Imprimer

Commentaires pour le dimanche de la Pentecôte

"Tous, nous avons été désaltérés par un unique Esprit". Que suggère cette affirmation dans ma vie ?
 
Vous êtes aussi invités à réfléchir personnellement à la question suivante : « Quel est le don que j’ai reçu – et comment je l’utilise ? » "

31 mai 2020


Esprit SaintChristine Mayr

Il y a diversité des dons, mais c’est le même Esprit, nous dit Saint Paul.
Oui, tous, sans exemption, nous sommes habités (désaltérés) par l’Esprit. Tous et toutes (chacun et chacune) nous avons reçus ses dons !
Maintenant, c’est à nous de découvrir et accepter nos dons – et comprendre qu’aucun de ses dons n’est plus important que l’autre. Le héros n’est ni plus important, ni plus exalté que celui qui a un sourire pour son voisin.
Mais, nous dit Saint Paul, il faut utiliser nos dons, aussi humbles qu’ils soient, pour le bien des autres. Seulement ainsi le corps du Christ sera vivant en santé.



Martine Lalinec

La différence :          
           
Ce qui nous interpelle dans ce texte proposé à notre réflexion,  c’est que St Paul fait allusion à la différence. Il existe une grande variété de dons spirituels, entre celui qui acquiert une connaissance théologique ou intuitive du mystère divin et celui qui le délivre par la parole ou des actions. De la même manière, la veuve qui donne une obole au mendiant et le directeur d’un groupe philanthropique reflètent tous deux la lumière de Dieu.     
           
Nous sommes par nature portés vers ce qui nous ressemble, mais nous sommes appelés à nous dépasser, à abolir les différences, car chacun porte en lui un peu de la lunière divine. Il n,y a pas de différemce entre les grands de ce monde et les plus humbles d’entre nous. Pas de différence non plus entre les juifs, les musulmans et les chrétiens. St Paul nous appelle à regarder l’AUTRE , quel qu’il soit, avec un œil nouveau, avec respect, amour et droiture, car il fait partie de notre humanité et du peuple de Dieu.  


Danuta et Édouard Potworowski

Quel est le don que j’ai reçu et comment je l’utilise ?       

Nous ne répondrons pas à cette question (vous ne vous imaginiez tout de même pas que nous allions étaler nos dons en public !)

Plutôt nous avons choisi d’examiner et d’amplifier les deux parties de cette question. 

Au cours de notre discussion, nous nous sommes comparés à un ordinateur. Le matériel informatique (hardware) nous constitue tels que nous sommes à l’origine, avec toutes nos spécificités individuelles qui sont le premier niveau où nous recevons les dons de l’Esprit : la sagesse, l’intelligence etc., des dons qui toutefois nécessitent un objet pour leur permettre de se manifester.   

Vient ensuite le logiciel (software). Il est constitué de toutes les informations qui nous arrivent et auxquelles nous réagissons : une lecture, une conférence, une homélie qui nous inspirent et qui nous changent. Bien sûr, le matériel informatique, doit être compatible avec le logiciel ; c’est à dire que nous devons être prêts, avoir la maturité, la formation et l’état d’esprit approprié pour pouvoir être réceptifs à un texte, une parole ou un geste qui se trouve sur notre chemin. On dit souvent que ça arrive par hasard. Mais est-ce que ça pourrait être encore un don de l’Esprit ? Nous croyons que oui.

Vient ensuite la deuxième partie de la question : comment je l’utilise ?      

Il n’est pas rare de rencontrer quelqu’un qui, encore “par hasard”, a justement besoin qu’on lui transmette ce que nous avons reçu.        

Nous sommes dans ce sens les outils que l’Esprit utilise constamment pour changer la face de la terre.


Suzanne Lavigueur

Quelle fête incroyablement belle que celle de la Pentecôte. C’est un peu comme une « deuxième version » de la fête de Noël, passer de l’incarnation de l’Amour de Dieu en Marie et dans une crèche, à l’incarnation toute intérieure de l’Amour de Dieu dans la fibre de tous les humains.

                            Tous, nous avons été désaltérés par un unique Esprit.

