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Saint-Albert-Le-Grand à Montréal
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Noël 2004

C

 

Communauté St-Albert-le-Grand

ÉTAPES


 «Tout cela veut dire que nous avons bien raison de
nous questionner à la veille de la fête, que nous
pouvons entendre l’invitation à la réjouissance avec
un soupçon légitime. Tout n’est pas acquis, tout
n’est pas réglé. Mais cela signifie surtout que nous
devons  chercher ce que nous attendons vraiment
pour trouver les vrais motifs de réjouissance et
entretenir notre espérance à la veille de la fête…
C’est seulement en explorant et en creusant nos
attentes que nous anticiperons une joie
qui a de l’avenir, que nous nous préparerons en vérité à la fête. »

Extrait de l’homélie de Jean-Claude Breton
pour le 3e dimanche de l’Avent, 12/12/2000

L'édition d’Étapes de Noël 2004 que nous vous offrons reflète le questionnement des membres de la communauté :

Noël est-il un cadeau?

A l’image du travail de l’artiste Jacqueline Tremblay qui a conçu la décoration du chœur de l’église au cours de l’Avent, livrant à nos yeux une œuvre en évolution, chacun des articles a  construit cette édition  pièce par pièce, à même les éléments de réponse apportés.

Vous y trouverez le refrain de cette question posée qui revient avec ses répétitions, ses échos. Chacun à sa façon a apporté sa contribution par des dessins, un conte, un poème, une méditation devant la crèche provençale, le récit d’une tradition mexicaine ou de la rencontre d’un enfant, et même, un article à venir que Poste Canada aurait perdu dans le courrier volumineux des Fêtes, ainsi que  diverses réflexions inspirées par cette attente commune  nous appelant à faire naître une humanité nouvelle.

Enfin, vous trouverez également à la fin, la nouvelle rubrique « Qu’en pensez-vous? »Elle s’installera à demeure dans les prochains Étapes afin de permettre l’expression de réactions ou opinions sur différents aspects de la vie de notre communauté.

Bonne lecture et Joyeux Noël!

                          Elizabeth Roussel


Noël à travers tant de cadeaux

Les mots cadeaux, réjouissances, repas reviennent hanter la vie de bien des gens à la veille de Noël. Le journal La Presse (1er décembre 2004 Actuel, p. 4-5), a même publié un calendrier liturgique « séculier » de l’Avent. Il y a un itinéraire à suivre jusqu’à Noël.

Comme quoi tout est récupéré. A-t-on oublié ce qui a provoqué ce temps des cadeaux, des réjouissances, des repas festifs, des rencontres? Le Noël chrétien a un effort à faire pour se tracer un chemin à travers tout ce mouvement de l’Avent qui, malgré tout ce branle-bas, garde encore, du moins dans l’inconscient de plusieurs, un goût de naissance. Mais le chemin n’est pas évident  jusqu’à la naissance de Jésus. Il  nous faut traverser et consentir à  bien des cadeaux.

Pour y arriver, il est important de nous rappeler que la Parole de l’Évangile rassemble  toutes les voix humaines et les désirs qui disent Dieu dans le monde. L’Évangile n’est pas discours, mais amour et vie; il est souffle qui traverse l’humanité. L’Évangile n’est pas une histoire gentille. C’est une terrible histoire d’amour et d’espérance, de veille, là où il nous faut traverser nos propres ténèbres. Pour que Noël soit naissance au cœur de la nuit, un véritable cadeau que Dieu nous fait et que nous nous faisons mutuellement, veillons et nous pourrons surprendre toutes les personnes qui attendent quelque chose de Noël et même  tous les voleurs, dont parle l’Évangile, qui perceront les murs de nos maisons, parce qu’ils se sentiront accueillis et peut-être, ô surprise, attendus. C’est le cadeau qui ne s’achète pas, mais qui nous est offert. Je nous le souhaite pour ce Noël qui vient.

