Bulletin Étapes : La Rentrée 2006

Ces enfants de ma vie au Honduras

Les vacances, pour moi, ce sont mes cinq semaines à Montréal chaque année. Elles battent donc leur plein. Je sais déjà qu'au nombre de mes souvenirs les plus nourrissants, il y aura votre accueil chaleureux et le soutien de vos pensées tout au long de l'année que plusieurs m'expriment et que d'autres, peut-être, m'offrent sans me le dire. Je crois qu'il me donne force et courage quand j'en ai besoin.

Un rappel. Depuis déjà cinq ans, je fais du bénévolat comme psychologue au Honduras. Je partage mon temps entre deux institutions.

La première, mon port d'attache, est un foyer qui regroupe une cinquantaine de garçons de sept à seize ans qui, pour la plupart, ont été dans les rues de Tegucigalpa, la capitale. Ils nous sont confiés par l'organisme gouvernemental de la famille ou par les parents eux-mêmes qui «n'en viennent pas à bout» ou qui sont trop pauvres pour subvenir à leurs besoins. Souvent la mère doit aller travailler et laisser seuls à la maison les enfants qui s'ennuient et se retrouvent dans la rue. Au foyer, ils vont à l'école et s'initient à un métier: menuiserie, boulangerie, agriculture. Ce sont des enfants très attachants, intelligents et débrouillards, avec des blessures secrètes et parfois des histoires à faire frémir. Une bonne moitié réussissent à s'en sortir, à réintégrer leur famille avec laquelle nous collaborons tout au long de leur réhabilitation et à s'insérer dans la société.

Le deuxième endroit, où je passe aussi trois jours semaine, est un pensionnat fondé par un Franciscain américain pour filles et garçons de niveau secondaire et baccalauréat, plus de cent garçons et quatre-vingts filles. Ils viennent des quatre coins du pays, de familles pauvres. J'aide surtout les nouveaux arrivants, très nombreux, à s'adapter, ce qui n'est pas une mince affaire pour ces jeunes qui sont séparés de leur famille pour la première fois: week-end à l'extérieur avec activités pour leur permettre de vaincre l'isolement, apprendre à se connaître et à se faire des amis, puis, une rencontre par semaine tout au long de l'année. Je fais aussi de la consultation individuelle.

De là, je rayonne dans d'autres institutions du même fondateur: commune de mères célibataires, foyer pour garçons et foyer pour filles.

J'aime cette diversité.

Il fait bon vivre avec ces gens simples, au grand cœur. J'espère seulement que ma santé qui est excellente pour le oment me permettra de continuer encore longtemps.

                                                                                                     Gérard Bélanger