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Commentaires pour le 4e dimanche de Pâques

De l'enclos au paturage 

3 mai 2020


Michel Rigaud

En réponse à la question :

Il faut espérer que nous allons sortir de nos égoïsmes collectifs et individuels, pour prendre conscience que le Royaume est en train de progresser et de se réaliser petit à petit, MAIS si lentement !     
Notre écoute est-elle encore trop faible pour bien distinguer l'APPEL?     
Espérons que le temps présent soit propice pour nous permettre de mieux nous syntoniser, chacun à sa façon.   
NB : Nous comparer à des brebis trouve son sens uniquement si nous tenons compte de l'évolution socio-politique entre nous et les Galiléens du temps de Jésus. Il n'y a aucun doute qu'il y a beaucoup de parallèles à faire. Il faut faire l'effort nécessaire pour bien apprécier ce qui nous est donné à lire. 



Françoise Deroy-Pineau

   À la question posée - suis-je prête à sortir de ma zone de confort pour suivre Jésus ? - J’entends encore la voix de ma première « boss » : « Mademoiselle Deroy, vous n’avez pas le sens du confort ! »

Non, je n’avais pas, je n’ai pas et jamais eu le sens du confort. Qu’est- ce que ma zone de confort ? Un état passager qui précèdera invariablement une zone pérenne d’inconfort. Suis-je prête à « sortir de mes enclos, mes sécurités, mes zones de confort » ? Ça fait huit dizaines d’années que la vie me transporte régulièrement en un ailleurs géographique, sociologique, psychologique, virtuel ou réel, m‘oblige à franchir des frontières et outrepasser des sécurités, essayant – très mal – de m’y retrouver.     

Et Jésus là-dedans ? Si je sais reprendre mon souffle (est-ce la porte de la bergerie ?), je le ressens comme l’expression du Père, le Verbe qui me conduit par l’Esprit où Il sait. Quant à moi, je ne suis que l’aveugle sur le chemin, la brebis qui essaie de survivre. Ce n’est pas moi qui décide de m’évader de l’enclos, c’est Lui qui me fait sortir d’un inconfort à un autre, avec, parfois, un bref rayon de lumière rassurant.


Édouard Potworowski

Je n’aime vraiment pas être comparé à un mouton. Ça me rappelle les moutons qui ont suivi leur collègue que Panurge a jeté à l’eau ; ça me rappelle aussi les peuples qui ont suivi sans réfléchir un chef charismatique, un fürher par exemple. Il y a aussi d’autres exemples plus récents de types peu recommandables qui abusent des gens qui les adulent.           

Mais bon. Jésus y avait aussi pensé, à ceux qu’il vaut mieux ne pas suivre : dans les deux paraboles d’aujourd’hui, il parle de brigands et de voleurs.  

Ces deux paraboles se distinguent toutefois l’une de l’autre par le fait que dans la première, Jésus se compare au berger que les brebis sont invitées à suivre et dans la deuxième à la porte par laquelle les brebis devraient passer, puis de nouveau au berger.

Il semble donc que le rôle de Jésus dans nos vies soit central, mais que les mots humains ne soient pas adéquats pour l’expliquer. (“ils ne comprirent pas de quoi il leur parlait”) Jésus essaye deux fois. Et la doxologie trois fois : par Lui, avec Lui et en Lui !  

Ça nous sort certainement de notre zone de confort. Mais est-ce “pour” suivre Jésus ? ou “parce que” c’est Jésus, et qu’il nous appelle par notre nom ?


Christine Mayr

En ce temps de Covid19, la question ne se pose même pas. Prêts ou pas prêts, nous sommes poussés hors de notre zone de confort, hors de notre sécurité! 

Dieu merci l’évangile nous dit aussi : « il (le berger) marche à leur tête, et les brebis le suivent, car elles connaissent sa voix ».        

Un choix nous reste alors : c’est de faire confiance au son de cette voix que nous ne comprenions pas toujours – faire confiance qu’elle nous mène à la liberté et au pâturage  -  la suivre un pas à la fois.        

Le soir venu elle nous mènera de nouveau vers la sécurité de la bergerie.


Martine Lalinec

Et si le confinement était un cadeau ?

