Funérailles de Guy Boulizon
célébrées en l’église
de la Communauté chrétienne Saint-Albert-le-Grand de Montréal,
le 26 août 2003, à 16 h 00

La création et la vie

I. OUVERTURE

1.1. Vers 15H45 : Musique d'orgue suivi d'un temps de silence vers 16h00.

1.2. Quand le cercueil arrive : reprise de l'orgue pendant que le cercueil s'avance.

1.3. Une fois à l'avant et les invités placés : Intervention de Jeannette.

Je suis moi, tu es toi.
Ce que nous étions l'un pour l'autre, nous le sommes toujours.
Donne-moi le nom que tu m'as toujours donné,
Parle-moi comme tu l'as toujours fait.
Continue de rire de ce qui nous faisait rire ensemble.
Que mon nom soit prononcé à la maison comme il l'a toujours été,
Sans emphase d'aucune sorte, sans trace d'ombre.
La vie signifie tout ce qu'elle a toujours été, le fil n'est pas coupé.
Je t'attends, je ne suis pas loin, juste de l'autre côté du chemin.

1.4. Introduction par Guy Lapointe

97 ans d’une longue vie, trop courte…
Guy Boulizon, l’homme qui croyait en la vie,
Guy Boulizon, l’homme d’une immense créativité jusqu’à la fin de sa vie. Dans les derniers mois, alors que sa vue était encombrée d’ombres et qu’il ne pouvait plus peindre, quelqu’un lui a demandé: « quand tu es couché dans ton lit, à quoi penses–tu? » Il avait répondu : « je crée ».
Guy Boulizon, l’homme de foi dans les autres, le pédagogue, le fondateur, l’artiste, le conteur… L’homme d’action et d’extase, si engagé dans la société.
Guy Boulizon, celui qui croyait dans le destin de l’Évangile: homme de foi, de foi questionneuse, jamais assise sur des certitudes, cherchant toujours les mots et les traits pour se dire. Pour lui, le lot commun de la condition humaine et de la foi chrétienne était l’interrogation.
Guy Boulizon le mari de Jeannette, couple plein de connivences et d’humour; le père, le grand-père et l’arrière grand-père, le collègue, l’ami.
Bienvenue à vous tous, d’horizons divers, présents et si nombreux pour dire adieu à Guy. Et lui qui était un membre si intense de la Communauté chrétienne Saint-Albert-le-Grand qui se réunit dans cette église, lui qui a été des tout premiers jours et son inspirateur à bien des moments, nous te disons notre affection la plus grande et toute notre reconnaissance pour cette foi, cette espérance qui te caractérisaient. Nous t’accueillons nombreux et nous te confions à Dieu.
Ensemble, dans cette célébration, tout en respectant les cheminements de chacune et chacun d’entre nous, nous allons entrer dans une conversation à plusieurs voix; celle de Guy, plus silencieuse, à travers sa dépouille et la peinture que nous pouvons admirer; la nôtre déjà entendue à travers celle de Jeannette; celle de Dieu que nous écouterons ensemble dans la Parole partagée et dans notre prière et notre action de grâce communes.
Dès maintenant, amorçons cette conversation dans une prière.

1.5. Prière

Dieu,
Dieu des commencements
Des matins et des créations,
Des naissances et des automnes.
Tu restes le Dieu du premier mot
Le Père du premier-né
La source de vie.
Dans le cours de nos vies,
Comme tu l'as fait pour Guy,
Tu nous as toujours invités à aller plus loin,
Quand nous nous étions arrêtés.
Regarde le monde et recommence.
Ne laisse pas la tristesse
Envahir tes forces de vie en nous.
Sois encore aujourd'hui
l'espérance, la patience,
et qu'au-delà de toutes les morts,
l'amour, le tien, le nôtre,
demeure toujours inventif.