Guy Lapointe


Une fête nécessaire

Noël sans les cadeaux, sans toutes ces petites attentions où chacun tente de deviner ce qui ferait le plus plaisir à l’autre, sans cette écoute espionne, où l’autre livre ses désirs, à son insu, et nous donne des pistes, Noël serait bien triste…
Point de vue bien profane direz-vous, mais cette perspective de repas festifs, de retrouvailles, de pauses sportives et récréatives, en famille ou entre amis, n’appelle-t-elle pas à l’ouverture, à la réconciliation, à la détente, à la reprise de contact avec le vécu de l’autre? Au-delà de la parenté, ce temps des fêtes n’est-il pas un beau prétexte pour accueillir le solitaire, l’immigrant, l’étranger et visiter la voisine, le veuf ou l’hospitalisé?
Et toutes ces tables bellement dressées, décorées, odorantes ne sont-elles pas un dire d’amour à tous ceux qu’elles rassemblent? Ces tables nous reconnectent avec nos traditions alimentaires ou avec notre créativité innovatrice ou avec notre solidarité quand le repas à l’allure d’un « potlatch ». De grands repas publics s’organisent, des guignolées se mettent en branle, des chorales s’exécutent professionnellement ou s’improvisent gentiment aux coins des rues.
Et ce manteau de lumières multicolores qui recouvre abusivement nos villes, nos villages, nos demeures, nos sapins naturels et artificiels n’est-il pas un dire de réveil, un trait de santé dans cette volonté de faire reculer l’obscurité, une manifestation silencieuse et collective d’un profond  désir de chaleur et de fête au cœur de l’hiver.
Quelle mobilisation générale! Que d’énergies investies!
Noël, un foisonnement de symboles, de rituels et de manifestations diverses de notre humanité en quête de fête , de joie et de sens. Certes, il y a des abus, des débordements, des rencontres ratées, des générosités déçues, de la fatigue, etc…
Mais la fête de Noël est un grand cadeau :
elle mobilise l’imaginaire de tous;
elle nous rejoint dans notre humanité commune;
elle permet une halte dans la bousculade de nos quotidiens;
elle nous renvoie à l’incontournable capacité de relations qui nous singularise;
elle s’organise autour d’une naissance consciemment ou non;
elle enracine nos racines.

Vieille de 2000 ans, cette naissance est toujours d’actualité, elle valide chaque année nos recommencements et nous incite à ne jamais désespérer de cette humanité nouvelle qui peut advenir  par nous tous, par des milliers de petits gestes d’amour.

                                                                                                                   Clotilde Pouliot


Noël : Quel cadeau!

Pour beaucoup, Noël représente une corvée qui se résume en quatre mots (maux?) : le magasinage des fêtes et toute la consommation qui s’y rattache parfois de façon excessive. Pour d’autres, c’est un véritable exploit, une course d’obstacles : arriver ensemble au 25 décembre, fourbus et tendus, mais reconnaissons-le, satisfaits d’avoir enfin découvert le cadeau qui fera plaisir, choisi longuement et affectueusement. Noël ce peut être aussi  la joie des retrouvailles avec famille et amis, autour d’une tablée conviviale et chaleureuse. Des réjouissances peut-être partagées avec des personnes esseulées qui risqueraient autrement  de ressentir davantage cette nostalgie souvent plus  à vif au temps  des Fêtes.

Mais  que restera-t-il de cette période d’effervescence? Sans doute de beaux souvenirs pour ceux et celles qui auront célébré dans la joie. Pour d’autres,  le  soulagement  d’avoir survécu aux aspects parfois dénaturés de cette fête  qui pour tellement de nos contemporains a perdu son véritable sens. Et quel soulagement de ne plus avoir à supporter des cantiques usés parce que trop longtemps serinés et l’envahissement constant  des messages publicitaires de toutes sortes! 

En réalité, Noël demeure le synonyme des valeurs les plus contradictoires : partage avec les démunis et dépenses inconsidérées. Réjouissances familiales et solitude accrue.  

Noël apparaît ainsi comme un baromètre de notre monde partagé entre l’altruisme et l’indifférence, entre la violence et la recherche de la justice.

Parfois, l’actualité brutale nous pousse à désespérer d’une humanité meurtrie par des conflits de toutes sortes, qu’ils soient éloignés ou à notre porte. L’avenir demeure menaçant, mais pourtant, jamais le mal n’annihilera les forces du bien. Noël est là pour nous aider à nous convaincre que tout n’est pas perdu. La « petite fille espérance » dont parle Péguy donne la main au petit garçon né à Bethléem dans le dénuement. Contre l’assaut du mal, ces deux enfants seront toujours là pour nous accompagner et nous permettre d’espérer.

