Célébration du Pardon - (année a)

Richard Guimond

Mercredi le 9 avril 2005


Le pardon ressuscite

 

•  Orgue et violoncelle

•  Lecture : Lytta Basset – textes choisis

Le pouvoir de Pardonner

Le pardon est une démarche à contre-courant, écrit Lytta Basset, le pardon est la seule action humaine qui ne soit pas le résultat logique de ce qui l'a précédé. On peut considérer Pâques comme la révélation fulgurante de la source, qui permit aux premiers chrétiens d'accepter le mal subit dans la personne de leur maître, de le laisser aller sans condition. Or, précisément, Pâques pulvérise toute logique. C'est pourquoi, tout acte de pardon prend les couleurs de Pâques. « On ne peut jamais prévoir l'acte de pardonner. Le pardon est la seule réaction qui ne se borne pas à ré-agir mais qui agisse de façon nouvelle et inattendue, non conditionné par l'acte qui l'a provoqué et qui par conséquent libère des conséquences de l'acte à la fois celui qui pardonne et celui qui est pardonné. » (H. Arendt)

L'événement de Pâques peut être perçu comme le chant de la source : discret, insistant ou assourdissant… C'est lui qui, tel le chant d'une sirène, appelle les humains offensés à vivre à contre-courant, à enfanter eux-mêmes la liberté de Dieu. Ainsi le mal subit n'engendre plus le mal reproduit, à l'infini, selon le processus inexorable de l'action et de la réaction. Le pardon met au monde une réalité qui vient d'Ailleurs, même s'il s'inscrit dans la mémoire du mal subi.

L. BASSET, Le pouvoir de pardonner Albin Michel 1999, p.277

•  Silence

•  Introduction : Pauline Boilard ;

Où en est notre humanité ?

Il est des situations dramatiques qui la plonge dans un mal innommable, dans une impuissance insupportable. Ces mêmes situations dramatiques laissent parfois des espaces vides, difficiles à identifier et à traverser.

Et nous dans tout cela, il est des moments où nous nous sentons terriblement plongés dans ces situations et réactions humaines. Toutes les routes semblent parfois bloquées. Autrement dit, nous expérimentons les limites de la réalité humaine à travers un mal qui nous déroute.

Cette prise de conscience ne constitue-t-elle pas souvent notre premier pas sur la route du pardon : les pardons offerts à soi-même et à l'autre, les pardons que nous attendons et ceux que nous assumons, les pardons que nous accueillons et ceux que nous partageons avec la communauté.

Mais qu'est-ce que le pardon ? Lytta Basset suggère que : « Si le mal est ce qui fait mal, le pardon est ce par quoi cela ne fait plus du tout mal. Impossible de le définir. On en constate les effets. En lui-même il semble n'être qu'un laisser aller, un acte de liberté qui, une fois posé, laisse place à la vie. » (1)

Ce soir, c'est précisément pour libérer la vie que nous tenterons ensemble de nous laisser surprendre par le mystère d'une grâce de pardon discrètement offerte. Un pardon qui ressuscite. Un pardon qui fait et refait notre humanité individuelle et collective. Engagée dans ce cheminement, que notre communauté soit un lieu de pardon et de fête, où chacun et chacune offrent et trouvent une présence fraternelle pour les traversées diverses de leur vie.

(1) L. BASSET, Le pardon originel, Genève, Labor et Fides, 1995, p. 462 .


•  Prière d'ouverture

Disposons-nous à la prière.

Seigneur,
nous pouvons nous tenir devant toi avec confiance,
car tu ne lèves pas la main contre nous
quand nous ne portons pas de fruits ;
tu ne nous retires pas ton amour
quand nous nous éloignons de toi,
tu ne nous abandonnes pas
quand nous sommes lents à suivre tes chemins
et à marcher sur tes pas.
Nous pouvons donc nous tenir devant toi avec sérénité,
Dieu de patience, de tendresse et de bonté,
toi qui marches près de nous
quel que soit le rythme de nos pas.
Quels que soient, Seigneur,
nos sentiments en cette célébration
de la fête du pardon et de la réconciliation.