1.6. Chant : « Quand on n'a que l'amour » de Jacques Brel

Quand on n'a que l'amour
À s'offrir en partage
Au jour du grand voyage
Qu'est notre grand amour
Quand on n'a que l'amour
Mon amour toi et moi
Pour qu'éclatent de joie
Chaque heure et chaque jour
Quand on n'a que l'amour
Pour vivre nos promesses
Sans nulle autre richesse
Que d'y croire toujours
Quand on n'a que l'amour
Pour meubler de merveilles
Et couvrir de soleil
La laideur des faubourgs
Quand on n'a que l'amour
Pour unique raison
Pour unique chanson
Et unique secours.
Alors sans avoir rien
Que la force d'aimer
Nous aurons dans nos mains
Amis le monde entier

II. TEMPS DE LA PAROLE

2.1. Lecture de la Genèse (Ch.1)

Ce texte sera lu par Antoine Boulizon , le fils de Guy et Jeannette.

Au commencement,
Dieu créa le ciel et la terre.
Or la terre était vague et vide, les ténèbres couvraient l'abîme, l'esprit de Dieu planait sur les eaux.
Dieu dit: « Que la lumière soit » et la lumière fut.
Dieu vit que la lumière était bonne,
Et Dieu sépara la lumière et les ténèbres.
Dieu appela la lumière « jour » et les ténèbres « nuit ».
Il y eut un soir et il y eut un matin: ce fut le premier jour.
Dieu dit : « Que la terre produise des êtres vivants selon leur espèce »
Et il en fut ainsi.
Dieu fit les bêtes sauvages selon leur espèce,
Les bestiaux et toutes les bestioles du sol,
Et Dieu vit que cela était bon.
Dieu dit : « Faisons l'homme à notre image et à notre ressemblance,
Qu'il domine sur les poissons de la mer, les oiseaux du ciel,
Toutes les bêtes sauvages et toutes les bêtes qui rampent sur la terre. »
Dieu créa l'homme à son image, à l'image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa.
Dieu les bénit et leur dit: « Soyez féconds, multipliez, emplissez la terre et soumettez-la. »
Dieu dit: «Je vous donne toutes les herbes portant semence, qui sont sur la surface de la terre,
Et tous les arbres qui ont des fruits portant semence : ce sera votre nourriture. »
Dieu vit tout ce qu'il avait fait : cela était très bon.

2.2. Court temps de silence

2.3. Chant : « Bénissez le Seigneur... »

Que l’univers chante Dieu, Bénissez le Seigneur ! Tout ce que Dieu a créé, Bénissez le Seigneur ! Hommes et femmes de la terre, Bénissez le Seigneur ! Rendez-lui grâce en disant : Bénissez le Seigneur !
Pour son projet créateur, Bénissez le Seigneur ! Pour sa présence éternelle, Bénissez le Seigneur ! Pour tout ce qui porte fruit, Bénissez le Seigneur ! Rendons-lui grâce en chantant: Bénissez le Seigneur !
Et vous, enfants de la terre, Bénissez le Seigneur ! Et vous, nations, continents, Bénissez le Seigneur ! Et vous, campagnes et cités, Bénissez le Seigneur ! Rendez-lui grâce en disant : Bénissez le Seigneur !

2.4. Lecture de l'Évangile selon Jean (Jn 6, 24b-27; 30-35a) (Guy Lapointe)

La foule s'était aperçue que Jésus n'était pas au bord du lac,
Ni ses disciples non plus.
Alors les gens prirent les barques
À la recherche de Jésus.
L'ayant trouvé sur l'autre rive, ils lui dirent :
« Rabbi, quand es-tu arrivé ici? »
Jésus leur répondit :
« Je vous le dis
vous me cherchez,
non parce que vous avez vu des signes,
mais parce que vous avez mangé du pain
et que vous êtes rassasiés.
Ne travaillez pas pour la nourriture qui se perd,
Mais pour la nourriture qui se garde
Jusque dans la vie éternelle,
Celle que vous donnera le Fils de l'homme. »
Ils lui dirent alors :
« Quel signe vas-tu accomplir
pour que nous puissions le voir, et te croire?
Quelle œuvre vas-tu faire?
Au désert nos pères ont mangé la manne;
Comme dit l'Écriture :
Il leur a donné à manger le pain venu du ciel. »
Jésus leur répondit : « Je vous le dis :
Ce n'est pas Moïse
Qui vous a donné le pain du ciel;
C'est mon Père
Qui vous donne le vrai pain venu du ciel.
Le pain de Dieu,
C'est celui qui descend du ciel
Et qui donne la vie au monde. »
Ils lui dirent alors :
« Seigneur, donne-nous de ce pain-là, toujours. »
Jésus leur répondit :
« Je suis le pain de la vie.
Celui qui vient à moi n'aura plus jamais faim;
Celui qui croit en moi n'aura plus jamais soif. »

2.5. Acclamation chantée :

Toi qui étanches notre soif, ô Dieu vivant,
Toi qui rassasies nos faims, gloire à Toi !

