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Commentaires pour le 3e dimanche de Pâques

De l'absence à la présence 

26 avril 2020


Danielle Gosselin

« Tu m’as montré les chemins de la vie
Tu m’as rempli d’espérance
Par ta présence »

Comme il est bon de me rappeler ce psaume que nous chantons si souvent à St-Albert, au moment où je suis confinée à la maison et que je ne vois pas tellement quel est chemin de ma vie.
Me rappeler que Tu es là, auprès de moi et de tous ceux et celles qui souffrent et que je ne peux pas soulager. Toutes ces personnes qui sont gravement atteintes par la Covid-19, chez nous, à côté de nous, et partout à travers le monde.
Tu es là ! Me le rappeler ravive mon espérance.   


Martine Lalinec

Oui, en ces temps de crise où nous sommes confrontés à la détresse de tant de personnes, celles qui perdent leur emploi, et qui regardent un monde sans avenir pour elles, celles qui n’ont plus à manger à leur faim, et surtout, la détresse des personnes en fin de vie qui meurent sans la consolation de voir le visage d’un être aimé. Gardons en nos cœurs toutes ces souffrances et espérons qu’elles ne durent pas trop longtemps.           
           
Espérons! Mais où trouver actuellement des motifs d’espérance et de réconfort? Regardons autour de nous. Nous voyons chaque matin le soleil se lever dans le ciel, chaque soir les étoiles nous envoient tour à tour leur lumière. Certains d’entre nous peuvent encore pratiquer leur métier. Certes, on peut imaginer sans peine que la vie sera différente après cette crise. Mais déjà, nous voyons autour de nous des gestes de courage magnifique, des secours spontanés qui se portent vers les plus démunis, de grands mouvements de solidarité de par le monde, des volontaires qui se portent au secours des plus grands malades… et des enfants qui nous regardent avec leurs yeux si confiants…
           
Signes d’espérance, signes de vie…


Françoise Deroy-Pineau

Présence, raison et résonnances. 
Chaque fois que j’essaie de raisonner à partir de ce refrain du psalmiste, ma cervelle tourne à vide.
Après une bonne respiration, ce qui remonte des tréfonds, c’est la voix de Claude-Marie (et celles qui l’ont précédée) accompagnée par le chœur de l’assemblée résonnant dans l’église remplie sous un soleil joyeusement filtré par les vitraux de couleur. Quelle mystérieuse présence! Elle se projette à travers le temps et l’espace pour nous englober dans une communauté virtuelle et pourtant bien réelle. Ce virus et ses conséquences nous métamorphosent vers une réalité nouvelle qui se révèle peu à peu, au fil des heures. Épreuve? Passage? Naissance? 

 


Annie Laporte

Remplie d’Espérance        
« Tu m’as montré le chemin de vie et Tu m’as rempli d’espérance par ta présence. »        
Comment trouver le chemin de vie? Dans la pleine espérance en ma prière du matin.       
En décelant l’Invisible dans le visible.        
Avec les mots du chant de communion du 29 sept 2019
« C’est trouver dans ma vie ta présence » (J.C.Gianadda)
Trouver dans ma vie ta présence. Tenir une lampe allumée.
Choisir d’habiter la confiance. Aimer et se savoir aimé.     

1- Croiser Ton regard dans le doute.        
    Brûler à l’écho de Ta voix.    
    Rester pour le pain de la route.    
    Savoir tout ce que Tu m’apportes.


2- Ouvrir quand Tu frappes.
     Briser les verrous de la peur.   
     Savoir tout ce que Tu m’apportes.
     Rester et devenir veilleur.


 

Édouard Potworowski

J’ai eu l’occasion récemment de réfléchir sur le “Royaume de Dieu”, un concept qui est complexe parce qu’il dépasse notre compréhension et aussi parce qu’il nous est difficile d’imaginer, faute de paramètres positifs. On parle de l’éternité en négatifs : l’absence de temps et d’espace. On parle de Dieu comme d’un esprit sans corps et donc sans endroit concret où le trouver.       
Et pourtant c’est vers ce Royaume que Jésus nous montre le chemin, le chemin de la vie.        
Est-ce un idéal incompréhensible, et donc peu attrayant? (“On doit vraiment s’ennuyer dans l’éternité”). Il me semble que ce n’est pas le cas. Je vois le Royaume de Dieu comme étant dans une dimension que nous pouvons entrevoir de temps en temps, et ressentir plutôt que comprendre. Les pensées, les émotions n’ont besoin ni de temps ni d’espace. On aime nos parents défunts.     
Jésus vivait dans les deux dimensions (voir l’épisode de la transfiguration) et se trouvait donc dans une situation unique pour faire le lien, par sa présence.  


