Le bon grain et l’ivraie
Nous naissons comme une pâte molle que nos parents pétrissent lorsque nous grandissons. Au cours de notre enfance et de notre vie adulte, nous sommes exposés à de multiples influences, bonnes et mauvaises, dans notre milieu et autour de nous. De plus, nous sommes confrontés au cours de notre vie à des changements graduels de la société où nous vivons. Ce qui était « bien » autrefois est considéré à l’époque actuelle comme « désuet, dépassé ». Dans ce contexte fluctuant, comment se diriger ?
L’être humain possède un don unique, celui de la liberté. C’est cette précieuse liberté qui nous permet de choisir, même très jeune, ce que nous estimons bon et juste. Il est vrai que notre conception change au cours de la vie, de nos expériences. Mais la liberté est toujours là : liberté de choisir, liberté d’agir, de ressentir, de penser, liberté de conscience. Dans ce processus laborieux, nous sommes aidés par des rencontres stimulantes, des épisodes de notre existence qui remettent en question notre style de vie, des livres qui frappent notre imagination et enrichissent notre pensée. Et l’Évangile demeure un phare tout au long de notre vie.
L’évangile de ce jour présente trois paraboles, le bon grain et l’ivraie, la graine de moutarde et le levain (Mt 13, 24-43). Elles sont en continuité avec le texte de dimanche dernier, puisque toutes les trois nous parlent de semences, et plus particulièrement de leur qualité. On pose d’abord le problème de la coexistence du bon grain et de l’ivraie. Alors que le bon grain est habituellement semé délibérément, l’ivraie s’invite souvent dans le jardin avec une puissance de prolifération étonnante. Malgré nos efforts à semer du bon grain dans nos jardins intérieurs, force est de constater que nous baignons dans une mer d’informations et de sollicitations qui nous obligent à développer notre capacité de veille et de discernement.
Faut-il arracher l’ivraie ? En contrôler la dissémination ? Une telle tâche semble impossible, en raison des quantités en présence et des moyens modernes de diffusion rapide. Alors, il faut redoubler d’efforts pour semer des grains qui donneront « du fruit au centuple » (Lc 18, 8).
La graine de moutarde est une option intéressante, car bien que la plus petite des graines, elle produira un arbre imposant où viendront se percher les oiseaux. En somme, l’assainissement du jardin par une plantation abondante et planifiée, capable d’en occuper tout l’espace, semble l’approche la plus efficace pour contrer son envahissement par l’ivraie.
Ce n’est que dans un tel contexte florissant, que le levain pourra, en toute sérénité, faire lever la pâte.
« En chacun(e) de nous cohabitent le bon grain et l'ivraie tout au long de notre vie. Cela ne nous invite-t-il pas à l'indulgence envers nous-mêmes et les autres ? »
Brève réponse :
Eh oui, bien sûr, cela invite à l’indulgence envers nous-mêmes et envers les autres.
Le problème, c’est de repérer l’invitation, puis de l’accepter. Pas facile !
Surtout dans le tourbillon des activités estivales d’accueil des proches.
Apprendre à puiser dans son for intérieur en tout instant… Il faut bien toute une vie !
Au lieu de chercher l’ivraie chez moi, ne faudrait-il pas plutôt voir le bon grain chez l’autre et l’aider à s’épanouir ?
Je n’avais pas l’intention d’écrire cette semaine, parce que le texte ne m’inspirait pas particulièrement. J'ai donc vérifié mes autres courriels et je suis tombé sur un message de ma banque qui m’invitait à cliquer sur le cercle rouge, de mettre mes informations personnelles à date et de changer mon mot de passe ! Non, voyons, je ne l’ai pas fait.
À part les mots qui me sont venus à l’esprit et que je ne peux répéter ici, celui que j’ai retenu c’étaitl’ivraie, le mal inséré discrètement parmi les bons courriels.
J’y ai réfléchi et j’en ai tiré deux messages :
Le premier message est de bien reconnaître le mal pour ce qu’il est, et donc faire preuve de discernement.
Le deuxième message découle de l’ordre du maître de laisser pousser l’ivraie et de ne s’en débarrasser que plus tard. Cet ordre peut simplement montrer une préoccupation de préserver le bon grain. Il peut aussi y avoir une autre explication que je trouve intrigante : le côtoiement du mal ne peut-il pas avoir des effets positifs qui pourraient ne se révéler que plus tard, peut-être dans un contexte différent ? Être conscient du mal qui est à proximité ne pourrait-ce pas, par exemple nous garder vigilants ? Un ennui, une peine ou un accident ne pourraient-ils pas aussi être des occasions de mettre les choses en perspective et d’être plus ouvert à ce que l’Esprit veut nous communiquer ? Si ce n’était pas pour ce pourriel, je n’y aurait pas pensé.