2.6. Homélie (par Françoise Boulizon-Allard, la fille de Guy et Jeannette)

Bonjour, bienvenue à vous tous.
Tout ce que vous entendrez de moi sera un pâle reflet de ce que j’ai entendu de vous depuis hier. Vous tous ici, anciens élèves devenus gens célèbres et connus, amis per
sonnels de mes parents, chrétiens engagés de cette communauté ou philosophes en quête d’absolu, sachez que j’ai appris plus de vous sur mon papa que ce que je pourrais vous dire.
Alors, devant ce déferlement de témoignages sur ses talents, sur son amour pour vous tous, je me suis demandé ce que Papa aurait aimé vous apprendre de lui et il m’est venu des images que jamais il n’aurait racontées à des journaux, à la radio ou sur internet – où, en passant, si vous voulez des récits sur ses réalisations, vous pourrez y trouver un texte très complet.
Ces images concernent toute la richesse de sa vie intérieure. Papa était presque aveugle ces dernières années, mais il continuait à « voir » avec les yeux de la foi. Papa avait compris depuis longtemps que la foi était faite de plusieurs choses comme une palette de peinture. Il aimait la vie religieuse, les communautés chrétiennes où on peut s’exprimer, où on peut louer notre Dieu. Je serais surprise de savoir combien de toiles il a peintes avec un clocher, symbole de la fraternité, du partage, de l’entraide, mais aussi de la nourriture spirituelle. Il avait compris aussi que la prière est une communication, une relation avec notre père, que cette prière peut s’exercer en communion avec des amis mais qu’elle passe inévitablement par une relation personnelles avec notre Dieu. Il racontait à ceux qui étaient ouverts à la vie spirituelle que le matin, très tôt, il se levait et que cachant l’abat-jour (c’était sa pudeur à lui) il vivait alors des moments de présence véritable avec le Seigneur.
Il aimait entendre parler de ce que Dieu fait dans nos vies, de notre foi dont il disait même parfois qu’il était jaloux, mais à écouter les cassettes sur lesquelles il raconte comment Dieu l’a dirigé dans les événements de sa vie, comment Dieu l’a béni abondamment en lui donnant l’épouse dont il avait besoin, en lui assurant une postérité dont il était fier et en le comblant de dons et de talents que vous lui connaissez, je pense que c’est nous tous qui devrions être jaloux de sa foi.
Oui Dieu a dirigé mon père avec une main amante, oui Dieu est romantique quand on a besoin de romantisme ; mais, par-dessus tout, Papa a accepté de se laisser conduire parce que Dieu peut guérir qui il veut, Dieu peut donner les talents qu’il veut à qui il veut, mais il faut le vouloir, il faut le lui demander, il faut accepter d’avoir confiance en lui, il faut exprimer qu’on a besoin de Dieu, comme on a besoin d’un papa qui nous aime. Sachez donc hors de tout doute que si papa a réussi à créer tant de belles choses, à commencer par donner de l’amour à ceux qui l’approchaient, c’est qu’il était nourri par ce pain de vie qui l’a inspiré dans chacune de ses créations, dans chaque geste d’amour.
Alors, Papa, toi qui détestais voyager, je te souhaite un bon voyage ; disons plutôt que je te souhaite de bonnes vacances, parce que tu disais que la mort ne te faisait pas peur, que tu étais prêt, que tu avais eu tout ce que tu voulais de ta vie et que même si « les grandes vacances de l’éternité » ça pouvait toujours attendre (tu trouvais toujours quelque chose de nouveau pour profiter de la vie) eh bien maintenant Papa l’éternité, tu y es ; alors « bonnes vacances Papa ! ».

