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Commentaires pour le dimanche de la Naissance de saint Jean-Baptiste

« Il s’appellera Jean » 

21 juin 2020


Danuta et Édouard Potworowski

Le texte d’aujourd’hui soulève pour nous la question de la prédestination et de la liberté individuelle. On pourrait penser que Dieu avait un plan et que Jean n’avait pas vraiment le choix d’en faire partie ou non. Il ne serait en somme qu’un pion dans le plan divin. Aucun choix, aucun mérite.    
Nous préférons une explication alternative, celle selon laquelle Dieu aurait répondu à la prière d’Élisabeth pour qu’elle puisse avoir un enfant malgré son âge. Élisabeth aurait reconnu que cet enfant était la réponse à sa prière, et donc un enfant “spécial” et l’aurait élevé en conséquence.  
Ce qui est arrivé par la suite, c’est-à-dire la vocation de Jean, pourrait fort bien être le résultat de la nature de Jean, de la culture à laquelle il a été exposé et des choix qu’il a faits. Mais nous n’en savons vraiment rien. Tout ce que nous croyons c’est que dans le cas de Jean comme dans le nôtre, la miséricorde divine est omniprésente mais ne s’impose pas.


Françoise Deroy-Pineau et Gaston Pineau 

La scène se déroule après la Visitation. Marie, confiante, est retournée à Nazareth affronter sereinement les problèmes qui l’attendent (avec ses parents et avec Joseph). Elle a laissé Élisabeth, Zacharie et l’enfant en bonne santé. Ils n’ont plus besoin d’elle. 
La question du nom du nouveau-né se pose avec la cérémonie de la circoncision. Coup de théâtre : il ne se nommera pas comme son père. Loin d’être l’idée saugrenue d’une vieille maman, le choix est confirmé par le père qui – coup de théâtre – en retrouve la parole. Il y a de quoi en laisser bouche bée, à leur tour, tous les gens du voisinage. 
La suite est à l’avenant. Jean ne fait rien comme les autres. Pas bavard, il entame son âge adulte seul au désert. À quoi ça rime ? Curieusement, tout un public va le rencontrer, l’écouter — mais oui, il sait parler quand il le faut — et assister à l’inimaginable : du Ciel, la voix du Père désigne le cousin Jésus comme son « Fils bien-aimé » sous le symbole de l’Esprit. Une nouvelle ère commence. Plus rien ne sera comme avant. La Bonne Nouvelle est proclamée. L’Ancien monde s’écroule. Passent vingt siècles.  
Aujourd’hui, après mille guerres, mille épidémies, mille maux et la construction d’un veau d’or aux mille facettes, il se pourrait que tout s’effondre à nouveau et qu’un temps nouveau renaisse sur les cendres de ce que nous avons cru une belle civilisation. Où donc aller ? « Les pauvres sont nos maîtres » s’exclame Joseph Wresinski, fondateur d’ATD-Quart-monde. Tandis qu’un lever du soleil dans les steppes d’Asie inspire à Pierre Teilhard de Chardin, privé d’eucharistie, la Messe sur le monde : « Une fois de plus sous la nappe mouvante de ses feux, la surface vivante de la Terre s’éveille, frémit et recommence son effrayant labeur. » (Hymne de l’Univers, Seuil, 1961, p.21) 


Huguette Teasdale

NOMMER

Nom nouveau
Destinée exemplaire

Venu le Temps du Christ
S'ouvre une ère nouvelle

" Son nom est Jean "

Parcours ainsi marqué
Dès sa naissance le Baptiste
De Celui qui doit venir
Fait l'annonce

Au désert des préparations
Sur les bords du Jourdain
En paroles et en actes
Intense Témoin

Jean ouvre le chemin
Place au Verbe de Dieu
Du changement la Source
Baptême dans l' Esprit

Vie accomplie
Il en paiera le prix
Précurseur — Témoin

" Jean est son nom "


Martine Lalinec

La naissance de Jean le Baptiste survient après une longue période d'accablement pour le couple, l'infertilité étant considérée comme une disgrâce dans le peuple juif d'alors. Lorsque l'ange Gabriel lui apparait pour lui annoncer une prochaine naissance, il doute, il est rationnel. Devant l'évidence de l'intervention divine, la naissance de Jean, son cœur et son esprit s'ouvrent, et dans sa joie, sa parole est libérée.
Souvent, c'est après des circonstances pénibles, voire douloureuses ou dramatiques, que l'esprit s'ouvre et devient plus sensible au domaine spirituel. Par ailleurs, Zacharie et sa femme Elizabeth ont su affirmer leur désir de donner à leur fils le nom de Jean, contrevenant ainsi aux habitudes ancestrales de leur communauté. Ils ont eu le courage de tracer leur vie en résistant à la tentation de "faire comme tout le monde", en écoutant la petite lumière au fond de leur cœur.


