“Qui me voit, voit le père”.
Cette affirmation va au cœur de la relation entre Jésus et Dieu le père. Une relation qui n’est pas simple. Rien de moins que l’incarnation. J’ai entendu récemment une allocution du moine bénédictin Simon-Pierre Arnold (disponible sur youtube), qui discute précisément de cette question, et il adopte le concept de l’incarnation de bas en haut, C’est à dire que Jésus, homme, reçoit de Dieu le père un statut particulier, une inclusion totale dans l’amour du Père.
Nous sommes tous faits à l’image de Dieu, et je n’ai pas de difficulté à accepter que Dieu, dans une certaine mesure, est en nous. Namaste, le divin en moi reconnait le divin en toi.
Jésus, notre frère, aurait reçu du Père suffisamment de divin pour que “qui voit Jésus, voit le Père”. Je risquerais même de proposer que c'est le divin en moi qui reconnait le Père en Jésus.
JE SUIS LE CHEMIN , LA VÉRITÉ , LA VIE
Voilà paroles parmi les plus belles que je puisse entendre !
Un refrain lourd d'apaisement, d'espérance, d'allégresse…
Ma foi en ces paroles, un socle face à tous les évènements tristes ou joyeux exigeants ou stimulants.
Chemin menant vers un quelque part semi-obscur
Vérité solide et sûre.
Vie au-delà de toutes nos finitudes.
Jésus ALPHA et OMEGA.
Merveilleux mystère de foi pour les humains limités et mortels que nous sommes…
Ces paroles présentées par Jésus éclairent qui ? La personne qui espère ! Alors que fait-elle ?
Mes vieux pieds prennent lentement le chemin qui est le dernier pour que mes yeux voient le Père au loin, chaque jour je me remets en marche pour respirer la distance et sur ce chemin, la confiance éclaire la vérité qui garde mon cœur en vie.
Quel beau passage d’évangile, et si apaisant en ce temps agité ! Si la Création est la première incarnation de Dieu, Jésus est la deuxième, comme si le Créateur avait senti le besoin de se rapprocher de l’humanité pour renforcer son message de compassion et d’amour. La Parole est le véhicule de ce message comme nous le rappelle un autre magnifique passage de l’Évangile de Jean : « Seigneur, vers qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. » (Jn 6, 68)
"Je suis le chemin, la vérité et la vie". Cette parole habite mes jours et mes nuits de façon irrégulière, mais fréquente. Y pensant aujourd’hui devant le courriel de Pierre Francou, je vois en imagination le chœur de l’église St-Albert lumineux et éclairé de soleil, habité du sacré d’une Présence. Présence à la fois transcendante, venant je ne sais d’où, et immanente, jaillie des profondeurs de chacune des personnes qui constituent l’assistance. J’ignore comment cela éclaire ma vie. Mais une paix survient doucement, porteuse de sérénité.
À la demande plutôt naïve de Philippe « Seigneur, montre-nous le Père, et cela nous suffit », Jésus, pour qui il ne pouvait être question de « montrer » un Père qui n’est pas de ce monde et qui ne peut donc être vu avec des yeux de chair, répond succinctement « Celui qui m’a vu, a vu le Père ». Philippe a dû être bien déçu par cette réponse : lui qui était si habitué de voir Jésus quotidiennement, s’attendait sûrement à ce que lui soit révélé quelque chose de plus extraordinaire. Mais Jésus, qui venait justement de proclamer qu’il est le chemin, qu’il incarne le chemin, le véritable chemin qui conduit à la vie, à la vie éternelle, au Père donc, se montre un peu contrarié par cette demande inattendue. Aussi, est-ce afin de mieux se faire comprendre qu’il choisit de recourir à un langage direct et percutant pour souligner que celui qui le voit — non pas celui qui observe son apparence physique, mais celui qui voit en lui le véritable chemin qui permettra de voir le Père — celui-là peut voir le Père en lui. Il semble bien que ces paroles ont su éclairer la vie de l’apôtre Philippe. Il est donc permis d’espérer qu’elles éclairent aussi la nôtre.
Je me mets dans la peau des apôtres et je revois ce que Jésus a vécu avec eux, et encore ce qui viendra jusqu’à la croix : tant de bonté, tant d’accueil du meilleur au cœur de chaque personne, tant de pardon donné sans condition, bref le témoignage vivant d’un amour de toute l’humanité qui va bien au-delà de tous nos points de repère.
Puis la force de son affirmation : « Qui me voit, voit le Père » qui traduit la transparence de toute sa vie à l’Amour de son Père.
Alors me vient ce chant de Taizé (inspiré du Psaume 102) : « Dieu ne peut que donner son Amour, notre Dieu est tendresse ».
Puis cet appel de Jésus qui éclaire toute notre réalité : « Je suis le chemin, la vérité, la vie en plénitude ». C’est merveilleux qu’il ait également affirmé plus d’une fois : « Je serai toujours avec vous ». Je prie donc pour oser tenir sa main offerte sur ce chemin, puisque pour moi, c’est la seule façon d’espérer marcher timidement sur sa route, malgré mes doutes, mes hésitations, et tous mes détours…
La question, telle que formulée, m’embarrasse, car elle suppose que ces paroles « éclairent toute ma vie ». Je répondrai donc plutôt à la question : « Est-ce que ces paroles éclairent toute ma vie? » Là encore, je suis embarrassée, car si je suis volontiers Jésus sur le Chemin de la Vie (mais de quelle Vérité s’agit-il ?), j’ai plus de difficulté à voir le Père en lui; je ne peux m’empêcher, avec ma formation en psychologie, d’y voir une identification à une image paternelle ! Je peux donc dire que Jésus est pour moi un modèle qui me précède et m’accompagne sur le chemin de la vie et que c’est son Esprit qui me guide. Le reste est affaire de théologie, un peu trop abstraite pour moi.
