Funérailles
de Guy Boulizon
célébrées en l’église
de la Communauté chrétienne Saint-Albert-le-Grand de Montréal,
le 26 août 2003, à 16 h 00
La création et la vie
I. OUVERTURE
1.1. Vers
15H45 : Musique d'orgue suivi d'un temps de silence vers 16h00.
1.2. Quand
le cercueil arrive : reprise de l'orgue pendant que le cercueil s'avance.
1.3. Une fois à l'avant
et les invités placés : Intervention
de Jeannette.
Je suis moi,
tu es toi.
Ce que nous étions l'un pour l'autre, nous le sommes toujours.
Donne-moi le nom que tu m'as toujours donné,
Parle-moi comme tu l'as toujours fait.
Continue de rire de ce qui nous faisait rire ensemble.
Que mon nom soit prononcé à la maison comme il l'a toujours été,
Sans emphase d'aucune sorte, sans trace d'ombre.
La vie signifie tout ce qu'elle a toujours été, le fil n'est pas
coupé.
Je t'attends, je ne suis pas loin, juste de l'autre côté du chemin.
1.4. Introduction
par Guy Lapointe
97 ans d’une longue vie, trop courte…
Guy Boulizon, l’homme qui croyait en la vie,
Guy Boulizon, l’homme d’une immense créativité jusqu’à la
fin de sa vie. Dans les derniers mois, alors que sa vue était encombrée
d’ombres et qu’il ne pouvait plus peindre, quelqu’un lui a
demandé: « quand tu es couché dans ton lit, à quoi
penses–tu? » Il avait répondu : « je crée ».
Guy Boulizon, l’homme de foi dans les autres, le pédagogue, le fondateur,
l’artiste, le conteur… L’homme d’action et d’extase,
si engagé dans la société.
Guy Boulizon, celui qui croyait dans le destin de l’Évangile: homme
de foi, de foi questionneuse, jamais assise sur des certitudes, cherchant toujours
les mots et les traits pour se dire. Pour lui, le lot commun de la condition
humaine et de la foi chrétienne était l’interrogation.
Guy Boulizon le mari de Jeannette, couple plein de connivences et d’humour;
le père, le grand-père et l’arrière grand-père,
le collègue, l’ami.
Bienvenue à vous tous, d’horizons divers, présents et si
nombreux pour dire adieu à Guy. Et lui qui était un membre
si intense de la Communauté chrétienne Saint-Albert-le-Grand
qui se réunit
dans cette église, lui qui a été des tout premiers
jours et son inspirateur à bien des moments, nous te disons notre
affection la plus grande et toute notre reconnaissance pour cette foi,
cette espérance
qui te caractérisaient. Nous t’accueillons nombreux et nous
te confions à Dieu.
Ensemble, dans cette célébration, tout en respectant les cheminements
de chacune et chacun d’entre nous, nous allons entrer dans une conversation à plusieurs
voix; celle de Guy, plus silencieuse, à travers sa dépouille
et la peinture que nous pouvons admirer; la nôtre déjà entendue à travers
celle de Jeannette; celle de Dieu que nous écouterons ensemble dans
la Parole partagée et dans notre prière et notre action de
grâce
communes.
Dès maintenant, amorçons cette conversation dans une prière.
1.5. Prière
Dieu,
Dieu des commencements
Des matins et des créations,
Des naissances et des automnes.
Tu restes le Dieu du premier mot
Le Père du premier-né
La source de vie.
Dans le cours de nos vies,
Comme tu l'as fait pour Guy,
Tu nous as toujours invités à aller plus loin,
Quand nous nous étions arrêtés.
Regarde le monde et recommence.
Ne laisse pas la tristesse
Envahir tes forces de vie en nous.
Sois encore aujourd'hui
l'espérance, la patience,
et qu'au-delà de toutes les morts,
l'amour, le tien, le nôtre,
demeure toujours inventif.
1.6. Chant
: « Quand on n'a que l'amour » de Jacques Brel
Quand on n'a
que l'amour
À s'offrir en partage
Au jour du grand voyage
Qu'est notre grand amour
Quand on n'a que l'amour
Mon amour toi et moi
Pour qu'éclatent de joie
Chaque heure et chaque jour
Quand on n'a que l'amour
Pour vivre nos promesses
Sans nulle autre richesse
Que d'y croire toujours
Quand on n'a que l'amour
Pour meubler de merveilles
Et couvrir de soleil
La laideur des faubourgs
Quand on n'a que l'amour
Pour unique raison
Pour unique chanson
Et unique secours.
