Alors, ils furent remplis de l’Esprit Saint :
ils se mirent à parler en d’autres langues , et
chacun s’exprimait selon le don de l’Esprit…… Ils étaient
dans la stupéfaction parce que chacun d’eux les
entendait parler sa propre langue. » Actes des Apôtres(2, 1-11)
Au cours des mois précédents, la communauté a
eu l’occasion de réfléchir et de s’exprimer,
comme beaucoup de Québécois d’ailleurs, sur la
question des accommodements raisonnables. Voilà que le message
de la Pentecôte vient nous interpeller en nous rappelant ce défi
donné par Dieu à l’humanité, celui d’accepter
et de respecter nos différences. Belle leçon à tirer
de ce message évangélique pour nous tous qui sommes
appelés à vivre dans une société pluraliste.
On pourrait appliquer cette vision d’ouverture à nos propres
familles. N’est-ce pas le lieu où très souvent
on tient pour acquis que le fait d’être issus
des mêmes parents devrait nous amener à penser et agir
de la même façon? Comment rester solidaires et maintenir
le lien qui nous unit dans des projets communs, tout en respectant
les différences de chacun?
Permettez-moi de raconter une histoire familiale illustrant ces interrogations.
Au début de décembre, notre mère de 95 ans
entreprenait son énième déménagement (je
ne les ai pas tous comptés, mais il y a dû en avoir
une quinzaine). Cette fois-ci, pour la première fois, c’était
nous ses enfants et petits-enfants qui menions toute l’opération
alors qu’elle l’avait toujours fait seule jusque-là.
Elle avait accepté courageusement, non sans quelques inquiétudes,
d’aller vers une forme d’hébergement qui lui offrirait
un cadre plus sécuritaire tout en sachant qu’elle perdrait
aussi beaucoup d’autonomie, elle qui nous répétait
souvent avec fierté : « jusqu’à maintenant
je me suis toujours débrouillée toute seule ».
Nous gardons tous un souvenir ému de cette journée de
décembre où chacun de nous, selon sa personnalité,
ses talents et disponibilités, a eu l’occasion de collaborer à une œuvre
commune, celle de la fabrication et l’installation d’un
nouveau nid pour notre vieille maman, en cherchant à adoucir
au maximum les chocs de cette transplantation.
Il fallait voir toute la tendresse et la douceur déployées
par ses deux fils l’aidant à descendre péniblement à pied
quatre étages, l’ascenseur étant inopérant à cause
d’une panne d’électricité due aux conséquences
d’un verglas la veille et l’entourant toute la journée
avant qu’elle ne puisse intégrer sa chambre. Il y eut
aussi la coordination des deux filles, l’une au départ
des meubles du premier appartement et l’autre à l’arrivée,
afin de trouver la meilleure disposition assurant son confort.
Malgré quelques heures de retard, à la fin de la
journée, Maman, entourée de plusieurs de ses enfants
et petits-enfants, était dans sa nouvelle chambre où on
avait recréé pour elle, avec amour, un décor familier.
Dans toute cette opération, ce que nous n’avions pas
prévu et elle non plus, c’est que tout en lui offrant
ce déménagement comme un cadeau de Noël un peu prématuré,
elle nous en donnait un de grand prix par le rapprochement qui
s’est créé entre nous, solidaires et respectés
dans nos différences : nos paroles, nos silences, nos blessures,
nos divergences de vue, nos accords, nos avancées et nos
retraits. N’est-ce pas l’Esprit qui soufflait ce jour-là?
Élizabeth
Panisset-Roussel