Renaldo Battista

L’aventure de Zacharie s’inscrit à l’interface du merveilleux et de la réalité, là où le saut de la foi nous attend. En effet, Zacharie est muet depuis qu’il a douté de l’annonce de l’ange Gabriel qu’Élisabeth, son épouse, enfanterait à son âge avancé. Et pourtant, Élisabeth met au monde un fils. Mû par l’Esprit Saint, Zacharie écrit sur une tablette, anticipant l’ère du « iPad », que l’enfant s’appellera Jean. Sa langue se délie et donne naissance à un chant prophétique d’une grande beauté, le cantique de Zacharie, récité à la fin de l’office des Laudes de la liturgie des heures : « …Et toi, petit enfant, tu seras appelé prophète du Très-Haut : tu marcheras devant, à la face du Seigneur, et tu prépareras ses chemins… ». Ainsi, la crispation du doute fait place à la louange lumineuse de la foi.


Annie Laporte

La question de départ qui porte sur Zacharie me surprend parce que  le texte nous présente Zacharie muet, répondant sur papier son consentement pour le nom de Jean ce qui est très affirmé par Élisabeth la mère parce que Jean n'est pas le nom du père. Cela m'a amenée à lire le début de l'évangile  présentée par Luc et à chercher le sens du prénom Jean : "Dieu fait grâce" en effet Dieu grâce en accordant une grossesse à un âge avancé comme à Sara. Zacharie veut dire "Dieu se souvient"en effet Dieu se souvient de sa promesse d'envoyer un messie sauveur. Jean cousin de Jésus le reconnaîtra comme Messie au moment de son baptême. C'est le commencement de la vie publique de Jésus.      
Le 24 juin c'est aussi la fête nationale des Québécois. J'aurais besoin de me faire rafraîchir la mémoire pour les raisons de ce choix. C'est aussi la fête des pères donc en ce dimanche c'est fête religieuse, fête familiale et en ce 24 juin fête nationale. 
Je me rappelle le dîner communautaire partagé avec chacun- chacune de vous avec les enfants qui couraient partout et avec les frères dominicains pour partager le repas qui nous rassemblait. (Viviane nous préparait de la tourtière du Lac St- Jean !). Présentement la saint- Jean c'est se souvenir et faire grâce.     
Le confinement ne permet pas de rassemblement, mais je tiens à rappeler ce que le frère Raymond Latour a dit à l'auberge d'Emmaüs que le chef informait que l'on peut commander un spécial à apporter à la maison c'est le dessert flambée aux douceurs de l'Esprit-Saint. Ce qui pourrait être une homélie du temps pour participer au partage de la parole.


Monique Morval

L’évangile d’aujourd’hui pose la question de l’identité. En refusant d’appeler l’enfant du nom d’un de ses ancêtres, ses parents lui donnent une identité qui le propulse vers l’avant ; mais ils le font en respectant la tradition de la circoncision… Donc une ouverture sur l’avenir, sans renier le passé… Je ne peux pas m’empêcher d’établir un parallèle avec mon immigration. En quittant ma Belgique natale, je prenais une nouvelle identité de Québécoise, ratifiée par ma nationalisation au Canada. Mais je ne reniais absolument pas mes racines belges : c’était comme un supplément d’identité, m’ouvrant sur un horizon plus large… Et il en va de même pour mon identité de chrétienne, choisie par mes parents à mon baptême et ratifiée par moi lors de ma confirmation : un supplément d’identité, m’insérant dans une communauté à la suite de Jésus. Il me reste à assumer cette identité dans ma vie de tous les jours!


Marie-Gabrielle Valet

Dans ce récit, je suis frappée par l'évolution du "voisinage" qui passe d'une certaine fermeture à une ouverture plus grande. Au début, en apprenant la nouvelle de la naissance de Jean, il lui donne un sens qui correspond à sa manière habituelle de penser. Puis, il tente d'imposer à la famille du nouveau-né le prénom qu'il déclare convenir. C'est seulement quand Zacharie retrouve la parole qu'il est déstabilisé. Cet événement ne rentre plus dans ses schémas habituels de compréhension. Et voici qu'au lieu de transmettre des certitudes, la rumeur fait maintenant circuler une question ouverte à la nouveauté : "Que sera cet enfant ?".