2.7. Pièce d'orgue

III. TEMPS DE L'EUCHARISTIE

3.1. Prologue

Seigneur Jésus,
Un jour ou l'autre, tôt ou tard,
Toute femme, tout homme
Découvre dans sa vie –
À moins de mort instantanée –
Que le soir est proche.
Alors que la lumière sur la terre
Baisse pour les uns
Et qu'elle s'élève comme une promesse
pour les autres,
laisse-nous te dire
notre peine traversée d'espérance,
laisse-nous te dire aussi
notre louange pour les espoirs
que Guy a suscités
tout au long de sa vie.

3.2. Prière eucharistique

Dialogue : Élevons notre cœur...
Dieu,
Il est juste et bon de te rendre grâce,
Dans la mémoire de ton Fils bien-aimé, Jésus le Christ.
De lui s'élève jusqu'à toi
Le chant de la création renouvelée
Depuis que la lumière de Pâques
Éclaire nos vies.
Il s'est laissé enfermer dans la mort
Et il en est surgi libre à jamais
Nous entraînant avec lui vers ton jour.
Dans l'élan de cette foi, et grâce à l'espérance,
Nous ne nous laissons pas abattre de tristesse.
Aussi, nous voulons joindre nos voix
À toutes celles de la création
Pour chanter :
Acclamation chantée :
Pour son amour éternel, Bénissez le Seigneur ! Pour sa Parole de vie, Bénissez le Seigneur ! Pour le partage du pain, Bénissez le Seigneur ! Rendons-lui grâce en chantant : Bénissez le Seigneur !
Oui, Dieu,
Tu nous vois devant toi
Réunis par des liens si anciens
Qu'ils sont devenus quasi inextricables.
Mieux que nous-mêmes, tu connais nos cheminements.
Nous ne cherchons pas à nous isoler.
Mais remplis du désir
De garder vivante au milieu de nous
L'espérance que ton fils Jésus nous a ouverte,
Nous sommes humblement en quête de vie et de fraternité.
Nous en avons l'espérance,
Ce qui nous rapproche les uns des autres,
Nous rapproche aussi de toi.
C'est la mémoire chargée
De tout ce qu'il avait vécu
Au milieu des siens
Et sur les routes de son pays
Que Jésus,
Alors que la mort approchait,
Voulut célébrer la Pâques
Avec ses disciples.
Nous l'entendons
Nous dire aujourd'hui
Comme au temps de sa Pâque :
« Prenez, partagez et mangez
C'est mon corps
Livré pour vous, »
Il est cette Parole
Venue de toi et en écho jusqu'à nous.
La Parole jamais reprise
Qui nous fait reconnaître dans cette coupe
Le sang qu'il a versé
Nous l'entendons encore nous dire:
« Prenez, buvez
c'est la coupe de mon sang répandu
pour vous en ouverture de pardon ».
« Toutes les fois que vous ferez ce geste,
Faites-le en mémoire de moi. »

Chant de l’anamnèse :
Quand nous mangeons ce pain et buvons à cette coupe,
Nous célébrons le mystère de la foi.
Nous proclamons ta mort, Seigneur ressuscité,
Et nous attendons que tu viennes.
Dieu,
Le souvenir de ton Fils
Pénètre notre vie,
Comme une eau de source.
Chaque fois
Que le partage du pain et du vin nous rassemblent,
Chaque fois que l'Esprit fait de nous son Corps,
Son souvenir affleure notre mémoire
Et relance nos désirs les meilleurs
Pour toi
Et pour nos sœurs et frères de par le monde.
Ces désirs tu les connais
Mais nous voulons en exprimer quelques-uns de pleine voix
Souviens-toi de Guy que nous entourons.
Qu'il trouve près de toi,
Dans la lumière de ton amour
L'accomplissement de ce qu'il cherchait à être.

Court silence

Souviens-toi de Jeannette et de sa grande famille;
que le souvenir d'un mari, d'un père, d'un grand-père
continue dans la famille cet hymne à l'amour et à la création
que Guy a composé tout au long de sa vie.