Pourquoi ne pas le considérer en effet comme une opportunité de nous remettre en question, de remettre en question notre mode de vie d’enfants gâtés, de laisser de côté les plateformes numériques, les faux amis…

Il nous est donné cette chose improbable dans notre monde actuel : avoir du temps ! Quelle merveille, quand la vie souvent s’écoule d’une occupation à une autre, sans répit. Ce temps libéré est si précieux. Il nous permet  de nous concentrer sur l’instant présent, de revoir nos priorités, nos relations humaines, de regarder nos proches et ceux qui traversent notre vie, d’une autre façon… Il nous permet aussi de nous réinventer, de découvrir en nous-mêmes des richesses que nous avions jusque-là plus ou moins occultées, de leur permettre de remonter en surface.
Enfin, il nous laisse méditer sur l’importance de la Terre dont nous avons négligé les besoins pendant si longtemps. C’est elle qui nous porte et nous fait vivre. Avons-nous oublié d’admirer sa beauté ?

Oui, le temps de confinement, le temps du silence est d’une grande richesse. Sachons apprécier ce temps qu’il nous est donné. 

Relire l’Évangile à la lumière de Covid-19.


Marilyse Lapierre

La voix de Jésus se fait entendre à partir de ce que nous vivons maintenant. Cette période de confinement bouleverse nos vies et nous conduit à "sortir" de nos certitudes et de nos habitudes. On peut voir tout ce dont on est privé en regard de ce qu'il y avait avant. Mais on peut aussi accepter cette situation qui nous est imposée et préparer l'avenir.
Qu'est-ce que la situation nous révèle sur ce que nous pourrions changer ? C'est un choc qui peut devenir une bénédiction. Boucar Diouf disait à Tout le monde en parle " La planète nous envoie un message. " Nous qui sommes chrétiennes et chrétiens, c'est l'Évangile qui doit nous donner la lucidité et l'audace de nous changer pour changer le monde. À tous et chacune de faire maintenant des choix pour l'après avec la foi que Dieu nous accompagne.


Monique Morval

Voilà près de deux mois que je vis à huis clos. J’y trouve certains avantages : je me sens en sécurité, les dirigeants me disent quoi faire ; je n’ai pas à me préoccuper du lendemain, d’autres s’en chargent ; je me suis fait une certaine routine pour m’aider à passer mes journées ; je peux pratiquer des activités plus à mon aise… Bref, je jouis d’un certain confort, même si je ne suis pas entièrement satisfaite : ce qui me manque le plus, ce sont les contacts réels avec les autres… Mais voilà que l’on annonce que le déconfinement va bientôt commencer. J’en suis heureuse, mais je ressens quand même une certaine appréhension : comment cela va-t-il se passerº? Quelle sera la suite des choses ? Même si les dirigeants veillent à ce que tout aille bien, je devrai prendre un risque calculé.      

Je ne peux m’empêcher d’établir un parallèle avec ma situation dans l’Église. J’ai trouvé une communauté qui me convient et où j’ai mes habitudes. Il y a des guides pour orienter mes réflexions. Les célébrations sont pleines de sens et de qualité. J’y ai des ami-e-s qui partagent la même façon de vivre la foi. Bref : je m’y sens confortable… Et voilà que les circonstances m’obligent à quitter cette sécurité pour suivre Jésus autrement : où va-t-il me mener ? Quels obstacles vais-je rencontrer sur le chemin ? Devrai-je trouver d’autres façons de vivre ma foi ? Même si Jésus m’indique le chemin, je ne suis pas prête à le suivre aveuglément. Je prendrai donc un risque calculé !


Annie Laporte

Qu'est-ce qui rend prêt à suivre Jésus ? 

Parfois c'est l'innocence de ne pas connaître les enjeux du chemin, parfois c'est l'exigence du moment à intervenir, parfois c'est le réconfort pour l'autre.         

Mais avant c'est la confiance en l'amour possible au delà de toute certitude.    


Claudine Combeaud

Sortir de nos enclos, de nos sécurités, et de notre zone de confort pour suivre Jésus.
           