BON GRAIN ET IVRAIE
Ces défauts : méfiance, jalousie, jugements, manque d'accueil… à l'égard de l'autre m'apparaissent comme l'ivraie au milieu des gestes généreux et fraternels qui forment la trame, espérons première, de nos jours.
Peu à peu, que l'abondance des regards imprégnés d'amour surpassent largement les conduites sans horizon, repliées ou aveugles des pointes d'ivraie en nos cœurs.
Un vif souhait, une prière marquée d'un grand espoir !
J'aime cette parabole.
Elle est pleine de sagesse et d'amour.
Arrivée au terme de ma vie, je sais que mes échecs ne bougeront pas, que mes erreurs font partie de mon histoire et que mes fragilités sont toujours là.
Or Jésus nous propose de cohabiter patiemment avec le "versant moins ensoleillé de notre vie (ou de notre personne)"
(cf Jacques Tellier)
et ceci pour le moment.
Le bon grain est bien trop précieux à ses yeux pour qu'on le laisse périr à cause de l'ivraie.
Nous ne sommes pas que nos erreurs, nous disait encore Jacques Tellier,
nous sommes infiniment plus que cela.
"Jésus, le Christ, lumière intérieure, ne laisse pas nos ténèbres nous parler.
Donne nous d'accueillir ton amour"
(Taizé)
« En enlevant l’ivraie vous risquez d’arracher le blé en même temps.
Laisser-les pousser ensemble jusqu’à la moisson ».
Le bon grain et l’ivraie cohabitent depuis la nuit des temps. Nous portons les deux en nous, quelques fois l’ivraie prend le dessus et le bon grain se fait tout petit.
Quand l’ivraie occupe la place et que je ne vois qu’elle, alors c’est le moment de réfléchir à ce que l’ivraie me révèle, à ce qu’elle veut me dire. Si je prends le temps de l’observer, de discerner et réfléchir, si pour éviter qu’elle m’envahisse je choisis de changer ma façon d’être et de faire, si je m’ouvre plus à la vie, à l’amour pour laisser plus de place au « bon grain », alors l’ivraie est utile ! Et l’ennemi se replie…
Attention à mon regard sur l’ivraie : je ne la rejette pas d’un revers de la main, au contraire, je l’accueille pour la comprendre, mais surtout pour me comprendre.
L’observation de l’ivraie m’apporte beaucoup, elle m’a déjà fait voyager très loin, dans un temps où elle avait pris racine à travers les générations du passé. Elle a longtemps emprisonné mon âme agissant sur mes pensées et comportements, puis elle a cédé la place, petit à petit à plus de bon grain. Elle s’est transformée, elle a perdu de son pouvoir, pour qu’à la dernière moisson, elle soit plus facile à enlever.
Rendre mon cœur plus léger, et me « dé-l’ivraie ».
Merci Anne ; oui, nous ne sommes pas que nos erreurs, que nos comportements inadéquats, que nos paroles blessantes, que nos gestes et pensées inappropriés, et ni que nos maladies.
Pas plus qu'Édouard, je n'avais l'intention de commenter ces paraboles. Mais en lisant vos commentaires, je me suis souvenue d'une nouvelle qui avait attiré mon attention cette semaine : le domaine Maizeret, près de Québec, est menacé par le "bambou du diable". Depuis plusieurs années, mon voisin et moi nous nous battons contre la même plante envahissante dans nos cours arrière. Régulièrement, du printemps à l'automne, je cherche la moindre repousse pour l'arracher aussitôt. Je pense être proche de l'avoir éradiqué de mon bord. C'est probablement présomptueux, vu que les responsables du Maizeret ont pris des mesures avec la simple ambition de la contrôler… dans 10 ans. Je devrais peut-être aménager ma plate-bande sans attendre. À bien y repenser, en lisant la parabole, il me semblait entendre comme un murmure : tu vois tes manques, tes erreurs, tes limites, mais ne t'en fais pas avec ça ; moi, ce que je vois c'est la belle récolte qui lève.
Je suis particulièrement touchée par vos deux intentions de prière concernant Marie et Dominique. L'Esprit intercède pour nous, comme nous dit Saint Paul dans la deuxième lecture. Faisons confiance. Dieu qui scrute les cœurs, connaît les intentions de l'Esprit puisque c'est selon Dieu que l'Esprit intercède pour les fidèles. Que l'Esprit intercède pour Marie et Dominique. Que l'Amour du Dieu vivant les soutienne jour après jour. Nous prions très fort pour eux.
