À ceux et celles qui me posent la question : «Pourquoi avoir construit une maison d’été à Ste-Luce-sur-Mer, à près de 600 km de Montréal?», je réponds parfois : « Eh bien! C’est à cause des couchers de soleil » en songeant au Petit Prince de St-Exupéry.
Je suis tombé en amour avec ce site enchanteur
dès mon premier séjour en 1965. La vastitude du ciel, la puissance
du fleuve qu’on appelle la mer dans
cette municipalité à l’entrée de la Gaspésie,
les étés au climat maritime et frais avec quelques petits coups
de chaleur, la splendeur de l’arrière-pays,
piémont des Appalaches, la gentillesse et la simplicité des
habitants et surtout, les magnifiques couchers de soleil, voilà autant
de raisons qui nous motivent, mon épouse et moi, à parcourir
une longue distance pour savourer des instants uniques de quiétude
et de beauté. Nous partageons la
paix et les effets tonifiants de ces lieux avec frères, soeurs, neveux,
nièces, petits neveux et petites nièces sans compter nos nombreux
amis.
Sans exagérer, notre livre d’or contient
les noms de centaines de visiteurs depuis la construction du chalet en
1981. Nous voulions la maison grande et chaude à la fois, pour
accueillir tous ceux qui ont besoin de refaire leurs forces physiques et
spirituelles.
Personnellement, j’aime ce lieu enchanteur à cause
bien sûr du paysage, mais aussi de la présence de la mer qui
offre à chaque jour un visage différent un peu comme ces ados
que j’ai côtoyés comme
enseignant éducateur pendant 36 ans... Le vaste ciel au-dessus de
nos têtes nous offre le jour comme la nuit le cortège des nuages
qui fuient dans toutes les directions,
le jeu des aurores boréales qu’on
appelle en cette région du Québec des marionnettes,
le spectacle d’une voûte céleste piquée d’une
myriade d’étoiles qui permettent de découvrir l’ailleurs
et de nous poser des questions sur notre
place dans l’immensité de l’univers. Nous aimons également
faire des feux de grève et entonner des chansons d’autrefois
qui surprennent les jeunes
qui vivent au rythme du rap, histoire de leur
faire goûter aux joies simples et douces d’une autre époque
qu’on n’ose pas croire à jamais révolue...
À la mi-juillet, on s’affaire sur la plage de sable blond à construire des «châteaux d’un jour». De fait, ce concours annuel est offert à tous les gens des environs : familles, jeunes, artistes dans l’âme ou dans la réalité. Chacun et chacune s’adonnent à coeur joie à imprimer à coups de pelles et d’arrosoirs dans le sable une image de monstres qui peuplent l’univers de notre imaginaire collectif. Puis après avoir remis aux gagnants leurs prix, voilà que la mer reprend ses droits de cité en effaçant à grands coups de langue ce que les humains ont mis tant d’ardeur à édifier seuls ou en groupe. N’est-ce pas là un beau sujet de réflexion sur la vanité de nos projets et de nos réalisations, y compris celui d’avoir bâti à deux pas de la mer une jolie maison de bois entourée de fleurs depuis maintenant 25 ans?...
Que nous apporté l’été 2006 ? Des forces nouvelles pour affronter les rigueurs de la vie quotidienne? Des moments inoubliables de paix et de contemplation de couchers de soleil? Des rencontres imprévues et enrichissantes? De nouveau un partage en espérant que chacun y ait trouvé son profit... Sans doute! Il suffit parfois lorsqu’on est loin d’un petit coin de paradis, de fermer les yeux un instant, d’entendre le bruit de la mer qui burine le rivage, d’humer l’air salin qui nous rappelle nos origines et de voir un bon chez soi construit de ses mains, qui se laisse caresser par les derniers rayons du soleil couchant...
Jean
Ouimet