Bien avant la crise sanitaire et le confinement, j’ai laissé derrière moi l’enclos de la société de consommation, de la course incessante, et des diktats sociaux qui affectent les pensées, les réflexions, les façons de vivre.
Vers où, vers quoi, et dans quel sens me diriger ? Quel est le sens de ma vie ?
J’ai échappé à l’enfermement des besoins inutiles et superficiels, à toute cette pléthore de produits de consommation qui aboutit à la mal bouffe, au gaspillage, aux maladies et au mal-être. Toujours plus, toujours mieux, les biens matériels à profusion…
La « tour de Babel »des pays riches vient de s’effondrer, et nous avons retrouvé le temps de vivre et la permission de réfléchir. Tout s’est arrêté, la course folle a pris fin. Et maintenant que va-t-il se passer ? La société est à réinventer, avec je le souhaite une élévation de la conscience, une quête de sens, et une sagesse qui pourrait nous inciter à exprimer notre dimension humaine dans sa spiritualité pour s’élancer vers plus d’intériorité, de verticalité.
On va s’apercevoir peut-être que des choses importantes avant la pandémie sont devenues futiles, et pour cela, réduire notre consommation et réévaluer nos besoins.
Le confinement me fait voir encore plus ce qui est essentiel : le silence, la présence à moi-même, et à la vie, le calme et l’apaisement. Et je sais que dans la pureté de cet instant, je peux rencontrer la paix et la joie du Christ. 


Suzanne Lavigueur

J’aime vraiment cet évangile tout en tendresse et en liberté, qui ouvre vers une vie en abondance. J’aime penser qu’Il est mon Berger, parce que Lui seul peut m’appeler par mon nom, Lui qui me connaît mieux que moi-même. J’aime aussi penser que je fais partie de son troupeau, de fait de toute l’humanité, et que chacune de ses brebis est également connue et précieuse à ses yeux.
J’aime penser aux dimanches où, rassemblés dans notre petit enclos de St Albert, nous tentons ensemble d’être plus attentifs/attentives au son de sa voix, en partageant notre confiance, notre espérance en sa présence. Ainsi soutenus, nous le prions ensemble pour oser enfin Le suivre, libres de sortir dans un vert pâturage, où nous attend le grand air et une vie en abondance, une vie librement reçue et partagée.
           
Cet appel à la confiance et à la liberté profonde que le Berger lance à chacune de ses brebis, me fait penser à cet extrait d’une prière de J. Leclercq :       

Un jour, Ton jour, ô mon Dieu, je m’avancerai vers Toi, avec mes pas titubants, avec toutes mes larmes dans mes mains, et ce cœur merveilleux que tu nous as donné, ce cœur trop grand puisqu’il est fait pour Toi…
Un jour, ton jour, ô mon Dieu, je viendrai vers Toi… et je saurai enfin que la tendresse c’est Toi, que ma liberté, c’est encore Toi. Je viendrai vers toi, et Tu me donneras Ton visage
(« Toi que je ne connais pas mais à qui j’appartiens » dira D. Hammarskjold)         

Oui, je prie pour oser croire à son Amour qui me libère.  


Renaldo Battista

L’évangile du jour se termine avec cette promesse de vie abondante de la part de Jésus. La pandémie actuelle nous offre la possibilité, au-delà des tragédies humaines dont nous sommes témoins quotidiennement, de redécouvrir, grâce au ralentissement du rythme effréné de nos sociétés et du silence, la beauté, l‘épaisseur et l’abondance de la vie sous toutes ses formes. Puissions-nous retenir le bien-être que cet espace nous procure et comprendre quelles seront les actions nécessaires pour assurer la survie de notre humanité et de notre planète.


Antoine Paris

Je ne sais pas si nous sommes prêts à sortir de nos enclos, de nos sécurités, de notre zone de confort.
Mais je sens combien nous en avons envie.
Je crois que cette envie, c'est l’envie de voyage, d’aventure qui nous anime depuis tout petit.
Que c’est l’envie d’un monde plus beau, d’un horizon plus ouvert, qui nous anime aussi, envie autour de laquelle se sont souvent refermés les enclos des duretés de la vie, des compromis à faire, des peurs, des difficultés qui nous empêchent de vivre à la hauteur de nos espoirs et de nos rêves.
Être prêt à sortir, c’est retrouver, au fond de nous, cette source d’espoir, d’envie. Cette source qui se manifeste toujours, que ce soit dans nos révoltes, sourdes ou éclatantes, contre tout ce qui peut être barrière, case toute faite, enclos fermé sur nous-même ou sur les autres.
Quand nous pouvons sortir, quand Quelqu’un de plus grand que nous nous donne le souffle, l’envie, la Porte pour sortir, peut-être que c’est toujours pour suivre Jésus au sens où il est cette Vie pleinement vécue, sans aucune limite.