Alors sans avoir rien
Que la force d'aimer
Nous aurons dans nos mains
Amis le monde entier
II. TEMPS DE
LA PAROLE
2.1. Lecture
de la Genèse (Ch.1)
Ce texte sera
lu par Antoine Boulizon , le fils de Guy et Jeannette.
Au commencement,
Dieu créa le ciel et la terre.
Or la terre était vague et vide, les ténèbres couvraient
l'abîme, l'esprit de Dieu planait sur les eaux.
Dieu dit: « Que la lumière soit » et la lumière fut.
Dieu vit que la lumière était bonne,
Et Dieu sépara la lumière et les ténèbres.
Dieu appela la lumière « jour » et les ténèbres « nuit ».
Il y eut un soir et il y eut un matin: ce fut le premier jour.
Dieu dit : « Que la terre produise des êtres vivants selon leur espèce »
Et il en fut ainsi.
Dieu fit les bêtes sauvages selon leur espèce,
Les bestiaux et toutes les bestioles du sol,
Et Dieu vit que cela était bon.
Dieu dit : « Faisons l'homme à notre image et à notre ressemblance,
Qu'il domine sur les poissons de la mer, les oiseaux du ciel,
Toutes les bêtes sauvages et toutes les bêtes qui rampent sur la
terre. »
Dieu créa l'homme à son image, à l'image de Dieu il le créa,
homme et femme il les créa.
Dieu les bénit et leur dit: « Soyez féconds, multipliez,
emplissez la terre et soumettez-la. »
Dieu dit: «Je vous donne toutes les herbes portant semence, qui sont sur
la surface de la terre,
Et tous les arbres qui ont des fruits portant semence : ce sera
votre nourriture. »
Dieu vit tout ce qu'il avait fait : cela était très bon.
2.2. Court
temps de silence
2.3. Chant
: « Bénissez le Seigneur... »
Que l’univers
chante Dieu, Bénissez le Seigneur ! Tout ce que Dieu
a créé, Bénissez le Seigneur ! Hommes
et femmes de la terre, Bénissez le Seigneur ! Rendez-lui
grâce en disant : Bénissez
le Seigneur !
Pour son projet créateur, Bénissez le Seigneur ! Pour sa présence éternelle,
Bénissez le Seigneur ! Pour tout ce qui porte fruit, Bénissez le
Seigneur ! Rendons-lui grâce en chantant: Bénissez le Seigneur !
Et vous, enfants de la terre, Bénissez le Seigneur ! Et vous, nations,
continents, Bénissez le Seigneur ! Et vous, campagnes et cités,
Bénissez le Seigneur ! Rendez-lui grâce en disant : Bénissez
le Seigneur !
2.4. Lecture
de l'Évangile selon Jean (Jn 6, 24b-27; 30-35a) (Guy Lapointe)
La foule s'était aperçue
que Jésus n'était pas au
bord du lac,
Ni ses disciples non plus.
Alors les gens prirent les barques
À
la recherche de Jésus.
L'ayant trouvé sur l'autre rive, ils lui dirent :
«
Rabbi, quand es-tu arrivé ici? »
Jésus leur répondit :
« Je vous le dis
vous me cherchez,
non parce que vous avez vu des signes,
mais parce que vous avez mangé du pain
et que vous êtes rassasiés.
Ne travaillez pas pour la nourriture qui se perd,
Mais pour la nourriture qui se garde
Jusque dans la vie éternelle,
Celle que vous donnera le Fils de l'homme. »
Ils lui dirent alors :
« Quel signe vas-tu accomplir
pour que nous puissions le voir, et te croire?
Quelle œuvre vas-tu faire?
Au désert nos pères ont mangé la manne;
Comme dit l'Écriture :
Il leur a donné à manger le pain venu du ciel. »
Jésus leur répondit : « Je vous le dis :
Ce n'est pas Moïse
Qui vous a donné le pain du ciel;
C'est mon Père
Qui vous donne le vrai pain venu du ciel.
Le pain de Dieu,
C'est celui qui descend du ciel
Et qui donne la vie au monde. »
Ils lui dirent alors :
«
Seigneur, donne-nous de ce pain-là, toujours. »
Jésus leur répondit :
« Je suis le pain de la vie.
