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Communauté chrétienne
Saint-Albert-Le-Grand à Montréal |
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Noël 2004

Communauté St-Albert-le-Grand
ÉTAPES
«Tout cela veut dire que nous avons bien
raison de
nous questionner à la veille de la fête,
que nous
pouvons entendre l’invitation à la réjouissance avec
un soupçon légitime. Tout n’est
pas acquis, tout
n’est pas réglé. Mais cela signifie surtout
que nous
devons chercher ce que nous attendons vraiment
pour trouver les vrais motifs
de réjouissance et
entretenir notre espérance à la veille de la fête…
C’est
seulement en explorant et en creusant nos
attentes que nous anticiperons une joie
qui a de l’avenir, que nous nous préparerons en vérité à la fête. »
Extrait
de l’homélie de Jean-Claude Breton
pour le 3e dimanche de l’Avent,
12/12/2000
L'édition d’Étapes de Noël 2004 que
nous vous offrons reflète le questionnement des membres de
la communauté :
Noël
est-il un cadeau?
A l’image du travail de l’artiste Jacqueline Tremblay qui
a conçu la décoration du chœur de l’église
au cours de l’Avent, livrant à nos yeux une œuvre
en évolution, chacun des articles a construit cette édition pièce
par pièce, à même les éléments de réponse
apportés.
Vous y trouverez le refrain de cette question posée
qui revient avec ses répétitions, ses échos. Chacun à sa
façon a apporté sa contribution par des dessins, un
conte, un poème, une méditation devant la crèche
provençale, le récit d’une tradition mexicaine ou
de la rencontre d’un enfant, et même, un article à venir
que Poste Canada aurait perdu dans le courrier volumineux des Fêtes,
ainsi que diverses réflexions inspirées par cette
attente commune nous appelant à faire naître une humanité nouvelle.
Enfin, vous trouverez également à la
fin, la nouvelle rubrique « Qu’en pensez-vous? »Elle s’installera à demeure
dans les prochains Étapes afin de permettre l’expression
de réactions ou opinions sur différents aspects de la vie
de notre communauté.
Bonne lecture et Joyeux Noël!
Elizabeth
Roussel
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Noël à travers tant de cadeaux
Les mots cadeaux, réjouissances, repas reviennent hanter la vie de
bien des gens à la veille de Noël. Le journal La Presse (1er
décembre 2004 Actuel, p. 4-5), a même publié un
calendrier liturgique « séculier » de l’Avent.
Il y a un itinéraire à suivre jusqu’à Noël.

