La parabole du semeur fait appel à des principes pédagogiques universels, puisqu’elle s’applique, non seulement au message évangélique, mais à une variété de situations de vie, incluant les conseils, pas toujours bienvenus, des parents à leurs enfants, et parfois l’inverse ; l’interaction enseignants-étudiants ; les conseils d’amis, et aussi d’ennemis ; et plus près de nous, les consignes de la santé publique en temps de pandémie.
À différents moments de nos vies, nous pouvons tour à tour adopter le rôle du semeur ou celui du terrain de réception, « bord du chemin », « sol pierreux », ronce »ou « bonne terre ». La solution n’est-elle pas de semer, avec conviction et amour, mais sans insistance, afin de ne pas provoquer l’effet contraire ? Il faut soigner la qualité du semis et son pouvoir de fertilisation car il y en a qui germeront plus tard.
La parole évangélique est un recueil d’enseignement et de sagesse infinie, une source d’eau vive disponible et gratuite « …l’eau que je lui donnerai deviendra en lui source d’eau jaillissant en vie éternelle. » (Jn 4, 14) De même que les actions parlent souvent plus fort que les paroles, ainsi les miracles de Jésus viennent appuyer ses paraboles.
La parabole du semeur est toujours présentée pendant l’été et, depuis que je suis toute jeune, inspirée par la nature florissante, j’ai pris l’habitude de me demander dans quelle terre tombe pour moi la semence de la Parole.
Au fil des années, mes réponses ont été fort différentes.
Je suis tour à tour cette terre sablonneuse au bord du chemin, celle qui recouvre un sol pierreux, cette autre, envahie par les ronces et parfois, trop rarement, celle qui, bien irriguée, peut faire germer le blé qui dore les champs en attendant la moisson.
Aujourd’hui, je prie pour devenir ce terreau fertile qui accueille la Parole et donne le pain à partager.
Comment devenir ce terreau fertile qui accueille la parole de Jésus et lui fait porter du fruit ?
Terreau : (selon Larousse) « Terre contenant une forte proportion de substances animales ou végétales décomposées. » Aucun doute : le terreau fertile agit au-delà de la mort. Comment devenir « terreau fertile » ? C’est clair : mourir à soi, tourner le dos à mille et une petites invitations tentatrices. Clair, certes, mais pas agréable du tout. Il y a des jours où l’on voudrait carrément tourner le dos à l’évangile… Oui mais « sans moi vous ne pouvez rien faire ». La porte étroite est ouverte. Elle nous invite aux Béatitudes si bien incarnées par le petit frère André parti en disant : « voici le grain. ». Il sait qu’en mourant – dernière étape de nombreuses petites morts – il portera beaucoup de fruit.
Pour nous, l'idée centrale dans la lecture d’aujourd’hui est la responsabilité. Mais pas la responsabilité individuelle d’accueillir ou non la parole de l’évangile.
Nous pensions plutôt à la responsabilité de semeur dont trois quarts des semences sont perdues.
Au XXI siècle, cette parabole prend tout son sens : les séminaires et les couvents se vident, le pape François compare l’Église à un hôpital de campagne militaire, Au niveau de notre propre communauté, la courbe démographique n’est pas plus encourageante ; il y a quelques années nous déplorions que les adolescents quittent la Communauté. Aujourd’hui, il n’y a même plus de pastorale pour les enfants. La parole n’atteint plus ceux et celles qui pourraient en profiter.
La communauté St--Albert est vue comme un laboratoire par l’évêque du diocèse. C’est donc dans notre laboratoire que doivent être développés les remèdes applicables à l’hôpital de campagne. C'est nous qui sommes responsables de notre Église. C’est à nous de visualiser l’Église chrétienne que nous voulons voir se manifester, avec des nouveaux moyens, un clergé réduit aux responsabilités réduites, mais un message évangélique inchangé que nous devrons semer de telle façon qu’il puisse assouvir les besoins spirituels de tous, qu’ils ou elles soient dans les ronces ou dans les cailloux. Avec un efforts concerté et l'aide de l'Esprit, nous réussirons.
En lisant et relisant cet évangile, je me suis immédiatement reconnu selon que dans mon existence et ce, depuis bien longtemps, j’ai semé tantôt dans les ronces, tantôt sur les pierres et parfois dans une terre pas suffisamment arrosée. Mais aussi, il faut bien l’admettre, dans un terrain très propice. Et au fil des jours, depuis des décennies, il en est ainsi de mes semailles tantôt fécondes tantôt stériles.
Je me demande alors pourquoi ma terre ne finit-elle pas par devenir accueillante et riche une fois pour toutes.
Est-ce dû à un manque de détermination de ma part pour améliorer la terre ? Ou à la nature même de l’être humain qui n’écoute pas suffisamment et surtout ne met pas assez en pratique les préceptes de l’évangile et sème à tout vent ?
Je ne sais pas mais je ne puis que méditer sur la clarté de cette parabole qui me parle beaucoup plus qu’une théorie exégétique, d’autant plus que c’est le Christ lui-même qui nous la commente.
« Pour moi, essayer de devenir le terreau fertile, c’est simplement m’endormir avec un verset de l’évangile du lendemain dans la tête et de tenter de m’en rappeler en me réveillant. »
Je n’aime pas des textes qui semblent juger.