Mais être désaltéré suppose d’abord l’acceptation d’une soif, l’accueil de notre soif de sens, notre soif de bonté, de partage, notre besoin d’être.
 Comme les disciples réunis les jours qui  suivent la mort ou l’ascension de Jésus, c’est espérer, et accepter de vivre l’attente de sa Présence. Cette soif, c’est peut-être  l’ouverture du cœur essentielle pour « laisser de la place » à l’unique Esprit déjà tout offert.
En fait, je crois que lorsque l’on chante « Veni Sancte Spiritus », ou « Ô Seigneur, envoie ton Esprit qui renouvelle la face de la terre », on ne prie pas vraiment pour qu’IL vienne, Il est déjà présent et en attente !  On prie  pour qu’Il ouvre notre être au mystère de sa Présence qui libère le meilleur de l’humain en nous et nous ouvre à sa Présence dans l’autre.
«  Oui, je prie pour que je te laisse être Dieu dans ma vie »…


Marie-Gabrielle

"Tous, nous avons été désaltérés par un unique Esprit"

Nous avions soif. Tous, membres de cette communauté, croyants, personnes en recherche, nous reconnaissons que nous avons soif. C'est pour cela que nous venons à St-Albert. Ou pas.

Quelle soif ? "L'un des besoins les plus profonds du cœur humain est celui d'être apprécié. (…) Tout être humain désire ardemment être accepté, accepté tel qu'il est. (…) Dieu est la réalisation de ce rêve." [Comme le pain rompu, Pierre van Breemen].


Annie Laporte

"Tous nous avons été désaltérés par l'unique Esprit". Je n'ai jamais été attentive au mot désaltéré, mais aujourd'hui oui.

Ma première réaction a été de me demander si l'Esprit désaltère qu'une seule fois ? J'espère que non parce que j'ai souvent soif !      

Alors quand souhaitons-nous être désaltéréEs ? Quand nous avons soif oui mais quand avons-nous soif ?

Quand nous vivons une activité physique intense, quand nous vivons émotivement une situation personnelle, sociale positive ou une situation désinstallante, négative où on en perd le souffle, quand nous déposons le vécu de notre journée la soif sera apaisée par quelques gouttes d'apéro dans le verre d'eau pour goûter une saveur apaisante.          

Alors est-ce que l'Esprit désaltère qu'une seule fois ? Non, alors comment cela se passe-t-il ?           

Je pense que selon les situations personnelles, sociales que nous vivons avec attention, avec conscience, les dons de l'Esprit s'activent parfois c'est le don de sagesse, parfois c'est le don d'intelligence, parfois c'est le don de science, parfois c'est le don de force, parfois c'est le don de conseil, parfois c'est le don de piété, parfois c'est le don de crainte. Ces dons apaisent, guident, fortifient notre conscience pour vivre l'amour de Dieu, le rêve de Dieu pour soi, pour les autres, pour l'humanité. "Aimez-vous les uns les autres."         

Nous ne recevons pas un seul don parce que le don de l'Esprit désaltère selon la situation vécue. Tous les dons nous sont offerts et ils agissent selon le présent de la demande, du besoin pour poursuivre notre route avec les autres pour le meilleur.        

Si la covid-19 confine nos assemblées qui sont assoiffées que l'Esprit qui n'a pas de confinement désaltère la planète entière d'espérance de nous retrouver à partager le meilleur de toutes et de tous.           


Michel Rigaud

C'est l'événement percutant qui sert à nous persuader que nous avons à penser DIEU en trois personnes. Penser trine et non dual.  

Pourvu que le Rationnel, dominant de nos jours, fasse de la place au Spirituel. À la Foi qui nous aide à vivre, à agir et non seulement à y penser.   


Monique Morval

Que d’images contrastées pour décrire l’Esprit saint ! C’est un violent coup de vent qui bouscule tout sur son passage ou une brise légère dont on ne sait d’où elle vient ni où elle va ; c’est un bruit venu du ciel qui assourdit ou un murmure qui ne peut être entendu que dans le silence ; ce sont des langues de feu qui se répandent ou une étincelle qui couve sous la cendre ; c’est un torrent qui nous emporte ou une source qui désaltère… Toutes des images extérieures à soi… Pour moi, j’aime l’expression du cardinal Mercier, archevêque de Malines-Bruxelles dans les années 1930 : l’Esprit saint, c’est : « l’âme de mon âme ». C’est ce qui se cache au plus profond de moi, qui me soutient dans les épreuves, qui me guide dans les méandres de la vie, qui me donne la force d’avancer… Je ne le vois pas, je ne l’entends pas, je ne peux que le percevoir en faisant silence. Et souvent, ce n’est qu’après coup que je me rends compte qu’il était là !    


Renaldo Battista

Nous y voici, la venue de l’Esprit Saint à la Pentecôte, troisième incarnation qui complète la boucle. La Trinité, clé ultime de compréhension de notre place dans l’Univers. Dieu qui se manifeste à travers la beauté de sa création, la floraison printanière et le bruissement léger des premières feuilles, comme un appel délicat à une intériorité chuchotée, feutrée ; puis, par l’humanité et la sagesse du Verbe fait chair en Jésus ; et maintenant, par cet unique Esprit qui souffle à travers notre diversité, multiplie ses dons et nous désaltère. Rendons grâce pour cette vie abondante qui jaillit dans notre Communauté.