Comme quoi tout est récupéré. A-t-on
oublié ce qui a provoqué ce temps des cadeaux, des réjouissances,
des repas festifs, des rencontres? Le Noël chrétien
a un effort à faire pour se tracer un chemin à travers tout ce
mouvement de l’Avent qui, malgré tout ce branle-bas, garde encore,
du moins dans l’inconscient de plusieurs, un goût de naissance.
Mais le chemin n’est pas évident jusqu’à la
naissance de Jésus. Il nous faut traverser et consentir à bien
des cadeaux.
Pour y arriver, il est important de nous rappeler que la
Parole de l’Évangile
rassemble toutes les voix humaines et les désirs qui disent Dieu
dans le monde. L’Évangile n’est pas discours, mais amour
et vie; il est souffle qui traverse l’humanité. L’Évangile
n’est pas une histoire gentille. C’est une terrible histoire d’amour
et d’espérance, de veille, là où il nous faut traverser
nos propres ténèbres. Pour que Noël soit naissance
au cœur de la nuit, un véritable cadeau que Dieu nous fait et
que nous nous faisons mutuellement, veillons et nous pourrons surprendre toutes
les personnes qui attendent quelque chose de Noël et même tous
les voleurs, dont parle l’Évangile, qui perceront les murs de
nos maisons, parce qu’ils se sentiront accueillis et peut-être, ô surprise,
attendus. C’est le cadeau qui ne s’achète pas, mais qui
nous est offert. Je nous le souhaite pour ce Noël qui vient.
Une fête nécessaire
Noël
sans les cadeaux, sans toutes ces petites attentions où chacun tente
de deviner ce qui ferait le plus plaisir à l’autre, sans cette écoute
espionne, où l’autre livre ses désirs, à son insu,
et nous donne des pistes, Noël serait bien triste…
Point de
vue bien profane direz-vous, mais cette perspective de repas festifs, de retrouvailles,
de pauses sportives et récréatives, en famille ou entre amis,
n’appelle-t-elle pas à l’ouverture, à la réconciliation, à la
détente, à la reprise de contact avec le vécu de l’autre?
Au-delà de la parenté, ce temps des fêtes n’est-il
pas un beau prétexte pour accueillir le solitaire, l’immigrant,
l’étranger et visiter la voisine, le veuf ou l’hospitalisé?
Et
toutes ces tables bellement dressées, décorées, odorantes
ne sont-elles pas un dire d’amour à tous ceux qu’elles rassemblent?
Ces tables nous reconnectent avec nos traditions alimentaires ou avec notre
créativité innovatrice ou avec notre solidarité quand
le repas à l’allure d’un « potlatch ».
De grands repas publics s’organisent, des guignolées se mettent
en branle, des chorales s’exécutent professionnellement ou s’improvisent
gentiment aux coins des rues.
Et ce manteau
de lumières multicolores qui recouvre abusivement nos villes, nos villages,
nos demeures, nos sapins naturels et artificiels n’est-il pas un dire
de réveil, un trait de santé dans cette volonté de faire
reculer l’obscurité, une manifestation silencieuse et collective
d’un profond désir de chaleur et de fête au cœur
de l’hiver.
Quelle mobilisation générale! Que d’énergies
investies!
Noël, un foisonnement de symboles, de rituels et de manifestations
diverses de notre humanité en quête de fête , de joie et
de sens. Certes, il y a des abus, des débordements, des rencontres ratées,
des générosités déçues,
de la fatigue, etc… Mais la fête de Noël est un grand cadeau :
elle
mobilise l’imaginaire de tous;
elle nous rejoint dans notre humanité commune;
elle permet une halte
dans la bousculade de nos quotidiens;
elle nous renvoie à l’incontournable capacité de
relations qui nous singularise;
elle s’organise autour d’une naissance
consciemment ou non;
elle enracine nos racines.
Vieille de 2000 ans, cette naissance est toujours
d’actualité,
elle valide chaque année nos recommencements et nous incite à ne
jamais désespérer de cette humanité nouvelle qui peut
advenir par nous tous, par des milliers de petits gestes d’amour.
Clotilde
Pouliot

Noël : Quel cadeau!
Pour beaucoup,
Noël représente une corvée qui se résume en quatre
mots (maux?) : le magasinage des fêtes et toute la consommation
qui s’y rattache parfois de façon excessive. Pour d’autres,
c’est un véritable exploit, une course d’obstacles :
arriver ensemble au 25 décembre, fourbus et tendus, mais reconnaissons-le,
satisfaits d’avoir enfin découvert le cadeau qui fera plaisir,
choisi longuement et affectueusement. Noël ce peut être aussi la
joie des retrouvailles avec famille et amis, autour d’une tablée
conviviale et chaleureuse. Des réjouissances peut-être
partagées avec des personnes esseulées qui risqueraient autrement de
ressentir davantage cette nostalgie souvent plus à vif au temps des
Fêtes.

Mais que
restera-t-il de cette période d’effervescence? Sans doute de beaux
souvenirs pour ceux et celles qui auront célébré dans
la joie. Pour d’autres, le soulagement d’avoir
survécu aux aspects parfois dénaturés de cette fête qui
pour tellement de nos contemporains a perdu son véritable sens.
Et quel soulagement de ne plus avoir à supporter des cantiques usés
parce que trop longtemps serinés et l’envahissement constant des
messages publicitaires de toutes sortes!
En réalité,
Noël demeure le synonyme des valeurs les plus contradictoires : partage
avec les démunis et dépenses inconsidérées. Réjouissances
familiales et solitude accrue.
Noël apparaît ainsi comme un baromètre de notre monde partagé entre
l’altruisme et l’indifférence, entre la violence et la recherche
de la justice.
Parfois, l’actualité brutale nous pousse à désespérer
d’une humanité meurtrie par des conflits de toutes sortes, qu’ils
soient éloignés ou à notre porte. L’avenir demeure
menaçant, mais pourtant, jamais le mal n’annihilera les forces
du bien. Noël est là pour nous aider à nous convaincre que
tout n’est pas perdu. La « petite fille espérance » dont
parle Péguy donne la main au petit garçon né à Bethléem
dans le dénuement. Contre l’assaut du mal, ces deux enfants seront
toujours là pour nous accompagner et nous permettre d’espérer.
Hubert
de Ravinel
Vers une humanité nouvelle
« Une
mère, un enfant, tout simplement
Père
tu es là, l’Éternel dans le temps…
Ce
soir nous est né un roi d’humilité » Mario
Bard
L’infiniment petit dans l’infiniment grand.
Je perçois le même émouvant contraste
dans les propos tenus en
août dernier dans une paroisse de Lausanne, en Suisse, par un prêtre-catéchète
d’enfants, dont mon petit–fils.
« Pour nous, me disait-il, favoriser l’ouverture
aux valeurs spirituelles consiste d’abord à amener l’enfant à écouter à l’intérieur
de lui, à être attentif à ce que Dieu, dans sa vie,
entend communiquer à la personne qu’il est, puis l’ouvrir à la
Parole.