                                                                                                                             Hubert de Ravinel


Vers une humanité nouvelle

« Une mère, un enfant,  tout simplement
Père tu es là, l’Éternel dans le temps…
Ce soir nous est né un roi d’humilité »   Mario Bard

 L’infiniment petit dans l’infiniment grand.                                         

Je perçois le même émouvant contraste dans les propos  tenus  en août dernier dans une paroisse de Lausanne, en Suisse, par un prêtre-catéchète d’enfants, dont mon petit–fils.

« Pour nous, me disait-il, favoriser l’ouverture aux valeurs spirituelles consiste d’abord à amener l’enfant à écouter à l’intérieur de lui, à être attentif à ce que Dieu, dans sa vie, entend communiquer à la personne qu’il est, puis l’ouvrir à la Parole.

Ainsi, poursuit-il, à Noël, nous ferons le récit de la naissance de Jésus, depuis le texte évangélique, comme un très beau poème, une légende riche d’images et de symboles : l’étoile arrêtée au-dessus de la crèche, la visite des trois mages, des bergers, une mère vierge…

On sait maintenant que rien ou à peu près ne s’est passé tel que décrit dans la Bible. Il est important d’en informer les enfants de 8 et 9 ans. Que nous disent ces textes sur Jésus, au–delà du visible et de la réalité apparente? De grandes vérités qui n’échappent pas à l’intuition enfantine. Leurs réflexions nous étonnent parfois par leur pertinence. D’autre part ils se disent soulagés de savoir qu’Hérode n’ait pas décidé du massacre des enfants de Bethléem; que Marie, avec son nouveau-né, n’ait pas dû faire le voyage en Égypte, à dos d’âne avec Joseph. Et ils seront doublement heureux de se regrouper autour de la crèche à Noël pour former le chœur des anges. » ( tout comme le nôtre à St-Albert)

La vérité seule parle à notre cœur et à notre intelligence. La recherche rationnelle de notre temps fait appel aux sciences : histoire, astronomie, politique, etc. Clarté et honnêteté dans le domaine de la foi, visent à l’intériorité et à la profondeur. Il faut espérer qu’à l’adolescence, nos jeunes soient aptes et intéressés à comprendre plus avant l’enseignement religieux proposé dans la future Église en marche vers une humanité nouvelle.

Qu’Il  vienne à notre rencontre. 

Jeanne C. Auclair


Et si Noël n’existait pas?

Si Noël n’existait pas, il n’y aurait pas de lumières pour égayer les maisons au début d’un long hiver. Il n’y aurait pas de musique pour mettre de l’ambiance dans les rues et les centres d’achat. Il n’y aurait pas de Messie de Haendel pour enchanter les mélomanes, ni de Casse-Noisette pour émerveiller les petits. Il n’y aurait pas de crèche vivante dans le Vieux-Montréal, ni d’exposition de crèches à l’Oratoire. Il n’y aurait pas de guignolée pour permettre à tous de fêter dans la joie. Il n’y aurait pas de réunions de famille pour célébrer l’année qui se termine… Montréal serait bien triste!

Bien sûr, les commerçants font de bonnes affaires à cette période (mais n’est-ce pas leur gagne-pain?). Bien sûr, les partys de bureau et les distributions de cadeaux ont quelque chose d’artificiel. Bien sûr, on est saturé d’airs de Noël à toutes les sauces et de lampions partout dans les rues. Bien sûr, il y a des personnes seules qui ne pourront pas fêter et des personnes pauvres qui auront le ventre creux le reste de l’année. Bien sûr, les réunions de famille se passent parfois mal et dégénèrent en disputes…

Mais si Noël n’existait pas, est-ce que ce serait mieux? Est-ce que la morosité ambiante ne gagnerait pas les esprits et les cœurs? Est-ce que les gens s’entendraient mieux? Est-ce que les familles seraient plus unies?