Grâce à un cours de Michel Gourgues o.p. sur la formation du Nouveau Testament que j’ai suivi juste avant les événements, je redécouvre l’évangile de saint Jean que d’ailleurs mon père aimait beaucoup. Il y a tant de paroles très fortes dans cet évangile tardif comme si petit à petit le cœur du message s’était révélé davantage.
« Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie », cette parole frappe, est-ce de la prétention, qui pourrait en dire autant ? Lui, le Fils de Dieu, qui le voit voit le Père, ce n’est pas rien.
Je me dis que depuis longtemps dans ma vie je sais bien que si je cherche le chemin, c’est Lui.
Il est la Vérité : oui la parole qu’il dit est vraie, c’est bien pour cela qu’elle est parfois si exigeante mais elle peut aussi être apaisante.
Il est la Vie, ma vie, celle des autres, la Vie en plénitude à laquelle nous aspirons et qui n’aura pas de fin.
Jésus dit: que votre cœur ne se trouble pas. Ayez foi en Dieu, ayez aussi foi en moi.
Jésus prend des précautions avant de s’adresser aux apôtres.
Il commence par une mise en garde qui va à l’essentiel : les émotions, les réactions, les interrogations qui ne manqueront pas de se manifester.
Jésus sait que ce qu’il a à dire va bouleverser les apôtres, Il leur demande de garder la confiance en Dieu, et aussi la confiance en Lui.
Pour moi, ces deux phrases sont essentielles, elles me touchent particulièrement parce qu’elles sont extrêmement concrètes, profondes, et très présentes dans ma vie, chaque jour. Elles forgent une attitude bienveillante, elles conseillent, rassurent, en s’adressant au cœur, au centre du corps, elles tiennent compte de la fragilité et de la vulnérabilité qui pourraient m’atteindre à tous moments et surtout actuellement.
« Je suis le chemin, la vérité et la vie » Trois mots très simples, comme une «trinité ». L’amour est un chemin qui m’oriente vers la vérité du Christ et la vie éternelle.
Cela paraît simple, pourtant Jésus insiste, il veut convaincre : « croyez-moi… vraiment je vous l’assure…», j’ai besoin de mots comme ceux-là, pour les méditer, pour ne pas les oublier, ils me donnent du courage.
« Je suis dans le Père et le Père est en moi » Jésus à travers sa condition humaine se rapproche de ma propre condition humaine, et cela me convient parfaitement!
Des aventuriers, des marins, des astronautes ont pris la route pour aller sur les chemins les plus lointains possibles. Quand il n’y avait pas de route, ils en ont ouvert une eux-mêmes. Quand il fallait aller là où l’humain était incapable d’aller par son propre corps, ils ont inventé des moyens de la faire : scaphandres, dirigeables, avions, fusées.
Et pourtant, au retour de leurs aventures, il y avait parfois une déception, une amertume : là-bas, c’était pareil qu’ici ; même dans les profondeurs de l’espace, il n’y avait rien de nouveau, même sous des soleils qui ne sont pas le nôtre.
Des mages, des philosophes, des scientifiques, des détectives ont cherché la vérité, à coups d’enquêtes, d’analyses, de traités, de pages couvertes de signes.
Et pourtant, au retour de leurs recherches, il y avait parfois, souvent, une déception, une amertume : à la fin, la vérité paraissait toute simple, posée en quelques lignes sur un tableau. Et il n’y avait rien derrière.
Et il y a celles et ceux qui ont cherché Dieu. Avec obstination. Parfois on leur parlait d’un sanctuaire au sommet d’un pic, au-delà des mers, au-delà des déserts, au-delà des jungles. Ils y allaient et trouvaient le sanctuaire vide. Ils s’enfermaient alors loin du monde pour tenter des ascèses improbables, des jours et des jours de jeûne, avec l’espérance qu’en brisant la vie normale, à travers une des brèches, une des déchirures, ils verraient enfin, au-delà de la vie, le visage de Dieu.
Mais ils en revenaient, leur propre visage fermé, et ils s’enfermaient chez eux.
Reste alors, la vie. Non pas la vie telle qu’on la projette, mais la vie telle qu’elle est.
Déjà là. Toute simple. Toute donnée, dès maintenant.
La vie vivante, qui nous échappe toujours par ses fantaisies.
La vie qui ne se laisse pas réduire à des vérités en formule, sinon à sa vérité à elle, qui est informulable.
La vie qui est déjà chemin, en elle-même, et chemins démultipliés, par terre, mer, air, temps.
Ailleurs encore.
Parfois on ne sait pas quoi en faire, de cette vie toute simple. Elle est là, lumineuse, brillante, entre nos mains, et nos mains nous paraissent celles de gros géants maladroits devant tant de don, devant tant d’innocence.
Je crois que c’est cette innocence qu’il faut s’habituer à accueillir. L’innocence toute simple de ce que Dieu nous donne chaque jour.
Alors nos yeux se réouvriront et le monde se réouvrira. Ou plutôt, nous le redécouvrirons ouvert comme il l’a toujours été.
Nous retrouverons le visage du Père sur tous les visages, y compris le nôtre.
Et la vérité même dans nos mensonges, même dans nos erreurs, même dans nos errements.
Et le chemin et l’aventure de Jésus y compris dans nos impasses et dans nos confinements.