Court silence

Dieu,
Que nos prières et nos actions de grâces
Soient comme la flamme unique
De nos cœurs.
Nous te les présentons par Jésus, ton Fils,
Par qui tu donnes au monde l'espérance et la vie.
Par lui, avec lui et en lui... Amen
À toi le Père tout-puissant dans l’unité du Saint-Esprit… Amen
Tout honneur et toute gloire pour les siècles des siècles … Amen

3.3. Invitation au Notre-Père

C'est dans l'espérance
Que nos pouvons reprendre
En toute vérité et sérénité
La prière que Jésus
Nous a laissée
Pour que nous nous adressions à Dieu
Avec la confiance des enfants

3.4. Chant du Notre Père:

3.5. Invitation à la communion

C'est le pain et le vin
De notre eucharistie,
Mémoire de celle de Jésus au soir de la Cène,
Signes de sa vie donnée par amour.

3.6. Rite de communion :

pendant ce temps, orgue (berceuse de Vierne) et chant du potier.

Tu n’étais rien encore,
Déjà, je t’entrevoyais.
Ce que tu deviendrais,
Moi seul je le concevais.
Refrain :
Comme l’argile dans les mains du potier,
Ô toi, mon peuple, longtemps je t’ai pétri.
Si le vase est manqué,
Comme il arrive à la glaise,
Toujours, sans me lasser,
Je te refaçonnerai.
Dans la paume de ma main,
Tu sais, tu restes gravé;
Je ne peux t’oublier,
J’ai dit, je tiens mon projet.
DERNIER ADIEU

4.1. Introduction par le président

Avant de dire « à Dieu » à Guy, deux membres de la famille, deux petits-fils, ont voulu rappeler quelques traits de la vie de Guy. J'invite d'abord Alexandre Prat et puis Éliakim Boulizon.

Alexandre Prat lit le message envoyé par son frère Sébastien, de Paris.

Lorsque je suis entré à l’université en philosophie, Papi s’est lancé avec enthousiasme dans une série de peintures intitulée : Les naïfs présocratiques. Parmi ces tableaux, un de ceux dont nous avions longuement discuté fut la peinture sur Héraclite, que Papi voulait intituler : « π– tout passe mais rien ne demeure ».
À l’heure où je réfléchis à ce qui m’a tant uni à mon grand-père, je ressens le privilège que j’ai eu de le fréquenter si intimement.
La relation entre un grand-père et ses petits-enfants a ceci de particulier qu’elle est dénuée de tout lien d’autorité, de toute responsabilité. Papi s’est donné à moi par pur plaisir, d’un amour libre de toute charge., Je l’ai compris comme tel et l’ai aimé d’une naïveté complice. Plus encore que la liberté de notre relation, ce qui l’a rendue unique c’est l’inépuisable talent de Papi à communiquer.
Communiquer était bien entendu le maître mot de son existence. Papi avait cette intelligence particulière qui lui permettait de donner à son interlocuteur l’impression d’être lui aussi intelligent. On lui parlait et tout de suite on se sentait parvenir à un niveau de pensée supérieur. Il avait ce grand talent socratique qu’il faut à l’enseignant : celui de faire sentir à son élève qu’il participe de la même intelligence que son professeur. Sans doute, il nous a transmis son goût pour l’enseignement.
Il m’a aussi communiqué son goût pour la vie. Loin d’être l’intellectuel austère, un pur esprit rationnel, Papi était un homme de cœur et même ce que l’on appelle en philosophie un sensualiste. Sachant que les sens nourrissent toujours l’esprit et que l’esprit ne peut avancer sans cette stimulation sensible, il cultivait chaque sensation pour l’élever au niveau de l’art : couleurs, textures, goûts et sonorités. Ce contact privilégié avec le monde, cela aussi je le conserverai toute ma vie.
Et, puisque dans un moment comme celui-ci, c’est autant pour ceux qui restent que pour celui qui nous quitte que nous nous réunissons, je vous invite à vous remémorer avec Mamie les meilleurs souvenirs que vous gardez de lui.
Car elle y est pour beaucoup dans ce qu’il a pu nous laisser. Un homme, même brillant, est bien démuni sans celle avec laquelle il a décidé de vivre son existence, celle avec qui il accomplira son passage.
Dans un café de Paris où je rédige ce texte avec Elsa, dans les rues où ils se sont connus et où ils ont préparé leur bonheur, la distance physique qui nous sépare s’efface devant la proximité des sentiments et le sentiment qui domine est celui de la gratitude.