Anne Wagnière

Moïse a vu Dieu.
Les disciples ont côtoyé Jésus et furent témoins de ses miracles.    
Et nous ? Nous sommes ceux et celles à qui Jésus a dit :        
"Heureux ceux qui n'ont pas vu et qui ont cru"
"O toi l'au-delà de tout, nul esprit peut te saisir… nous dit Grégoire de Nazianze en parlant du St Esprit.       
Comme c'est vrai !      
Là où l'Esprit agit le mieux, c'est à notre insu.
Mais voilà que l'horizon s'élargit encore avec le prophète Esaïe qui nous dit : "Je t'ai appelé par ton nom, je t'ai choisi alors que tu ne me connaissais pas.    
Je t'ai donné de la force alors que tu ne me connaissais pas…
Oui, l'Esprit peut habiter toute femme tout homme, alors même que ceux-ci ne le connaissent pas.      


Claudine Combeau

Esprit es-tu là ? Je repense à cet homme plaqué au sol, il disait pourtant « je ne peux pas respirer », mais la force n’entendait pas, elle ne savait pas écouter. L’homme n’a plus respiré, il est mort. Avec sa mort la colère a éclaté, et elle s’est répandue.
Ceux qui aiment cet homme, ont-ils assez de larmes pour pleurer ? 
On dit que les yeux sont le miroir de l’âme, de notre intériorité, de notre moi profond.
Les larmes sont un don de Dieu, le don des larmes révèle ce qu’est l’homme face à Dieu. Les larmes nous sont données comme une grâce pour reconstruire le lien brisé, pour que la douleur puisse s’échapper, pour que le cœur puisse aimer autrement. Dieu a voulu la Vie, par l’Esprit Saint la vie se manifeste autrement. Et c’est un autre don que de ressentir par la suite, comment des ressources apparaissent, comment la conscience des choses s’affine, une paix s’installe petit à petit, de nouvelles connexions et compréhensions se développent. Malgré la mort, la vie suit son cours, on devient celui ou celle qui continue le chemin, avec vivant en soi, le lien infaillible de l’Esprit Saint qui écoute et m’accompagne.


Antoine Paris

J’étais frappé dans le texte de Paul par l’opposition, à trois reprises, entre, « varié » et « le même ». J’ai l’impression d’avoir souvent retenu de ce texte un message un peu fade, du type : chacun e a ses talents et chacun e peut les mettre à contribution, par exemple, dans une même cérémonie (l’un e en jouant de la musique, l’autre en lisant, etc.)  
        
C’est sûrement vrai et en même temps, c’est bien plus fort que ça.   
        
Si je regarde le texte grec, « varié » c’est « diaireseis » « des diversités », que je peux diviser en deux : dia-  un préfixe qui indique, entre autres, la divergence de chemins (comme dans di-versité) et airésis (airéseis au pluriel), qui signifie d’abord le choix, le fait de choisir et, par conséquent, le parti, l’école de pensée qu’on choisit, ce qui a donné en français (et dans l’Histoire de l’Église), « hérésie » et « hérétique ».    
        
Ce qui pourrait donner une traduction du type :      
        
04 Il y a différents groupes pour les grâces, mais c’est le même esprit.     
05 Il y a différentes hérésies, différents partis pour les manières de servir, et c’est le même Seigneur.  
06 Il y a différentes écoles, différentes Églises pour les actions mais c’est le même Dieu dont l’action fait tout en tous.
        
Je crois que ce texte appelle à bien plus qu’une simple collaboration entre tou te s, par-delà la diversité des dons reçus.       
        
Il affirme haut et fort qu’il existe différents groupes, différentes opinions, différentes Églises, différentes religions et manière de croire ou de ne pas croire.  
Et il n’essaie pas de conduire à une réconciliation. Ces divergences, ces diversités sont posées comme un fait : elles sont et elles seront toujours.
        
Et pourtant : c’est le même esprit, le même Seigneur en tous. 
        
Aucun groupe n’a le monopole de « la manifestation de l’esprit », de sa présence dans le monde. Aucun n’est, à lui seul, le visage unique de Dieu, son résumé. L’esprit de Dieu ne se met pas en credo, en case ou en bouteille : il est présent partout, même quand j’ai l’impression qu’il parle une autre langue que la mienne.