Celui qui vient à moi n'aura plus jamais faim;
Celui qui croit en moi n'aura plus jamais soif. »
2.5. Acclamation
chantée :
Toi qui étanches notre soif, ô Dieu vivant,
Toi qui rassasies nos faims, gloire à Toi !
2.6. Homélie (par Françoise Boulizon-Allard, la fille de Guy et
Jeannette)
Bonjour, bienvenue à vous tous.
Tout ce que vous entendrez de moi sera un pâle reflet de ce que j’ai
entendu de vous depuis hier. Vous tous ici, anciens élèves
devenus gens célèbres et connus, amis
personnels
de mes parents, chrétiens
engagés de cette communauté ou philosophes
en quête d’absolu,
sachez que j’ai appris plus de vous sur mon
papa que ce que je pourrais vous dire.
Alors, devant ce déferlement de témoignages sur ses talents,
sur son amour pour vous tous, je me suis demandé ce que Papa aurait
aimé vous
apprendre de lui et il m’est venu des images
que jamais il n’aurait
racontées à des journaux, à la
radio ou sur internet – où,
en passant, si vous voulez des récits sur
ses réalisations, vous
pourrez y trouver un texte très complet.
Ces images concernent toute la richesse de sa vie
intérieure. Papa était
presque aveugle ces dernières années,
mais il continuait à « voir » avec
les yeux de la foi. Papa avait compris depuis longtemps
que la foi était
faite de plusieurs choses comme une palette de
peinture. Il aimait la vie religieuse, les communautés
chrétiennes où on peut s’exprimer,
où on peut louer notre Dieu. Je serais surprise
de savoir combien de toiles il a peintes avec un
clocher, symbole de la fraternité, du partage,
de l’entraide, mais aussi de la nourriture
spirituelle. Il avait compris aussi que la prière
est une communication, une relation avec notre
père,
que cette prière peut s’exercer en
communion avec des amis mais qu’elle passe
inévitablement par une relation personnelles
avec notre Dieu. Il racontait à ceux qui étaient
ouverts à la
vie spirituelle que le matin, très tôt,
il se levait et que cachant l’abat-jour (c’était
sa pudeur à lui) il vivait alors des
moments de présence véritable avec
le Seigneur.
Il aimait entendre parler de ce que Dieu fait dans
nos vies, de notre foi dont il disait même
parfois qu’il était jaloux, mais à écouter
les cassettes sur lesquelles il raconte comment
Dieu l’a dirigé dans
les événements de sa vie, comment
Dieu l’a béni abondamment
en lui donnant l’épouse dont il avait
besoin, en lui assurant une postérité dont
il était fier et en le comblant de dons
et de talents que vous lui connaissez, je pense
que c’est nous tous qui devrions être
jaloux de sa foi.
Oui Dieu a dirigé mon père avec une main amante, oui Dieu est
romantique quand on a besoin de romantisme ; mais, par-dessus tout, Papa a
accepté de
se laisser conduire parce que Dieu peut guérir
qui il veut, Dieu peut donner les talents qu’il
veut à qui il veut, mais il faut le vouloir,
il faut le lui demander, il faut accepter d’avoir
confiance en lui, il faut exprimer qu’on
a besoin de Dieu, comme on a besoin d’un
papa qui nous aime. Sachez donc hors de tout doute
que si papa a réussi à créer
tant de belles choses, à commencer par donner
de l’amour à ceux
qui l’approchaient, c’est qu’il était
nourri par ce pain de vie qui l’a inspiré dans
chacune de ses créations,
dans chaque geste d’amour.
Alors, Papa, toi qui détestais voyager, je te souhaite un bon voyage
; disons plutôt que je te souhaite de bonnes vacances, parce que tu disais
que la mort ne te faisait pas peur, que tu étais
prêt, que tu avais
eu tout ce que tu voulais de ta vie et que même
si « les grandes
vacances de l’éternité » ça
pouvait toujours attendre (tu trouvais toujours
quelque chose de nouveau pour profiter de la vie)
eh bien maintenant Papa l’éternité,
tu y es ; alors « bonnes
vacances Papa ! ».
2.7. Pièce d'orgue
III. TEMPS
DE L'EUCHARISTIE
3.1. Prologue
Seigneur Jésus,
Un jour ou l'autre, tôt ou tard,
Toute femme, tout homme
Découvre dans sa vie –
À
moins de mort instantanée –
Que le soir est proche.
