils unique, Jésus, pour nous délivrer du Malin et ainsi nous "donner" Son Royaume sans aucun mérite de notre part ! Aux noces de Cana, Jésus remplit d'eau les six jarres qui contenaient deux à trois mesures chacune (Jn.2,6), i.e. 40 litres par mesure pour un total minimal approximatif de 480 litres, quantité considérable selon la note de la bible Tob.
        
Aujourd'hui, en ce 18e dimanche du temps ordinaire, Matthieu nous raconte cet événement assez surprenant pour nos milliards de neurone cérébraux… de la multiplication des cinq pains et de deux poissons. Dans Marc 8,9, on nous apprend qu'ils étaient quatre mille "assis sur l'herbe verte" et qu'une fois que tout ce "beau monde" avait été rassasié, il est resté "douze paniers plein de nourriture"!!!!    
        
Et que dire de cet excès de générosité frôlant l'injustice humaine lorsque Jésus donne le même salaire aux ouvriers de la dernière heure qu'à ceux de la première ? A ceux qui lui demanderont "combien de fois il faut pardonner", Jésus leur répondra : soixante-dix fois sept fois ! Au "bon larron", il lui ouvrira les portes du Ciel la journée même de sa mort, pas après des années de réparation, tout lui est instantanément pardonné !  
        
Celui ou celle parmi nous qui cultive un petit potager reste toujours étonné(e) de constater jusqu'à quel point, par exemple, une "seule" graine de haricot peut produire autant de fèves… Partout autour de nous éclate la "générosité excessive" de notre Père Créateur du Ciel et de la Terre, tant par la quantité de toutes espèces que par leur diversité et leur particularité…        
        
Serait-ce ce que je croyais un "défaut" de notre Père devrait plutôt être compris par cette parole de Jésus adressée à la samaritaine : "Si tu savais le Don de Dieu" (Jn,4,10)?… Finalement, Dieu n'aurait pas de défaut, mais que de la Vie en "abondance" à donner gratuitement… Dieu EST AMOUR, point !       


Annie Laporte

Après hésitation j'envoie le cœur de ma réflexion. J'ai passé vite le récit de la multiplication des pains pour me laisser bercer par les textes d'Isaïe et de l'épître aux Romains, ils faisaient du bien à mon cœur.       

La relation est plénitude même quand tu n'as rien. "Si Dieu est pour nous qui sera contre nous ?"        

J'ai relu le texte de la multiplication en pensant à notre situation de confinement et de déconfinement. Pour Matthieu pas confinement de groupe pour Marc et Luc oui placez-vous par groupe de 100 ou de 50. 

Qu'apporte alors le confinement ? En temps de pandémie (on le sait mais pas tous) le nombre protège mais aussi il facilite le partage. C'était plus facile de partager en petits groupes d'où la multiplication du repas.   

Je suis retournée au texte Romains 8-35, 36, 37," Que dire de plus"… rien ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ, notre Seigneur."    

Que le retour en assemblée réchauffe nos cœurs en partageant notre espérance de vie.     


Monique Morval

Abondance de Dieu ? Cela évoque pour moi le paradis perdu dans le passé, ou alors un pays de Cocagne à venir… À moins qu’elle ne se fasse découvrir que peu à peu, au gré des rencontres et des événements : le sourire d’une personne croisée dans la rue, l’air d’accordéon du musicien assis sur un banc, une parole d’encouragement d’une amie, le lunch improvisé avec mes enfants sur ma galerie, la visite du musée avec ma petite-fille, le vol d’un cardinal dans ma cour, l’éclosion d’un crocus au début du printemps… Est-ce l’abondance de Dieu ? Je ne sais pas, mais je rends grâce pour tous ces petits moments de bonheur.   


Antoine Paris

Je crois que l’évangile de ce dimanche parle de trois abondances.    
Tout se passe dans un endroit désert, loin de tout.  
Une page blanche, dont Jésus avait peut-être besoin après la mort de Jean le Baptiste.        
Le genre de lieu dont on a l’envie profonde quand la vie est bouleversée. Un lieu où tout serait simple enfin, parce que tout serait vide.    
Mais nous ne sommes jamais seuls, même dans un tel lieu. Jésus est rejoint par des foules. Peut-être parce qu’elles veulent le voir. Ou peut-être parce qu’elles aussi sont dans la tristesse de la mort de Jean le Baptiste (le texte grec laisse ouverte cette interprétation ; si je le traduis au plus près : Et ayant appris la nouvelle, Jésus se retira de là en barque dans un endroit désert, à l’écart. Et, ayant appris la nouvelle, les foules le suivirent à pieds, sortant des villes. Donc la nouvelle est peut-être la même dans les deux cas : celle de la mort de Jean.) 
Peut-être est-ce la première abondance de Dieu que nous pouvons accueillir : nous ne sommes jamais seuls dans notre souffrance : une abondance d’autres gens souffrent à côté de nous et nous pouvons les accueillir comme des semblables.      
À cause de la cohue qui a envahi son lieu de retraite, Jésus n’a pas le temps ni l’espace de faire ce qu’on appellerait aujourd’hui son « travail de deuil » : dès qu’il arrive dans son lieu vide, celui-ci est déjà surpeuplé.  
Du fond de sa tristesse, Jésus va spontanément vers les malades et il les guérit. 
J’écris ces mots mais l’évangéliste ne dit pas « du fond de sa tristesse ». Il ne décrit pas Jésus « oubliant son deuil » ou Jésus « mettant de côté sa douleur ». Il dit directement : il fut saisi de compassion envers eux. Plus littéralement : il fut pris aux entrailles.    
C’est, je crois, la deuxième abondance à découvrir dans ce passage et à accueillir dans nos vies. Dans nos moments de perdition, on peut avoir l’impression d’être incapables de quoi que ce soit. On a envie de dire aux autres : « attendez que j’aille mieux et revenez me voir à ce moment-là ».  
Pourtant, nous avons, spontanément, de quoi leur faire du bien. Une énergie qui vient de notre chair, de nos entrailles : notre souffrance n’est pas un vide, mais une abondance de compassion possible.
Et ce n’est peut-être pas un hasard si la troisième abondance de ce passage – la plus connue – concerne les entrailles elles-mêmes : une abondance de nourriture, qui tient au ventre et remplit l’estomac.       
Donnez-leur vous-mêmes à manger. Les disciples n’arrivent pas à y croire. Et nous non plus nous : il est selon nous impossible de nourrir une telle foule avec seulement cinq pains et deux poissons. Pourtant, si les deux autres abondances sont possibles, peut-être la troisième l’est-elle aussi ?