Noël vient nous rappeler, au moins une fois dans l’année, que l’espoir est possible, que la paix et l’amour peuvent régner si on le désire vraiment, que la nuit peut être illuminée et que l’hiver ne durera pas éternellement…

Si Noël n’existait pas, il faudrait l’inventer!

                                                                                                            Monique Morval


NOËL…….!! Est-ce un cadeau???

Depuis longtemps, Noël est célébré
Pour signifier qu’un enfant Jésus nous est né,
Dans une ville appelée Bethléem;
Et depuis ce temps, on se donne beaucoup de peine.

Avec le temps, une légende est créée
De St Nicolas, qui lui n’était pas gêné
D’offrir des vœux de bonheur et de joie
À tous les grands et petits bourgeois.

Venu le temps de fête et de festin
Qu’en Alsace est né un beau sapin
Où l’Église décria ce symbole païen et franc-maçon;
D’y ajouter une crèche, fut une réconciliation.

Le temps des fêtes est venu de nouveau
Pour certains, il  y a plein de cadeaux.
Pour d’autres, c’est pas un cadeau,
Pour moi c’est toujours un renouveau.

C’est le temps de blancheur et de lumière
Qui allume en moi une nouvelle clairière.
Pour accueillir le plus grand des tout-petits,
Le méditer et le célébrer au son de minuit.

Alléluia!  Alléluia!                    

Marguerite Bilodeau


Comme un cadeau tombé du ciel

Elle a la peau brune.
Moi , elle dit que je suis d’un blanc rosé, comme sa mère.

Nous avons un certain lien de parenté : à son anniversaire, j’ai passé pour la mère de sa mère, sa grand’mère, quoi!
Elle dit que nous sommes jumelles;
elle dans sa peau brune,
moi
dans ma peau blanc rosé.
Sa mère me dit que nous avons le même prénom qui signifie lumière.

Elle bondit comme un cerf.
Moi, je dois utiliser le Bâton du pèlerin.
Nous  marchons pourtant  du même pas.
Quand elle est turbulente, la musique de Mozart la calme et nous rallie.

Elle me lit des histoires d’horreur, du genre : « Le loup est re–ve–nu ».
Moi, je lui dis que le loup mangera avec l’agneau.
Nous verrons bien.

Je crois qu’elle m’est tombée du ciel! Comme un cadeau!
Laquelle, je me le demande bien, est le cadeau de l’autre?....

Louise-Hélène


                                            

Noël au Mexique:  Les «Posadas» et les «Piñatas»

Pour les croyants, Noël et le mois de décembre sont, bien sûr, des cadeaux!!!
Voici une des traditions mexicaines qui l’illustre bien.

Les « Posadas » (littéralement « Auberges ») appartiennent à la tradition mexicaine la plus délicieuse et la plus unique. Commençant le 16 décembre de chaque année et se terminant le 24 décembre (il y a neuf « Posadas » avant Noël), cette tradition commémore les événements du voyage de Marie et de Joseph du village de Nazareth jusqu’à celui de Bethléhem.

Après l'obscurité, chaque nuit de « Posada », un cortège commence, mené par deux personnes portant de petites reproductions de Joseph et de Marie montés sur un âne. D'autres membres du groupe, portant tous  de longues et minces bougies  allumées, chantent les « Litanies de la Vierge »  en se dirigeant vers la porte de la maison assignée à la première « Posada ». Ils chantent en chœur une vieille chanson traditionnelle et réveillent le propriétaire de la maison pour demander le logement des pèlerins. Le propriétaire refuse mais finalement après insistance, il accepte et il ouvre ses portes aux invités. C’est le moment de la joie.

Enfin arrive  le temps de la « Piñata » : un récipient de terre (ou papier), brillamment décoré et rempli de bonbons et de jouets. Elle est accrochée au plafond ou à un arbre. Les enfants ont  les yeux bandés, ils  tournent autour et  doivent  frapper la « Piñata » avec un bâton. Habituellement , il faut réessayer plusieurs fois avant de réussir à casser  le récipient. Naturellement, quand cela se produit, il y a une explosion de bonbons et de jouets et les enfants se lancent pour les attraper.