Alors que la lumière sur la terre
Baisse pour les uns
Et qu'elle s'élève comme une promesse
pour les autres,
laisse-nous te dire
notre peine traversée d'espérance,
laisse-nous te dire aussi
notre louange pour les espoirs
que Guy a suscités
tout au long de sa vie.
3.2. Prière eucharistique
Dialogue : Élevons notre cœur...
Dieu,
Il est juste et bon de te rendre grâce,
Dans la mémoire de ton Fils bien-aimé, Jésus le Christ.
De lui s'élève jusqu'à toi
Le chant de la création renouvelée
Depuis que la lumière de Pâques
Éclaire nos vies.
Il s'est laissé enfermer dans la mort
Et il en est surgi libre à jamais
Nous entraînant avec lui vers ton jour.
Dans l'élan de cette foi, et grâce à l'espérance,
Nous ne nous laissons pas abattre de tristesse.
Aussi, nous voulons joindre nos voix
À
toutes celles de la création
Pour chanter :
Acclamation chantée :
Pour son amour éternel, Bénissez le Seigneur ! Pour sa Parole de
vie, Bénissez le Seigneur ! Pour le partage du pain, Bénissez le
Seigneur ! Rendons-lui grâce en chantant : Bénissez le Seigneur
!
Oui, Dieu,
Tu nous vois devant toi
Réunis par des liens si anciens
Qu'ils sont devenus quasi inextricables.
Mieux que nous-mêmes, tu connais nos cheminements.
Nous ne cherchons pas à nous isoler.
Mais remplis du désir
De garder vivante au milieu de nous
L'espérance que ton fils Jésus nous a ouverte,
Nous sommes humblement en quête de vie et de fraternité.
Nous en avons l'espérance,
Ce qui nous rapproche les uns des autres,
Nous rapproche aussi de toi.
C'est la mémoire chargée
De tout ce qu'il avait vécu
Au milieu des siens
Et sur les routes de son pays
Que Jésus,
Alors que la mort approchait,
Voulut célébrer la Pâques
Avec ses disciples.
Nous l'entendons
Nous dire aujourd'hui
Comme au temps de sa Pâque :
« Prenez, partagez et mangez
C'est mon corps
Livré pour vous, »
Il est cette Parole
Venue de toi et en écho jusqu'à nous.
La Parole jamais reprise
Qui nous fait reconnaître dans cette coupe
Le sang qu'il a versé
Nous l'entendons encore nous dire:
« Prenez, buvez
c'est la coupe de mon sang répandu
pour vous en ouverture de pardon ».
« Toutes les fois que vous ferez ce geste,
Faites-le en mémoire de moi. »
Chant de l’anamnèse :
Quand nous mangeons ce pain et buvons à cette coupe,
Nous célébrons le mystère de la foi.
Nous proclamons ta mort, Seigneur ressuscité,
Et nous attendons que tu viennes.
Dieu,
Le souvenir de ton Fils
Pénètre notre vie,
Comme une eau de source.
Chaque fois
Que le partage du pain et du vin nous rassemblent,
Chaque fois que l'Esprit fait de nous son Corps,
Son souvenir affleure notre mémoire
Et relance nos désirs les meilleurs
Pour toi
Et pour nos sœurs et frères de par le monde.
Ces désirs tu les connais
Mais nous voulons en exprimer quelques-uns de pleine voix
Souviens-toi de Guy que nous entourons.
Qu'il trouve près de toi,
Dans la lumière de ton amour
L'accomplissement de ce qu'il cherchait à être.
Court silence
Souviens-toi
de Jeannette et de sa grande famille;
que le souvenir d'un mari, d'un père, d'un grand-père
continue dans la famille cet hymne à l'amour et à la création
que Guy a composé tout au long de sa vie.
Court silence
Dieu,
Que nos prières et nos actions de grâces
Soient comme la flamme unique
De nos cœurs.
Nous te les présentons par Jésus, ton Fils,
Par qui tu donnes au monde l'espérance et la vie.
Par lui, avec lui et en lui... Amen
À
toi le Père tout-puissant dans l’unité du Saint-Esprit… Amen
Tout honneur et toute gloire pour les siècles des siècles … Amen
3.3. Invitation
au Notre-Père
C'est dans l'espérance
Que nos pouvons reprendre
En toute vérité et sérénité
La prière que Jésus
Nous a laissée
Pour que nous nous adressions à Dieu
Avec la confiance des enfants
3.4. Chant
du Notre Père:
3.5. Invitation à la communion
C'est le pain
et le vin
De notre eucharistie,
Mémoire de celle de Jésus au soir de la Cène,
Signes de sa vie donnée par amour.