Sébastien Prat

Voici l’hommage d’Eliakim Boulizon à son grand-père :

Mon grand-père était tellement présent dans le cœur de tous les membres de notre famille car il était unique en son genre, très sociable et enthousiaste. Il avait un cœur énorme et possédait des sentiments et des émotions gigantesques.
Mon grand-père discutait souvent avec moi lorsque j’allais voir ce peintre merveilleux au centre Alfred-Desrochers. Nous étions très proches et nous maintenions une relation ouverte entre grand-père et petit-fils. Nous discutions couramment de son passé qui comprenait son importante et inoubliable rencontre avec sa femme Jeannette, ses grandioses peintures de l’Art Naïf présocratique, ses animations radio-télé sur les contes des Mille et une Nuits; nous parlions également et énormément d’histoire, de français, tout en discutant sur les arts, sans oublier quelques souvenirs de son magnifique passé .
Chaque fois que j’allais voir Papi il discutait avec passion de faits historiques et des grands passages sur l’évolution de plusieurs époques.
Papi possédait des talents que peu de gens ont et avait beaucoup d’humour. Exemple : Un après-midi, mon père Antoine et moi-même lui avions demandé de nous énumérer 10 pays qui commençaient par la lettre A; alors mon grand-père a déclaré très vite «Arthabaska». Lorsqu’on lui a fait la remarque que ce n’était pas un pays, mon grand-père s’est exclamé qu’il voulait savoir si nous l’écoutions vraiment.
Même si cet adepte de la langue française avait plus de 95 ans, il connaissait encore astuces et trucs sensationnels pour nous épater.
J’adore tendrement mon grand-père et je garde en souvenir chacune de nos discussions que je conserve ainsi avec admiration et grande appréciation.
Merci à Papi.

De son petit-fils Eliakim

4.2. C'est maintenant à nous tous de dire « à Dieu » à Guy.

Dans un moment de silence, pensons à tout ce que nous avons vécu et partagé avec celui qui nous a quittés, en pensant à ce qu'il représentait pour nous et pour certains à ce qu'il est pour Dieu.

4.3. Il y a 97 ans, Guy était baptisé. Nous voulons le rappeler dans le geste de l'eau.

Invitation faite à Jeannette d'asperger le cercueil.
Pendant l'aspersion , chant de « In paradisum ».

In paradisum deducant te Angeli, in tuo adventu suscipiant Martyres et perducant te in civitatem sanctam Ierusalem. Chorus Angelorum te suscipiat, et cum Lazaro quondam paupere aeternam habeas requiem. Que les anges te conduisent au paradis, qu’à ton arrivée les martyrs te reçoivent et te conduisent dans la cité sainte, Jérusalem. Que le chœur des anges te reçoive et qu’avec celui qui fut le pauvre Lazare, tu aies le repos éternel.

4.4. Dernière prière

Dieu,
La vie de Guy Boulizon
Nous la remettons avec confiance
Entre tes mains.
Nous voulons te rendre grâce
Pour tout ce qu'il a reçu de toi, de ces proches et amis en cette vie,
Pour tout ce qu'il a cherché à être
Et pour tout ce qu'il a accomplie beau et de bon parmi nous.
Que rien d'admirable
De cette vie humaine
Ne périsse à jamais.
Dieu des vivants et des morts
Accueille à ta table
Notre frère et ami
Pour une vie en plénitude.

4.5. Avis : Invitation qui tient à cœur de la part de Guy : nous ne reconduirons pas le cercueil à la sortie, mais nous nous retrouverons pour une collation dans le salon de la Communauté Saint-Jean.

4.6. Pendant la sortie : Chant des adieux

Ce n'est qu'un au revoir, cher Guy
Ce n'est qu'un au revoir
Oui, nous nous reverrons mon frère
Ce n'est qu'un au revoir
Car Dieu qui nous voit tous ensemble
Saura nous réunir
Oui Dieu qui nous voit tous ensemble
Saura nous réunir.
Ce n'est qu'un au revoir, cher Guy
Ce n'est qu'un au revoir


La cérémonie a été préparée par Guy Lapointe, o.p., Jeannette et Françoise Boulizon, ainsi que des membres de la Communauté chrétienne Saint-Albert-le-Grand.
Le chant a été assuré par Muguette Lavallée et Yves Saint-Amant avec le chœur de la Communauté chrétienne.