La « Piñata » a été un moyen d’évangélisation des missionnaires espagnols au Mexique. Ils utilisaient la « Piñata» pour attirer les Indiens au catéchisme. La « Piñata » symbolise l’attirance du péché. Le bâton pour frapper la « Piñata », lui, représente la lutte pour vaincre le péché, malgré son attirance. Les bonbons et les cadeaux à l’intérieur de la « Piñata » qui tombent quand elle est cassée, symbolisent la joie, la grâce et la bénédiction de Dieu quand nous avons lutté pour vaincre le péché.

Bien sûr que Noël  est un cadeau au Mexique!!!

                                                                                                    Carlos Hoyos-Tello


La petite fille qui avait trop de cadeaux

L’arbre de Noël scintille de toutes ses ampoules bleues, jaunes, rouges, oranges, vertes, des milliers de cheveux d’anges argentés frémissent aux moindres vibrations de l’air. À ses pieds, on a placé une petite crèche traditionnelle avec tous ses personnages. Cette petite crèche se dérobe à l’œil, cachée par une montagne de boîtes de toutes les couleurs, de toutes formes, enrubannées de boucles et de choux rutilants.

La petite Eurydice remarque à peine les cadeaux destinés à Papa et à Maman. Non! Ce qui excite son imagination, ce qui attire son attention, ce sont les innombrables boîtes où elle peut (à peine, car elle n’a que cinq ans) lire son nom. Il y a, lui a-t-on expliqué, plusieurs cadeaux de Papa et de Maman, ceux de Grand-papa Jules et Grand-maman Monique, ceux de Grand-papa Ernest et Grand-maman Berthe, celui de Nathalie et de son nouvel ami Patrick, celui de l’oncle Charles, de tante Nicole, de l’oncle Jean-Paul, de tante Carole, de Flavie, de Lucie et d’Aurélie, d’Armand, de Bertrand et de Gontran, et de bien d’autres encore…

Eurydice est ravie. Aussi, sans même attendre le signal, oubliant toute retenue, sans parler de la politesse, elle s’élance vers la montagne multicolore. S’emparant de la première boîte, elle l’ouvre avec empressement. Elle entend vaguement la voix de Papa qui lui demande de se calmer, mais elle n’y prête pas la moindre attention. Seule la trousse de médecin retient son attention. Mais pas pour longtemps.

Exaltée, Eurydice s’attaque à la deuxième boîte, qu’elle déballe tout aussi rapidement : trois chiots de peluche qui jappent en remuant la tête. La troisième boîte, ouverte avec frénésie, contient une poupée qui pleure et qui gazouille. La quatrième boîte, des robes de poupées. La cinquième un service de vaisselle pour la maison de sa poupée. La sixième… La septième… La huitième…

De plus en plus excitée, la fillette fait voler emballages, boîtes, styromousse, papiers colorés, papiers de soie, boucles, choux, rubans, dans un désordre de plus en plus affolant. Jusqu’au moment où elle ne trouve plus de cadeaux à sa portée. Elle se retourne et ne voit que papiers, cartons et chiffons. Devant elle aussi. À gauche, à droite, c’est la même chose. De tous les côtés, elle n’aperçoit que des résidus d’emballages. Elle n’aperçoit plus ni Papa, ni Maman, ni la crèche ni le grand sapin vert. Même le plafond a disparu. Désorientée, elle ne sait plus où aller. Des voix lointaines semblent lui parler. Mais elles ne lui parviennent que faiblement. Elle ne peut les comprendre, elles sont couvertes par les bruissements de papiers qui se déplient et s’agitent d’eux-mêmes, produisant un crépitement assourdissant.

Maman… fait-elle faiblement.

Aucune voix ne lui répond. Au contraire, le chuintement des papiers et des cartons devient un grondement de plus en plus fort, comme celui des vagues de la mer, durant les vacances d’été, au bord de la plage. Elle a soudain peur d’être emportée par cette marée puissante.
Au bord des larmes, elle rampe sous la montagne d’emballages déchirés. Elle a maintenant oublié poupées, jolies robes, instruments médicaux et chiots de peluche.

