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Il est temps de prendre nos responsabilités

Je crois que, dans le contexte des Accommodements raisonnables, il est temps de faire la part des choses et de prendre nos responsabilités. Répondre à toutes les exigences des extrémistes par de l’intransigeance ou en tendant l’autre joue, ces deux extrêmes ne sont pas la solution. Il faut, de toute urgence, trouver un moyen terme.

Dans ma recherche d’un compromis acceptable, les homélies de Jean-Claude Breton du 07janvier 2007 et de celle d’Yvon D. Gélinas du 18 février 2007 m’ont beaucoup inspiré :

Le ciel, c'est les autres :

Traditionnellement, on a dit de la fête d’aujourd’hui (l’Épiphanie) qu’elle était la fête de l’accueil de l’autre, de l’étranger dans la communauté des croyants. Il y avait de la place pour tout le monde autour du berceau de Jésus; il y aura donc de la place pour tout le monde dans son Église.                                                      

En passant par la référence au ciel, en considérant son rôle d’autre dérangeant et éclairant, je dirais que la fête d’aujourd’hui est aussi et surtout celle de la reconnaissance de l’autre, de l’étranger dans l’expérience de foi. L’autre n’est plus seulement celui que j’invite à se joindre à ma
communauté croyante, il est celui qui est indispen­sable à la foi de ma communauté. Comme les Mages, dans la réalité ou dans le récit, peu importe, ont servi à identi­fier Jésus à l’origine, je crois que les étrangers de notre monde, ceux qui représentent cette différence qu’on locali­sait autrefois dans le ciel, que ces croyants différents ont un rôle à jouer pour faire de nous d’authentiques et vrais croyants. Je sais qu’il n’est pas évident de penser que les Musulmans, les Hindous, les Bouddhistes et les autres peuvent améliorer notre façon de suivre Jésus. Nous n’en sommes qu’au
début de notre dialogue avec eux et nous apprenons tout juste à nous reconnaître dans le respect. Mais si nous refusons le service qu’il nous offre, ne ris­quons-nous pas de devenir les nouveaux Hérodes de l’histoire? Que l’Esprit qui a aidé nos ancêtres dans la foi à trouver Dieu aussi dans le ciel nous soutienne aujourd’hui à le découvrir dans l’autre, qui est notre ciel à nous!

                                                                                Tiré de l’homélie de Jean-Claude Breton

Aimez vos ennemis!

     Je vous le dis à vous qui m’écoutez! Et suivent des paroles qui font lever en nous des inquiétudes et laissent comme un sentiment de trouble : Aimez vos ennemis!-  Faites pour les autres ce que vous voulez que les autres fassent pour vous! Et surtout : À qui te frappe sur une joue, tends l’autre! Ne trouve-t-on pas ici le fondement d’une certaine passivité chrétienne, la consigne de tout accepter, tout subir sans jamais rien répliquer? Le fondement d’une religion des trop doux, des faibles ennemispour ne pas dire des mous, des sans colonnes vertébrales? Cette morale des faibles dont on a si souvent accusé l’Évangile.
      Il y a ici des images fortes : celle de la joue tendue, de la tunique donnée à qui s’empare du manteau; des consignes impérieuses : souhaiter du bien à qui vous maudit, vous calomnie, ne pas réclamer à qui vous vole. Images et consignes que l’on sait bien qu’elles ne sont pas à prendre platement à la lettre, mais qui veulent amener à des conduites, à la découverte d’un sens, d’un motif à l’action. Tout est à entendre dans la perspective d’ensemble de l’Évangile tel que Luc nous le présente. Une perspective de justice, de partage qui veut rendre heureuse la cité humaine, heureux les rapports entre humains, qui ne cherchent pas qu’à établir un ordre, une paix précaire qui ne viennent pas du cœur et qui peuvent à chaque instant s’effondrer.
      La perspective de Luc quand il rapporte les conseils d’aimer, les paroles qui disent la nécessité d’aimer, n’est pas d’un amour qui n’est que du domaine des sentiments mais avant tout du domaine de l’agir. Aimer l’ennemi, oui, en ce sens qu’il faut demeurer juste avec lui malgré son injustice à lui. Aimer l’ennemi, non pas pour se justifier de demeurer passif devant n’importe quelle offense, n’importe quelle injustice, mais pour ne pas reproduire sa haine et sa violence, ne pas entrer dans l’engrenage des haines et des violences, et demeurer dans la paix qui vient de la droiture, de l’honnêteté, de la justice.
      Ce discours de Jésus sur l’amour des ennemis, sur la conduite envers les autres, est, nous le savons spontanément, toujours d’actualité, toujours salutaire. À chacun des jours de nos vies, nous sommes affrontés à ces problèmes de pardon, d’accueil de l’autre, de la réplique correcte à donner à l’offense. Et puis – je ne sais pas si cela vous a frappé à l’écoute du texte – il y a en ce message une actualité bien d’aujourd’hui en notre milieu. Faut-il toujours fortement s’affirmer, voir en tout geste d’un autre, qui justement est autre que nous, une malédiction, une injure, une menace? Inutile de trop appuyer.
      Le discours que l’Évangile proclame ce matin n’est pas abandon et passivité devant la force et le mal, faiblesse devant l’offense, mais désir et volonté de voir plus grand, plus loin, ailleurs,
autrement. Et, entre nous, n’est-il pas mieux parfois de passer pour faible plutôt que d’être toujours impitoyable? Ce discours nous situe dans une perspective de bonheur entre humains; il est dans la ligne de la justice chaleureuse et généreuse plutôt que dans celle de la force dominatrice et de la violence.                                                                                 

Tiré de l’homélie d’Yvon D. Gélinas
  
Ainsi, je crois que nous pouvons retrouver une ébauche de solution dans ces deux homélies. Autrement dit, être conciliant et ouvert pour des sujets qui sont acceptables mais être fermes aux demandes qui contreviennent à nos valeurs et coutumes. Tel que le  mentionnait Madame Fatima Houda-Pépin, musulmane pratiquante, plusieurs deman­des sont nettement abusives. Les Québécoises sont des personnes à part entière dans tous les sens. Une jeune-fille portant le voile nous avouait, à la télévision, qu’elle portait le voile pour se donner confiance en elle-même, le voile n’étant pas prescrit par sa religion. D’autre part, un rabbin a déclaré, à la télévision, que les juives ont l’intention de faire toutes sortes de demandes tant et aussi longtemps qu’il n’y aura pas de réactions adverses. Par ailleurs, plusieurs immigrés ont affirmé publiquement qu’ils ont quitté leur pays pour être libérés des exigences des intégristes de leur pays d’origine. Alors, qu’attendons-nous pour réagir, pour établir et défendre nos valeurs essentielles? 

André Rinfret

 

 

 

 


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