Marie-Gabrielle

Tu m'as montré le chemin de la vie… Ma vie comme un chemin. Je regarde en arrière le chemin parcouru. Il est fait de sections larges et bien balisées, et d'autres plus risquées. Il m'a parfois menée à des impasses ou à des labyrinthes où je m'égarais longtemps. Pourtant, je suis encore sur ce chemin et je m'en émerveille. Il s'est toujours trouvé quelqu'un ou quelque chose pour m'y ramener, me remettre en route. Le dimanche, nous nous retrouvons à l'étape. Je veux croire que ce chemin mène à davantage de vie, de fidélité à moi-même et de compassion.


Claudine Combeaud  

PSAUME 4  
Quand je crie, réponds moi, Dieu de ma justice,  
dans l’angoisse tu m’as mis au large :        
pitié pour moi, écoute ma prière!   
           
Fils d’homme, jusqu’où s’alourdiront vos cœurs,   
pourquoi ce goût du rien, cette course à l’illusion?
           
Sachez-le, pour son ami Yahvé fait merveille,     
Yahvé écoute quand je crie vers lui.          
           
Frémissez et ne péchez plus,        
parlez en votre cœur, sur votre couche faites silence.      
           
Offrez des sacrifices de justice et soyez sûr de Yahvé.  
           
Beaucoup disent : « Qui nous fera voir le bonheur? »    
Fais lever sur nous la lumière de ta face.   
           
Yahvé, tu as mis en mon cœur plus de joie          
qu’aux jours où leur froment, leur vin nouveau débordent.          
           
En paix, tout aussitôt, je me couche et je dors :   
c’est toi, Yahvé, qui m’établis à part, en sûreté.    


Jean Duhaime

Un chemin de vie à travers la mort : « Tu ne peux laisser ton ami voir la corruption »        

Si le Psaume 15 (16 dans la Bible hébraïque) se retrouve dans la liturgie du 3e dimanche de Pâques, c’est parce que Pierre le cite comme une prophétie de David annonçant la résurrection de Jésus : « Il a vu d’avance la résurrection du Christ, dont il a parlé ainsi : Il n’a pas été abandonné à la mort, et sa chair n’a pas vu la corruption. Ce Jésus, Dieu l’a ressuscité ; nous tous, nous en sommes témoins… » (Actes 2,25-32)       

À première vue, le raisonnement est assez convaincant. Mais est-ce vraiment le cas? Le texte hébreu du verset 10, se traduirait littéralement : « Car tu n'abandonneras pas mon être au shéol, tu ne donneras pas à ton fidèle  de voir la tombe ». À l’origine, ce psaume affirme simplement la conviction du suppliant que Dieu le préservera de la mort dont il se sent menacé. Pour voir dans ce texte une prophétie de la résurrection de Jésus, comme le fait Pierre, il nous faut le lire dans la version grecque des Septante, réalisée vers le 2e s. avant notre ère. Elle reflète la compréhension qu’une partie de la communauté juive de l’époque. Dans cette version, le veerset 10 se lit : « Car tu n'abandonneras pas mon âme à l'Hadès, tu ne donneras pas à ton fidèle de voir la corruption ».                  

En rendant un terme concret (« la tombe ») par un terme plus abstrait (« la corruption »), la traduction grecque suggère une interprétation un peu différente : même si son fidèle mourait et descendait au séjour des morts (le Shéol / l’Hadès), Dieu ne l’abandonnera pas très longtemps à la mort et sa chair ne connaîtra pas la corruption (qui intervient dans les jours suivant le décès…). C’est sur une interprétation similaire que se fonde le raisonnement de Pierre. Il suppose une foi déjà admise en la résurrection, ou du moins une espérance en elle, là où le psaume suggérait plutôt une confiance en la puissance protectrice de Dieu. Est-ce à dire que le raisonnement de Pierre n’est pas adéquat? Non, il faut plutôt y voir un approfondissement du sens du psaume qui illustre bien le mot de Grégoire le Grand : « L’Écriture croît, d’une certaine manière, avec ceux qui la lisent ».              

Depuis plusieurs années, le Dialogue judéo-chrétien de Montréal, dont je fait partie, invite les communautés chrétiennes à faire mémoire de la Shoah le 3e dimanche de Pâques, qui suit de quelques jours la commémoration juive des victimes de l’Holocauste. Ce génocide, un des pires de l’histoire, a vu périr la moitié de la population juive d’Europe, principalement dans les camps de la mort créés par les nazis. Dans ce contexte, le psaume peut être compris comme l’expression de la conviction que même au pire de cette catastrophe, Dieu n’a pas abandonné les siens.        

Il s’est trouvé des justes pour leur venir en aide. La tragédie a aussi éveillé les consciences, chez les chrétiens en particulier, et les a amenés à transformer leur regard, leur discours et leur attitude envers le judaïsme. Elle continue de mobiliser des hommes et des femmes d’aujourd’hui qui combattent les préjugés et la discrimination et promeuvent les droits de la personne et en priorité ceux des plus démunis et des plus fragiles. Ne pouvant commémorer la Shoah par une cérémonie « en présence », le Dialogue propose cette année une Prière commémorative sous forme de vidéo qui va dans le sens de cette lecture du Psaume. Je vous invite à la visionner en suivant ce lien : https://vimeo.com/404752414.