Le salut lui est venu de la crèche. La crèche minuscule. Ayant rampé à l’aveuglette, elle est tout heureuse de la trouver sous ses doigts. Elle sait maintenant que le sapin est tout près. Après avoir atteint le pied de l’arbre, elle a maintenant le courage de se lever. La tête entre les branches et les décorations, Eurydice aperçoit enfin sa mère :

Maman! Maman! Viens me chercher, les cadeaux vont me noyer! Je suis perdue…

Et, nageant dans le papier et les boîtes, les cheveux couverts de rubans et de boucles multicolores, elle se jette vers sa mère.

Maman! Maman! Protège-moi! Les cadeaux veulent me dévorer!

Blottie dans les bras de sa maman, Eurydice connaît une paix merveilleuse. Une minute de pur bonheur. Le moment le plus heureux de la soirée de Noël.

Simon Paré


Un brin de lavande m’a interpellée


« Noël… est-ce un cadeau? » Quelle question en ce 4 décembre 2004! Depuis l’aube, dans le calme et le demi-jour de ma chambre, je fais renaître « Betelèn en Prouvenço », tradition toujours vivante qui fleurit dès qu’apparaît le premier santon. A l’approche du 27e Noël loin d’Avignon et de tous les miens, je suis seule à veiller. C’est samedi et, dans l’immeuble, tout le monde dort.

« Noël… est-ce un cadeau? » Si je posais cette question à mon petit Simon, il me répondrait avec beaucoup de candeur :  « Pas UN cadeau mais DES cadeaux! »

Simon a huit ans et pour moi, depuis sa naissance, le 18 septembre 1996, c’est un cadeau. Né prématurément, il ne pesait que 590 grammes et mesurait 28 centimètres! Quatre mois plus tard, il sortait de Sainte-Justine et le 26 janvier suivant, je gardais « Mon Petit Prince » pour la première fois. Comme dirait Guy Lapointe, c’est « la foi et l’espérance mêlées » au jour le jour devant toute cette fragilité, mais tout cela, grâce à l’excellente et remarquable équipe du service de néonatologie de Sainte-Justine : humbles artisans d’une humanité nouvelle.

Et que dire de cette phrase affichée par une publicité actuelle : « A Noël, cet enfant aura faim, c’est tout ce qu’il aura », accompagnée d’une bouleversante image d’un enfant dont l’assiette vide symbolise le sort réservé à tous les enfants de Montréal, du Québec et du Canada  qui vivent sous le seuil de la pauvreté?  Alors NOËL… est-ce toujours un cadeau? Oui, nous répondrait le comédien Vincent Graton, si l’on se réfère à son entretien avec Simon Durivage. Grâce à la Grande Guignolée, la société prend conscience du pouvoir des médias, se sensibilise pour intensifier des activités d’entraide tout au long de l’année ou pour interpeller les politiciens. Ainsi la liste d’hommes et de femmes plus humains s’allonge.

Pour les enfants de Côte-d'Ivoire, d’Irak, de Tchétchénie…, même si pour eux, NOËL n’est peut-être pas une tradition, ne pensez-vous pas que tous les dirigeants politiques du monde entier, soutenus de tout cœur et de toutes leurs forces par des citoyens conscientisés, devraient harmoniser leurs actions pour que cesse peu à peu le déferlement des attaques aériennes et terrestres. Quoi de plus effrayant pour un enfant  que des bombes qui tombent, explosent et tuent. Je me souviens de mon premier NOËL! Je venais d’avoir 7 ans! L’arbre était rachitique, les jouets n’étaient pas enveloppés. Mais quel beau NOËL que ce 25 décembre 1945; «  ils étaient partis »!

Il est temps de clore cette réflexion cueillie sous la lavande et l’olivier de ma crèche provençale. Oui,  NOËL est un cadeau… mais les plus beaux cadeaux ne sont pas toujours cachés sous des emballages festifs. N’est-ce pas Antoine de Saint-Exupéry qui nous le rappelle? « L’essentiel est invisible pour les yeux. On ne voit bien qu’avec le cœur ». Quelle que soit leur appartenance politique, religieuse ou sociale, tous ceux et celles qui œuvrent pour une humanité nouvelle empreinte de Paix et de TOLÉRANCE sont des cadeaux les uns pour les autres et vice versa.

Josée Masson et son rassemblement de 4000 enfants à Saint-Jean en hommage aux morts de Beslan en est un émouvant exemple.