Je me penche sur le questionnement du jour : Il est vrai qu'en chacun(e) de nous cohabitent le bon grain et l'ivraie tout au long de notre vie terrestre. Hélas ! Nous ne sommes pas des anges et pourtant notre pèlerinage sur la terre est le début d'une grande aventure avec Dieu, source de toute vie, le Saint des saints. Notre passage terrestre est une étape joyeuse mais souvent difficile car notre corps mortel nous fait bien souffrir. Le mal est omniprésent dans notre vie et nous ni pouvons pas grand-chose. Souvent, nous ne parvenons pas à faire tout le bien que nous désirons comme le dit très justement Saint Paul mais nous faisons le mal que nous ne voulons absolument pas faire. Quel paradoxe ! Le combat mené contre le mal par l'homme et la femme sur cette terre semble bien impossible. Seul le Christ peut nous délivrer du mal. Par sa résurrection, il nous a définitivement ouvert à tous le chemin de la vie éternelle. "Je suis le chemin, la vérité et la vie". Cette ivraie qui fait partie de notre vie, rappelant sans cesse notre finitude est pourtant intiment liée au bon grain. À la fin des temps, le Seigneur la brûlera avec nos pauvres os devenus bien inutiles car notre chair rayonnera de lumière, à l'image du Christ ressuscité. À son retour, les morts sortiront de leurs tombeaux ou de leur urne funéraire et nous goûterons les joies éternelles de la Jérusalem céleste. "Je crois en la Résurrection des morts, à la vie éternelle", nous dit le Credo. C'est bien là le cœur de notre foi. Mais revenons à notre pauvre condition humaine pourtant si belle car c'est bien là, sur notre terre, que Dieu, par l'incarnation de son fils, a manifesté et manifeste encore et chaque jour tout son amour et sa grande miséricorde. Peu importe l'ivraie, seul le bon grain produit du fruit aux yeux du Seigneur.
"Cela ne nous invite-t-il pas à l'indulgence envers nous-mêmes et envers les autres ? "Ah… Indulgence" que ce mot est beau et qu' il renferme tellement de beaux synonymes et de belles attitudes : "bienveillance, bonté, charité, clémence, humanité, mansuétude, tolérance, patience, compréhension… Il rappelle la béatitude:" Heureux les doux, ils obtiendront la terre promise" Doux et humble de cœur. "Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toutes tes forces et tu aimeras ton prochain comme toi-même, tu es aimé de Dieu. Acceptons nos faiblesses, notre ivraie qui sont aussi infiniment aimées de Dieu qui les portent sur la croix par amour pour nous, pour chacun de nous alors que nous, nous rejetons amèrement cette partie de nous-mêmes qui n'est pas très glorieuse… Dieu ne retient pas nos fautes, il ne voit que notre cœur ouvert qui produit du bon grain nous faisant porter du fruit et participer à son Royaume. L'important, c'est d'aimer. Ne baissons pas les bras, soyons humbles avec nous-mêmes et avec les autres et continuons à faire le bien même s'il se résume en de si petites choses qu'elles nous paraissent invisibles. Voyons aussi, en suivant l'exemple du Christ, le bon grain dans le cœur de l'autre même si celui-là ou celle-là nous a fait tant de mal. Regardons la croix, signe d'amour infini pour chacun, regardons le cœur du Christ d'où coule un fleuve d'eau vive, de miséricorde et de pardon, regardons la croix glorieuse, victoire définitive sur le mal. Un chemin de libération nous est ouvert, un chemin de vie qui nous fait grandir dans la joie et l'espérance. Rendons grâce à Dieu, par son fils Jésus-Christ, sauveur du monde.
Bonne semaine à tous en union de prière fraternelle.
Peut-être la parabole du bon grain et de l’ivraie nous appelle-t-elle à encore plus que de l’indulgence.
L’ivraie n’est pas comme les ronces de la parabole du semeur : il ne menace pas le bon grain ; il ne risque pas de les étouffer.
Peut-être aussi peut-on rapprocher l’opposition entre bon grain et ivraie de celle qui fonde une des deux autres paraboles auxquelles ce récit est associé.
Ils s’opposent comme s’opposent la levure et la pâte. Or, ces deux dernières sont étroitement unies : c’est la levure qui permet à la pâte de lever ; c’est la pâte qui donne à la levure quelque chose à faire grandir. Les deux grandissent ensemble comme le bon grain et l’ivraie (« laissez-les pousser ensemble ») et elles grandissent l’une grâce à l’autre.
Ce qui me fait me demander si on ne peut pas penser la même chose pour l’ivraie et le bon grain et pour ce qu’ils peuvent représenter.
Nous ne sommes pas aptes à discerner et surtout à déterminer une fois pour toutes ce qui est bon et ce qui est mauvais, y compris dans notre propre vie.
Peut-être a-t-on des aspects de notre personnalité que nous prenons pour des défauts alors qu’ils n’en sont pas ?
Et des défauts qui portent ou porteront des fruits inattendus ?
Le fruit de comprendre, dans notre chair, la détresse de celles et ceux qui sont en proie aux mêmes défauts que nous.
Le fruit de faire tomber tous nos masques, tous nos orgueils.
Le fruit de rencontrer Jésus d’une façon encore plus intense : penché sur nous pour nous retrouver dans notre faiblesse.
Peut-être l’ivraie n’est-il qu’une autre forme du bon grain ; nos prétendus défauts qu’une autre forme de bien.