3.6. Rite de
communion :
pendant ce temps,
orgue (berceuse de Vierne) et chant du potier.
Tu n’étais rien encore,
Déjà, je t’entrevoyais.
Ce que tu deviendrais,
Moi seul je le concevais.
Refrain :
Comme l’argile dans les mains du potier,
Ô
toi, mon peuple, longtemps je t’ai pétri.
Si le vase est manqué,
Comme il arrive à la glaise,
Toujours, sans me lasser,
Je te refaçonnerai.
Dans la paume de ma main,
Tu sais, tu restes gravé;
Je ne peux t’oublier,
J’ai dit, je tiens mon projet.
DERNIER ADIEU
4.1. Introduction
par le président
Avant de dire « à Dieu » à Guy, deux membres de la
famille, deux petits-fils, ont voulu rappeler quelques traits de la vie de Guy.
J'invite d'abord Alexandre Prat et puis Éliakim Boulizon.
Alexandre Prat
lit le message envoyé par son frère Sébastien,
de Paris.
Lorsque je suis
entré à l’université en philosophie,
Papi s’est
lancé avec
enthousiasme dans
une série
de peintures intitulée
: Les naïfs
présocratiques.
Parmi ces tableaux,
un de ceux dont
nous avions longuement
discuté fut
la peinture sur
Héraclite,
que Papi voulait
intituler : « π– tout
passe mais rien
ne demeure ».
À
l’heure où je réfléchis à ce qui m’a
tant uni à mon
grand-père,
je ressens le privilège
que j’ai
eu de le fréquenter
si intimement.
La relation entre
un grand-père et ses petits-enfants a ceci de particulier
qu’elle est dénuée de tout lien d’autorité,
de toute responsabilité. Papi s’est donné à moi par
pur plaisir, d’un amour libre de toute charge., Je l’ai compris comme
tel et l’ai aimé d’une naïveté complice. Plus
encore que la liberté de notre relation, ce qui l’a rendue unique
c’est l’inépuisable talent de Papi à communiquer.
Communiquer était bien entendu le maître mot de son existence.
Papi avait cette intelligence particulière qui lui permettait de donner à son
interlocuteur l’impression
d’être
lui aussi intelligent.
On lui parlait
et tout de suite
on se sentait parvenir à un
niveau de pensée
supérieur.
Il avait ce grand
talent socratique
qu’il faut à l’enseignant
: celui de faire
sentir à son élève
qu’il participe
de la même
intelligence que
son professeur.
Sans doute, il
nous a transmis
son goût
pour l’enseignement.
Il m’a aussi communiqué son goût pour la vie. Loin d’être
l’intellectuel
austère,
un pur esprit rationnel,
Papi était
un homme de cœur
et même ce
que l’on
appelle en philosophie
un sensualiste.
Sachant que les
sens nourrissent
toujours l’esprit
et que l’esprit
ne peut avancer
sans cette stimulation
sensible, il cultivait
chaque sensation
pour l’élever
au niveau de l’art
: couleurs, textures,
goûts et
sonorités.
Ce contact privilégié avec
le monde, cela
aussi je le conserverai
toute ma vie.
Et, puisque dans
un moment comme
celui-ci, c’est autant pour ceux qui restent
que pour celui qui nous quitte que nous nous réunissons, je vous invite à vous
remémorer
avec Mamie les
meilleurs souvenirs
que vous gardez
de lui.
Car elle y est
pour beaucoup dans
ce
qu’il a pu nous laisser. Un homme,
même brillant, est bien démuni sans celle avec laquelle il a décidé de
vivre son existence, celle avec qui il accomplira son passage.
Dans un café de Paris où je rédige ce texte avec Elsa, dans
les rues où ils se sont connus et où ils ont préparé leur
bonheur, la distance physique qui nous sépare s’efface devant la
proximité des sentiments et le sentiment qui domine est celui de la gratitude.
Sébastien Prat
Voici l’hommage d’Eliakim Boulizon à son grand-père
:
Mon grand-père était tellement présent dans le cœur
de tous les membres de notre famille car il était unique en son genre,
très sociable et enthousiaste. Il avait un cœur énorme et
possédait des sentiments et des émotions gigantesques.