A NOËL, Dieu nous fait un véritable cadeau. A nous de veiller afin qu’il engendre une humanité où « les hommes vivront d‘amour et où il n’y aura plus de misère ».

Quel bel héritage pour les enfants des temps futurs!

Jocelyne Bérard


 

Déjà 25 ans

Lettre de la famille TRAN à la Communauté chrétienne St-Albert


D’abord, je m’excuse de ne pas pouvoir associer toute ma famille à la célébration de notre 25e anniversaire que vous avez si généreusement organisée en notre honneur.

« Déjà 25 ans! On ne les voit pas passer! Il me semble que nous avons été ici depuis toujours! » s’est exclamée maman. Notre maman est énormément touchée par cette belle surprise ainsi que par tout ce que vous avez fait pour nous. Je me souviens qu’à chaque souper de famille maman et papa nous ont parlé de votre bonté. Je suis sûre que si papa était présent, il nous ferait réveiller à 5 heures du matin ce dimanche pour que nous soyons prêts à aller à la messe et à la célébration! Je me souviens qu’en octobre 1979, à notre premier jour de rencontre avec vous, papa nous a fait réveiller à 5 heures du matin et nous a fait mettre manteau, salopette, tuque, foulard, mitaines… enfin tout l’équipement d’hiver, pour aller déjeuner et ensuite vous rencontrer! Le pauvre papa! Il a dû être tellement excité de joie qu’il avait oublié que le déjeuner était servi dans la cafétéria de notre hébergement même! Nous avons bien ri, mangé, ri, et eu chaud! Chaud aussi de vous rencontrer pour la première fois! Croyez-nous, nos cœurs palpitent toujours avec les bons souvenirs de nos premiers pas à vos côtés…

Nous vous sommes très reconnaissants de nous avoir accueillis avec tellement de bonté et de générosité dans ce beau pays. Ce pays est devenu notre pays et nous en sommes si fiers, si fiers! Vous nous avez donné ce pays, cette fierté, cette vie… et de l’inspiration pour de nouvelles vies! Alice, Claudia, Thomas et …! Nous nous assurons que nos enfants grandissent inspirés par votre bonté et nous espérons qu’ils en donneront aussi généreusement aux autres.

Nous profitons de cette occasion pour exprimer notre immense gratitude envers vous tous et vous présenter les nouveaux membres du clan Tran! Merci beaucoup! Encore. Encore!

Élise et la famille Tran


Noël dans une perspective nouvelle

La réflexion à laquelle m’amène le sujet d’Étapes trouve, dans ma condition actuelle, une perspective nouvelle et toute différente que je n’aurais soupçonnée.

Quoi qu’on dise, quoi qu’on fasse, Noël porte une part de magie qui n’enlève rien à son mystère de grâce, de mystère, de promesse cachée. Qu’il y a-t-il à l’intérieur d’une noix? Subtile allusion à l’inconnu qui fait chanter. Noël, qui s’insère dans notre univers changeant, en prend aussi la couleur. Ça n’est pas toute l'année, l’éclat du poinsettia!

Si spirituel et riche de grâces que nous voulions notre Noël, les événements en conditionnent l’approche. La convalescence de mon conjoint, Jean, à qui on proposait une chirurgie cardiaque le 3 novembre dernier, a chambardé notre programme de vie et nous a forcés à une réclusion bien loin des habitudes acquises. Je veux croire avec Jean, que nous ne vivons pas en vain de longs espaces ouverts à la réflexion et assez souvent à la prière. Les enfants et les amis nous ont, tout au long de ce retrait obligé, donné les réponses d’humanité idéalisées facilement dans nos discours.

Au vol, comme ça, je glane le commentaire d’un de nos enfants penché sur mon papier :                 

« Noël, est-ce un cadeau? »

Le ton réfléchi, de peur de m’émouvoir, peut-être:

« Ah! Ça n’enlève pas la solitude »

m’a-t-il répondu en filant à ses occupations. Sans évoquer le spasme de vivre de Nelligan, son commentaire m’a retournée par en dedans, comme un gant. Cela m’a ramenée à la case départ. Que reste-t-il de ces attentes de Noël répétées; sont-elles renouvelées au rythme de la longue attente du cœur humain?

