Communauté chrétienne Saint-Albert-Le-Grand à Montréal

Faudrait-il aussi « s’accommoder » pour prier ensemble?

« Des étrangers qui prient Dieu l’Unique. » (1) Pour moi, ces mots d’un conte biblique, qui m’intéresse depuis des semaines, jaillissent comme une bonne nouvelle dans l’ambiance sociale actuelle.

Parmi les citoyens d’ici, nous sommes trois traditions de croyants à « prier Dieu l’Unique ». À la suite d’Abraham, Juifs, Chrétiens et Musulmans croient que Dieu l’Unique est juste, attentif et respectueux envers la vie qu’Il a créée. De plus, nous savons tous dans quel contexte Abraham a eu l’humble audace de parler à son Seigneur. (Gn 18,27) Serions-nous moins humbles, moins audacieux ou moins croyants que notre Père Abraham? Aussi, pourquoi rester chacun chez-soi, nous, hommes et femmes de ces trois traditions, pour demander au même Dieu ce que chacun et chacune souhaitent pour une société où nous vivons tout ensemble? Une certaine prière commune pourrait-elle inspirer un meilleur dialogue de vie dans les situations sociales qui sont nôtres?

Richard Bergeron et Fabrice Blée, considérant longuement la complexité de la prière interreligieuse, affirment bien simplement que « tous les dialogues n’aboutissent pas nécessairement à la prière.» (2) « Mais si cette possibilité est exclue, écrit P.F. de Béthune, l’édifice du dialogue s’écroule. Tant que les échanges avec d’autres croyants se cantonnent à des questions de formulation, d’histoire, de rituels, l’entreprise du dialogue est désespérée. La prière est le plus court chemin entre les humains, parce que Dieu est au plus intime de chacun d’eux. Je crois donc qu’il faut aller jusqu’à dire que la communion dans la prière est la clef de voûte du dialogue. » (3)

Ces quelques lignes  rapportent des questions auxquelles je ne peux répondre seule. Bienvenue à ceux et celles qui les portent aussi. Qui sait si les fils et les filles d’Abraham réunis n’auraient pas aussi une mission pour ce temps?

Pauline Boilard, m.i.c.
                                                                         

(1) Véronique Isenmann, La Dame de sel, Lectures plurielles des textes bibliques,   Novalis 2006, p.195-201. (2) R. Bergeron, N. Bouchard, J.-C. Breton (dir.), Prier Dieu dans un monde sans Dieu, Médiaspaul 2006, p. 33.
(3) Pierre François De Béthune, Les enjeux du dialogue de l’expérience spirituelle,  La vie spirituelle, No 731 (juin 1999).