Ainsi, poursuit-il, à Noël, nous ferons
le récit de la
naissance de Jésus, depuis le texte évangélique, comme
un très beau poème, une légende riche d’images et
de symboles : l’étoile arrêtée au-dessus de
la crèche, la visite des trois mages, des bergers, une mère vierge…
On sait maintenant que rien ou à peu près ne
s’est passé tel
que décrit dans la Bible. Il est important d’en informer les enfants
de 8 et 9 ans. Que nous disent ces textes sur Jésus, au–delà du
visible et de la réalité apparente? De grandes vérités
qui n’échappent pas à l’intuition enfantine. Leurs
réflexions nous étonnent parfois par leur pertinence. D’autre
part ils se disent soulagés de savoir qu’Hérode n’ait
pas décidé du massacre des enfants de Bethléem; que Marie,
avec son nouveau-né, n’ait pas dû faire le voyage en Égypte, à dos
d’âne avec Joseph. Et ils seront doublement heureux de se regrouper
autour de la crèche à Noël pour former le chœur des
anges. » ( tout comme le nôtre à St-Albert)
La vérité seule parle à notre cœur
et à notre
intelligence. La recherche rationnelle de notre temps fait appel aux sciences :
histoire, astronomie, politique, etc. Clarté et honnêteté dans
le domaine de la foi, visent à l’intériorité et à la
profondeur. Il faut espérer qu’à l’adolescence, nos
jeunes soient aptes et intéressés à comprendre plus avant
l’enseignement religieux proposé dans la future Église
en marche vers une humanité nouvelle.
Qu’Il vienne à notre rencontre.
Jeanne
C. Auclair
Et si Noël n’existait pas?
Si Noël n’existait pas, il n’y aurait pas
de lumières
pour égayer les maisons au début d’un long hiver. Il n’y
aurait pas de musique pour mettre de l’ambiance dans les rues et les
centres d’achat. Il n’y aurait pas de Messie de Haendel pour enchanter
les mélomanes, ni de Casse-Noisette pour émerveiller les petits.
Il n’y aurait pas de crèche vivante dans le Vieux-Montréal,
ni d’exposition de crèches à l’Oratoire. Il
n’y aurait pas de guignolée pour permettre à tous de fêter
dans la joie. Il n’y aurait pas de réunions de famille
pour célébrer l’année qui se termine… Montréal
serait bien triste!

Bien sûr, les commerçants font de bonnes affaires à cette
période (mais n’est-ce pas leur gagne-pain?). Bien sûr,
les partys de bureau et les distributions de cadeaux ont quelque chose d’artificiel.
Bien sûr, on est saturé d’airs de Noël à toutes
les sauces et de lampions partout dans les rues. Bien sûr, il y a des
personnes seules qui ne pourront pas fêter et des personnes pauvres qui
auront le ventre creux le reste de l’année. Bien sûr, les
réunions de famille se passent parfois mal et dégénèrent
en disputes…
Mais si Noël n’existait pas, est-ce que ce serait
mieux? Est-ce que la morosité ambiante ne gagnerait pas les esprits
et les cœurs? Est-ce que les gens s’entendraient mieux? Est-ce
que les familles seraient plus unies?
Noël vient nous rappeler, au moins une fois dans l’année,
que l’espoir est possible, que la paix et l’amour peuvent régner
si on le désire vraiment, que la nuit peut être illuminée
et que l’hiver ne durera pas éternellement…
Si Noël n’existait pas, il faudrait l’inventer!
Monique
Morval
NOËL…….!! Est-ce un cadeau???
Depuis longtemps, Noël est célébré Pour signifier qu’un enfant Jésus nous est né,
Dans
une ville appelée Bethléem;
Et depuis ce temps, on se donne
beaucoup de peine.
Avec le temps, une légende est créée
De
St Nicolas, qui lui n’était pas gêné D’offrir des vœux
de bonheur et de joie
À tous les grands et petits bourgeois.
Venu le temps de fête et de festin
Qu’en Alsace est né un
beau sapin
Où l’Église décria ce symbole païen et franc-maçon;
D’y ajouter une crèche, fut une réconciliation.
Le temps des fêtes est venu de nouveau
Pour certains, il y
a plein de cadeaux.
Pour d’autres, c’est pas un cadeau,
Pour moi c’est toujours
un renouveau.
C’est le temps de blancheur et de lumière
Qui allume
en moi une nouvelle clairière.
Pour accueillir le plus grand des tout-petits,
Le méditer et le célébrer au son de
minuit.
Alléluia! Alléluia!
Marguerite
Bilodeau
Comme un cadeau tombé du ciel