Pour ce qui est de la place donnée aux préparatifs  par rapport au souci d’humanisation, je n’exclus rien; ce que je peux exprimer de ma joie de vivre, si modeste qu’en soit la démonstration, je la vois comme une invitation, un signe fait à l’autre de notre présence au monde.

Qui mieux que Teilhard de Chardin pour sauver ma cause? :

« Je veux, d’une part, plonger dans les choses; et me mêlant à elles, en dégager, par la possession, jusqu’à la dernière parcelle, ce qu’elles contiennent de vie éternelle. »

A tout le monde : Joyeux Noël et Bonne Année!

Ghislaine Chamard Villemur


Qu'en  pensez-vous

Pas un cadeau…?

La réflexion qui suit m’a été inspirée par un échange avec une personne de la communauté marchant avec difficulté. Il faut dire aussi qu’une crise d’arthrose au genou m’avait rendue particulièrement sensible à ses propos.

« Pas un cadeau » d’avoir à se déplacer avec une canne, me disait-elle. Combien sommes-nous à la communauté à avoir recours à cette aide, temporaire pour certains, permanente pour d’autres? Quelques dizaines, peut-être plus.

Cette canne qu’il a fallu apprivoiser, une amie essentielle pour maintenir l’équilibre, mais bien encombrante dans les lieux publics ou dans les transports en commun, ne pourrait-elle pas devenir un instrument de rapprochement entre nous qui partageons sa compagnie?

Oui, la canne, ce n’est pas tous les jours un cadeau, mais les mots, les sourires que nous pourrions échanger entre nous qui en avons fait une alliée, pourraient en être un.

Gardons espoir  

Elizabeth Roussel


NOËL 2004  

(Sens donné à la décoration du chœur de l'église)

La rencontre du Comité de liturgie du 14/11/2004 a permis à chacun des membres de s’exprimer pour répondre à la question : quel sens donner à l’Avent et à Noël aujourd’hui?
Trois idées ont émergé :
-le cadeau, Noël, quel cadeau? Cadeau que l’on n’a jamais fini de déballer;
-le sapin, avec tous ses symboles se rattachant aux arbres chez les Amérindiens (l’arbre de la paix) et chez plusieurs écrivains;
-le livre, afin de permettre à tous ceux qui le désirent de répondre concrètement à la question posée et d’en trouver le sens, chacun est invité à y inscrire les espoirs et réalisations nous menant vers une humanité nouvelle.

Après concertation des délégués des trois communautés qui partagent ce lieu, nous sommes arrivés à un consensus qui nous a permis de rêver à la  réalisation plastique de ces idées.

-Le premier dimanche de l’Avent : une lumière blanche venue du ciel, un tissu se déroule comme un chemin vers un mystérieux cadeau bien emballé.
-Le deuxième dimanche : le cadeau s’est ouvert, révélant une grotte déjà chargée de paille.
-Le troisième dimanche : le sapin a poussé, stylisé en chemin montant comme l’épinette et illustrant ces paroles de Jésus : « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie. Tout homme qui veut aller vers le Père doit passer par moi. »
-Le quatrième dimanche : comme il faut s’y attendre, les cristaux de neige accrochés sur les branches révèlent la beauté secrète de l’hiver.
-Les 24 et 25 décembre : c’est Noël! L’Étoile nous rappelle que le Fils de la promesse paraît dans le monde, comme un astre devenu « présent ».

C’est ainsi que notre « cadeau » transformé en étable, accueille Marie, Joseph et l’Enfant.
« Le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous, plein de grâce et de vérité. »
Chacun de nos cœurs ne peut-il pas être aussi une crèche unique et scintillante car « Celui qui aime, Dieu est dans son cœur ».

Aujourd’hui, la lumière a brillé sur la terre.
Peuples de l’univers, entrez dans la clarté de Dieu; venez tous adorer le Seigneur.

Joyeux Noël!  

Jacqueline Tremblay


Responsable du bulletin ÉTAPES : Élizabeth Roussel,

Mise en page : André H. Rinfret

Illustrations : Jeanne C. Auclair 

Conception de la maquette en page couverture : Jacqueline Tremblay

 

 


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