Mon grand-père discutait souvent avec moi lorsque j’allais voir
ce peintre merveilleux au centre Alfred-Desrochers. Nous étions très
proches et nous maintenions une relation ouverte entre grand-père et petit-fils.
Nous discutions couramment de son passé qui comprenait son importante
et inoubliable rencontre avec sa femme Jeannette, ses grandioses peintures de
l’Art Naïf présocratique, ses animations radio-télé sur
les contes des Mille et une Nuits; nous parlions également et énormément
d’histoire, de français, tout en discutant sur les arts, sans oublier
quelques souvenirs de son magnifique passé .
Chaque fois
que j’allais voir Papi il discutait avec passion de faits historiques
et des grands passages sur l’évolution de plusieurs époques.
Papi possédait des talents que peu de gens ont et avait beaucoup d’humour.
Exemple : Un après-midi, mon père Antoine et moi-même lui
avions demandé de nous énumérer 10 pays qui commençaient
par la lettre A; alors mon grand-père a déclaré très
vite «Arthabaska». Lorsqu’on lui a fait la remarque que ce
n’était pas un pays, mon grand-père s’est exclamé qu’il
voulait savoir si nous l’écoutions vraiment.
Même si cet adepte de la langue française avait plus de 95 ans,
il connaissait encore astuces et trucs sensationnels pour nous épater.
J’adore tendrement mon grand-père et je garde en souvenir chacune
de nos discussions que je conserve ainsi avec admiration et grande appréciation.
Merci à Papi.
De son petit-fils
Eliakim
4.2. C'est
maintenant à nous tous de dire « à Dieu » à Guy.
Dans un moment
de silence, pensons à tout ce que nous avons vécu
et partagé avec
celui qui nous
a quittés,
en pensant à ce
qu'il représentait
pour nous et pour
certains à ce
qu'il est pour
Dieu.
4.3. Il y
a 97 ans, Guy était baptisé. Nous voulons le rappeler
dans le geste de l'eau.
Invitation faite à Jeannette d'asperger le cercueil.
Pendant l'aspersion
, chant de « In paradisum ».
In paradisum
deducant
te Angeli, in
tuo
adventu suscipiant
Martyres
et
perducant
te in civitatem
sanctam Ierusalem.
Chorus Angelorum
te suscipiat,
et cum
Lazaro quondam
paupere aeternam
habeas requiem.
Que les anges
te conduisent
au paradis,
qu’à ton
arrivée
les martyrs
te reçoivent
et te conduisent
dans la cité sainte,
Jérusalem.
Que le chœur
des anges
te reçoive
et qu’avec
celui qui
fut le pauvre
Lazare, tu
aies le repos éternel.
4.4. Dernière prière
Dieu,
La vie de Guy
Boulizon
Nous la
remettons
avec confiance
Entre tes
mains.
Nous voulons
te rendre
grâce
Pour tout
ce qu'il
a reçu de toi, de ces proches et amis en cette vie,
Pour tout
ce qu'il
a cherché à être
Et pour
tout ce
qu'il
a accomplie
beau
et de bon
parmi nous.
Que rien
d'admirable
De cette
vie humaine
Ne périsse à jamais.
Dieu des
vivants
et des
morts
Accueille à ta table
Notre frère et ami
Pour une
vie en
plénitude.
4.5. Avis
: Invitation
qui tient à cœur
de la
part
de Guy
: nous
ne reconduirons
pas le
cercueil à la
sortie,
mais
nous
nous
retrouverons
pour
une collation
dans
le salon
de la
Communauté Saint-Jean.
4.6.
Pendant
la sortie
: Chant
des adieux
Ce n'est
qu'un
au
revoir, cher
Guy
Ce
n'est
qu'un
au
revoir
Oui,
nous
nous
reverrons
mon
frère
Ce
n'est
qu'un
au
revoir
Car
Dieu
qui
nous
voit
tous
ensemble
Saura
nous
réunir
Oui
Dieu
qui
nous
voit
tous
ensemble
Saura
nous
réunir.
Ce
n'est
qu'un
au
revoir,
cher
Guy
Ce
n'est
qu'un
au
revoir
La cérémonie a été préparée
par Guy Lapointe, o.p., Jeannette et Françoise Boulizon, ainsi que
des membres de la Communauté chrétienne Saint-Albert-le-Grand.
Le chant a été assuré par Muguette Lavallée et
Yves Saint-Amant avec le chœur de la Communauté chrétienne.