 

•  Chant : Point de prodigue devant Dieu - G 183-1

•  Pause de silence

•  Lecture biblique : Le pardon de Joseph (Genèse 50,15-21)

 

Nous allons écouter un bref extrait de l'histoire de Joseph vendu par ses frères. C'est une longue histoire ponctuée de grands sentiments humains, une histoire qui suscite beaucoup d'intérêt. Pour nous, en cette célébration, il sera pertinent, je crois, d'entendre le récit du pardon de Joseph à ses frères.

Voyant que leur père était mort, les frères de Joseph se dirent : « Si Joseph allait nous traiter en ennemis, et nous rendre tout le mal que nous lui avons fait. » Aussi, envoyèrent-ils dire à Joseph : « Avant de mourir, ton père a exprimé cette volonté : ‘Vous parlerez ainsi à Joseph : Ah ! Pardonne à tes frères leurs crimes et leurs péchés, tout le mal qu'ils t'ont fait.' Et maintenant, veuille pardonner le crime des serviteurs du Dieu de ton père. » Et Joseph pleura aux paroles qu'ils lui adressaient.

Ses frères eux-mêmes vinrent et, se jetant à ses pieds, dirent : « Nous voici pour toi comme des esclaves ! Mais Joseph leur répondit : « Ne craignez point ! Vais-je me substituer à Dieu ? Le mal que vous aviez dessein de me faire, le dessein de Dieu l'a tourné en bien, afin d'accomplir ce qui se réalise aujourd'hui : sauver la vie à un peuple nombreux. Maintenant, ne craignez point : c'est moi qui vous entretiendrai, ainsi que les personnes à votre charge. » Il les consola et leur parla affectueusement.

•  Violoncelle

•  Homélie : Richard Guimond

Tout au début de notre célébration, un texte de Lytta Basset nous rappelait que tout acte de pardon prend les couleurs de Pâques. Pâques, avons-nous entendu, pulvérise toute logique. Le pardon agit de façon nouvelle et inattendue, une manière de résurrection. L'événement de Pâques nous appelle à vivre à contre-courant, à enfanter nous-mêmes la liberté de Dieu.

Le pardon de Joseph est à contre-courant de la proposition de ses frères dont le repentir fit pleurer Joseph. Humainement parlant, ils ne pouvaient guère rêver à autre chose que d'être les esclaves de Joseph. Or, tel n'est pas le pardon, depuis celui de Joseph jusqu'à celui du fils prodigue et de la femme adultère.

Ne craignez point, dit Joseph à ses frères. Le pardon de Joseph : une sorte de résurrection de l'amour et de la dignité.

Quelle beauté que cette dernière phrase, quelle beauté pascale : « Joseph consola ses frères et leur parla affectueusement. »

•  Bref silence

•  Orgue méditatif (2 min). On allume les cierges

•  Introduction à l'examen de conscience

Dans les moments qui vont suivre, prenons le temps, à la fois, de confesser Dieu et de confesser nos péchés. Que, dans le silence et inspirés par un chant, nous aimions rendre grâce au Seigneur pour ce que nous avons vécu de bon et de prometteur ces derniers temps : un volet de confession de Dieu, de reconnaissance et d'action de grâce.

Second volet : dans le secret de notre cœur et à l'écoute de l'Esprit de vérité, reconnaissons ce qui, dans nos vies respectives, n'a pas été selon nos options prioritaires pour un bonheur selon Dieu.

•  Pause de silence (2 ou 3 minutes)

•  Chant : Pardon (M.-Claire Pichaud)

•  Rite de réconciliation

Je vous invite à aller chercher une bougie et à vous regrouper autour de la croix pour une bénédiction et une prière ainsi que le chant du Notre Père.

Chant du Notre Père de Rimski-Korsakov

Seigneur, Notre Dieu et Père,
nous avons foi et espérance en ta miséricorde,
aussi, nous n'avons pas voulu,
mis en ta présence
taire ce que nous sommes :
les désistements les lâchetés, les peurs
comme les courages et ce qui est bon
en désir et en geste dans nos vies.