Dans le vieux temps on nous avait enseigné que cette parabole nous montre une bonne façon d’écouter la parole de Dieu, et trois mauvaises, et qu’il faut qu’on devienne bonne terre…
Aujourd’hui je n’y suis plus d’accord. D’abord il me semble tout à fait positif de servir de nourriture aux oiseaux. Mais je trouve aussi que ni la vie, ni la grâce de Dieu ne sont si simples, en noir et blanc.
Il me semble plutôt que les quatre terreaux sont en moi : parfois je n’entends même pas la parole de Dieu, parfois je l’oublie vite, parfois je la comprends mal – mais de temps en temps, elle tombe sur le bon terreau en moi, et porte du fruit.
Alors je loue Dieu, je lui rends grâce, et je lui demande (avec les mots du « Notre Père » (en Latin et en Allemand) de me remettre mes dettes, tout ce que je n’ai pas fait ou fait de travers. Et j’ai confiance que la récolte centuple compense mes lacunes.
Je pense à la parabole du bon grain et de l’ivraie, dont on ne voit la différence qu’à la récolte, et même à ce moment-là, l’ivraie brûlé sert encore pour nous réchauffer ou pour cuire une soupe ! …
Je ne peux m'empêcher de lire cette parabole en parallèle avec celle du fils prodigue. Plus j'avance en âge, plus je me sens consciente de mes limites et de mes pauvretés, plus je sens combien j'ai besoin de pardon.
Oui, tout au long de ma vie J'ai été (et suis encore) cette terre, tantôt fertile, tantôt peu accueillante… J'ai encore et toujours dans mon cœur le désir d'aimer mieux, de donner selon ma mesure, mais aussi de me laisser recevoir, de croire à la Parole de Jésus qui nous dit : "Tu es l'enfant bien-aimé de Dieu, tu as toute sa confiance", de vivre en enfant bien-aimée qui sait qu'elle peut revenir en tout temps à la Maison où son Père, notre Père, l'attend. Arrivée presqu'au bout de ma route, c'est mon défi spirituel le plus grand.
Pour moi, la semence jetée en terre est la Parole de Vie. La Vie plus forte que tout, qui germe même dans des terres arides. Et tant pis si des oiseaux la picorent : il en restera toujours quelque chose. On ne sait pas en effet quelle action aura une parole, un geste de notre part sur la personne rencontrée. Et si la graine tombe sur un sol pierreux, on peut enlever les pierres, les obstacles qui l’empêchent de faire des racines. Si elle est étouffée par les ronces, il faut dégager le terrain de ce qui étouffe la Vie… Une fois les conditions réunies, il faut bien sûr entretenir la bonne terre, pour éviter qu’elle ne s’assèche. En continuant à actualiser la Parole de Vie par des rencontres, des lectures, des réflexions personnelles…
C’est un évangile tellement bizarre, tellement choquant aussi ! Il peut susciter la recherche angoissée de tous les oiseaux, pierres, ronces qu’il pourrait y avoir dans notre vie. Voire susciter le découragement : suis-je vraiment capable d’être une bonne terre ? après tout, le sol pierreux peut-il se remuer lui-même pour chasser les pierres qui l’encombrent ? Comment être de celles et ceux qui « entendent la Parole et la comprennent » et ainsi « portent du fruit à raison de cent, ou soixante, ou trente pour un » ?
Peut-être qu’on peut sortir de l’impasse en examinant les auditeurs qui, dans le texte même, semblent entendre la Parole et la comprendre : les disciples, puisqu’il leur est donné d’entendre « ce que veut dire la parabole du semeur ».
Dans la parabole et même dans son explication, la parole est quelque chose qui va dans un seul sens : les quatre terrains reçoivent les graines mais ne peuvent agir en retour sur le semeur qui a lancé les graines ; ils ne peuvent s’adresser à lui.
Or, c’est justement ce que font les disciples. C’est même leur seule action : venir vers Jésus et demander une explication. En quelque sorte, ils court-circuitent la parabole elle-même en inventant un récit où le terrain – quel qu’il soit – viendrait s’adresser au semeur.
Et c’est ainsi qu’ils donnent du fruit : « à raison de » deux « pour un » pour commencer, puisque grâce à eux la parabole est reprise par Jésus sous une seconde forme ; elle devient la parabole doublée de son explication.
Pour être un terreau fertile, je crois qu’il faut parler et pas seulement écouter. Parler à Dieu, à Jésus et à Dieu et Jésus présents dans les autres, sûrement comme nous le faisons dans ce commentaire partagé où l’unique évangile du jour va devenir dix commentaires, vingt textes, trente textes ou plus.
La femme adultère, le brigand sur la croix, Matthieu à son bureau de percepteur d'impôts, la Samaritaine et tant d'autres
n'étaient-ils, elles pas , à leur façon, une bonne terre ?
Nous savons à quel point, grâce aux évangiles, ceux-ci ont porté de fruits…
C'est alors que surgit la parole de Paul :
"Ma grâce te suffit car ma force s'accomplit dans la faiblesse"
II Corinthiens 12 ;9.
Veiller sur mon terreau, rien n'est acquis.
Un petit grain…
Joseph, notre « petit grain », ce matin 12 juillet, a été baptisé dans l’amour du Christ, il est le premier de la quatrième génération à revêtir cet habit de Lumière.