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Elle a la peau brune.
Moi , elle dit que je suis d’un
blanc rosé, comme sa mère.
Nous avons
un certain lien de parenté : à son anniversaire,
j’ai passé pour la mère de sa mère, sa
grand’mère, quoi!
Elle dit que nous sommes jumelles;
elle dans sa peau
brune,
moi dans ma peau blanc rosé.
Sa mère me dit que nous avons le même prénom qui signifie
lumière.
Elle bondit
comme un cerf.
Moi, je dois utiliser le Bâton
du pèlerin.
Nous marchons
pourtant du même pas.
Quand elle est turbulente, la musique de Mozart la calme et nous rallie. |
Elle me lit des histoires d’horreur,
du genre : « Le
loup est re–ve–nu ».
Moi, je lui dis
que le loup mangera avec l’agneau.
Nous verrons bien.
Je crois qu’elle m’est tombée du ciel!
Comme un cadeau!
Laquelle, je me le demande bien, est le cadeau de l’autre?....
Louise-Hélène
Noël au Mexique: Les «Posadas» et les «Piñatas»
Pour les croyants, Noël et le mois de décembre
sont, bien sûr, des cadeaux!!!
Voici une des traditions mexicaines
qui l’illustre bien.
Les « Posadas » (littéralement « Auberges »)
appartiennent à la tradition mexicaine la plus délicieuse
et la plus unique. Commençant le 16 décembre de chaque année
et se terminant le 24 décembre (il y a neuf « Posadas » avant
Noël), cette tradition commémore les événements
du voyage de Marie et de Joseph du village de Nazareth jusqu’à celui
de Bethléhem.
Après l'obscurité, chaque nuit de « Posada »,
un cortège commence, mené par deux personnes portant de petites
reproductions de Joseph et de Marie montés sur un âne. D'autres
membres du groupe, portant tous de longues et minces bougies allumées,
chantent les « Litanies de la Vierge » en se
dirigeant vers la porte de la maison assignée à la première « Posada ».
Ils chantent en chœur une vieille chanson traditionnelle et réveillent
le propriétaire de la maison pour demander le logement des pèlerins.
Le propriétaire refuse mais finalement après insistance,
il accepte et il ouvre ses portes aux invités. C’est le moment
de la joie.
Enfin arrive le temps de la « Piñata » :
un récipient de terre (ou papier), brillamment décoré et
rempli de bonbons et de jouets. Elle est accrochée au plafond ou à un
arbre. Les enfants ont les yeux bandés, ils tournent
autour et doivent frapper la « Piñata » avec
un bâton. Habituellement , il faut réessayer plusieurs fois
avant de réussir à casser le récipient. Naturellement,
quand cela se produit, il y a une explosion de bonbons et de jouets et
les enfants se lancent pour les attraper.
La « Piñata » a été un
moyen d’évangélisation
des missionnaires espagnols au Mexique. Ils utilisaient la « Piñata» pour
attirer les Indiens au catéchisme. La « Piñata » symbolise
l’attirance du péché. Le bâton pour frapper la « Piñata »,
lui, représente la lutte pour vaincre le péché, malgré son
attirance. Les bonbons et les cadeaux à l’intérieur de
la « Piñata » qui tombent quand elle est cassée, symbolisent
la joie, la grâce et la bénédiction de Dieu quand nous
avons lutté pour vaincre le péché.
Bien sûr que Noël est
un cadeau au Mexique!!!
Carlos
Hoyos-Tello

La petite fille qui avait trop de cadeaux
L’arbre de Noël scintille de toutes ses ampoules bleues,
jaunes, rouges, oranges, vertes, des milliers de cheveux d’anges
argentés frémissent aux moindres vibrations de l’air. À ses
pieds, on a placé une petite crèche traditionnelle avec tous
ses personnages. Cette petite crèche se dérobe à l’œil,
cachée par une montagne de boîtes de toutes les couleurs,
de toutes formes, enrubannées de boucles et de choux rutilants.