Par la mort et la résurrection de ton Fils,
tu réconcilies le monde avec toi,
tu envoies ton Esprit pour la rémission des péchés.
Nous te rendons grâce
pour le pardon et la paix que tu nous donnes
par le ministère de ton Église.
Nous te rendons grâce pour ce pardon
qui est plus grand que notre cœur,
qui renouvelle notre amitié avec toi
et qui nous donne la force pour accomplir
ce qui est meilleur en nous.
Seigneur, notre Dieu et Père,
garde-nous dans ton amour,
fais que le monde te voie aussi en nous ;
que la conscience de notre humilité
nous rende accueillant à tous ceux-là
qui, comme nous, te cherchent et te désirent.

Seigneur, notre Dieu et Père,
garde-nous dans tes mains,
que nous ne connaissions pas la désespérance,
mais que nous soyons toujours ouverture et accueil
à ton Fils, Jésus,
ton amour parmi nous
et notre communion avec toi
comme avec tous nos sœurs et frères
maintenant et jusqu'aux siècles des siècles. Amen

•  Rite individuel

Si vous voulez maintenant rencontrer un prêtre pour une démarche individuelle de pardon, vous pouvez le faire.

Pendant ce temps, le violoncelle nous aidera à un climat de recueillement dans la beauté dont on a dit qu'elle sauverait le monde.

Bonnes Pâques.


Le pouvoir de pardonner

Le pardon est une démarche à contre-courant, écrit Lytta Basset, la seule action humaine qui ne soit pas le résultat logique de ce qui l'a précédé. On peut considérer Pâques comme la révélation fulgurante de la source, qui permit aux premiers chrétiens d'accepter le mal subit dans la personne de leur Maître, de le laisser aller sans condition. Or précisément, Pâques pulvérise toute logique. C'est pourquoi tout acte de pardon prend les couleurs de Pâques. « On ne peut jamais prévoir l'acte de pardonner. Le pardon est la seule réaction qui ne se borne pas à ré-agir mais qui agisse de façon nouvelle et inattendue, non conditionnée par l'acte qui l'a provoqué et qui par conséquent libère des conséquences de l'acte, à la fois celui qui pardonne et celui qui est pardonné. » (1)

L'événement de Pâques peut être perçu comme le chant de la source : discret, insistant ou assourdissant… C'est lui qui, tel le chant d'une sirène, appelle les humains offensés à vivre à contre-courant, à enfanter eux-mêmes la liberté de Dieu. Ainsi le mal subit n'engendre plus le mal reproduit, à l'infini, selon le processus inexorable de l'action et de la réaction. Le pardon met au monde une réalité qui vient d'Ailleurs, même s'il s'inscrit dans la mémoire vivante du mal subit.

Lytta Basset

Le pouvoir de pardonner p.277

(1) H. Arendt


Le pardon de Joseph

Voyant que leur père était mort, les frères de Joseph se dirent : « Si Joseph allait nous traiter en ennemis, et nous rendre tout le mal que nous lui avons fait ? » Aussi envoyèrent-ils dire à Joseph : « Avant de mourir, ton père a exprimé cette volonté : ‘Vous parlerez ainsi à Joseph : Ah ! Pardonne à tes frères leur crime et leur péché, tout le mal qu'ils t'ont fait !' Et maintenant, veuille pardonner les crimes des serviteurs du Dieu de ton père ! » Et Joseph pleura aux paroles qu'ils lui adressaient.

Ses frères eux-mêmes vinrent, et se jetant à ses pieds, dirent : « Nous voici pour toi, comme des esclaves. » Mais Joseph leur répondit : « Ne craignez point ! Vais-je me substituer à Dieu ? Le mal que vous aviez dessein de me faire, le dessein de Dieu l'a tourné en bien, afin d'accomplir ce qui se réalise aujourd'hui : sauver la vie d'un peuple nombreux. Maintenant, ne craignez point : c'est moi qui vous entretiendrai, ainsi que les personnes à votre charge.» Il les consola et leur parla affectueusement.

Du livre de la Genèse ch. 50, v. 15 à 21