La petite Eurydice remarque à peine les cadeaux
destinés à Papa
et à Maman. Non! Ce qui excite son imagination, ce qui attire son
attention, ce sont les innombrables boîtes où elle peut (à peine,
car elle n’a que cinq ans) lire son nom. Il y a, lui a-t-on expliqué,
plusieurs cadeaux de Papa et de Maman, ceux de Grand-papa Jules et Grand-maman
Monique, ceux de Grand-papa Ernest et Grand-maman Berthe, celui de Nathalie
et de son nouvel ami Patrick, celui de l’oncle Charles, de tante
Nicole, de l’oncle Jean-Paul, de tante Carole, de Flavie, de Lucie
et d’Aurélie, d’Armand, de Bertrand et de Gontran, et
de bien d’autres encore…
Eurydice est ravie. Aussi, sans même attendre le signal, oubliant
toute retenue, sans parler de la politesse, elle s’élance
vers la montagne multicolore. S’emparant de la première boîte,
elle l’ouvre avec empressement. Elle entend vaguement la voix de
Papa qui lui demande de se calmer, mais elle n’y prête pas
la moindre attention. Seule la trousse de médecin retient son attention.
Mais pas pour longtemps.
Exaltée, Eurydice s’attaque à la
deuxième boîte,
qu’elle déballe tout aussi rapidement : trois chiots
de peluche qui jappent en remuant la tête. La troisième boîte,
ouverte avec frénésie, contient une poupée qui pleure
et qui gazouille. La quatrième boîte, des robes de poupées.
La cinquième un service de vaisselle pour la maison de sa poupée.
La sixième… La septième… La huitième…
De plus en plus excitée, la fillette fait voler
emballages, boîtes,
styromousse, papiers colorés, papiers de soie, boucles, choux, rubans,
dans un désordre de plus en plus affolant. Jusqu’au moment
où elle ne trouve plus de cadeaux à sa portée. Elle
se retourne et ne voit que papiers, cartons et chiffons. Devant elle aussi. À gauche, à droite,
c’est la même chose. De tous les côtés, elle n’aperçoit
que des résidus d’emballages. Elle n’aperçoit
plus ni Papa, ni Maman, ni la crèche ni le grand sapin vert. Même
le plafond a disparu. Désorientée, elle ne sait plus où aller.
Des voix lointaines semblent lui parler. Mais elles ne lui parviennent
que faiblement. Elle ne peut les comprendre, elles sont couvertes par les
bruissements de papiers qui se déplient et s’agitent d’eux-mêmes,
produisant un crépitement assourdissant.
Maman… fait-elle
faiblement.
Aucune voix ne lui répond. Au contraire, le chuintement des papiers
et des cartons devient un grondement de plus en plus fort, comme celui
des vagues de la mer, durant les vacances d’été, au
bord de la plage. Elle a soudain peur d’être emportée
par cette marée puissante.
Au bord des larmes, elle rampe sous la
montagne d’emballages déchirés.
Elle a maintenant oublié poupées, jolies robes, instruments
médicaux et chiots de peluche.
Le salut lui est venu de la crèche. La crèche minuscule.
Ayant rampé à l’aveuglette, elle est tout heureuse
de la trouver sous ses doigts. Elle sait maintenant que le sapin est tout
près. Après avoir atteint le pied de l’arbre, elle
a maintenant le courage de se lever. La tête entre les branches et
les décorations, Eurydice aperçoit enfin sa mère :
Maman! Maman! Viens me chercher, les cadeaux vont me
noyer! Je suis perdue…
Et, nageant dans le papier et les boîtes, les cheveux couverts de
rubans et de boucles multicolores, elle se jette vers sa mère.
Maman! Maman! Protège-moi! Les cadeaux veulent
me dévorer!
Blottie dans les bras de sa maman, Eurydice connaît
une paix merveilleuse. Une minute de pur bonheur. Le moment le plus heureux
de la soirée
de Noël.
Simon
Paré
Un brin de lavande m’a interpellée

« Noël… est-ce
un cadeau? » Quelle
question en ce 4 décembre 2004! Depuis l’aube, dans le calme
et le demi-jour de ma chambre, je fais renaître « Betelèn
en Prouvenço », tradition toujours vivante qui fleurit dès
qu’apparaît le premier santon. A l’approche du 27e Noël
loin d’Avignon et de tous les miens, je suis seule à veiller.
C’est samedi et, dans l’immeuble, tout le monde dort.
« Noël… est-ce
un cadeau? » Si
je posais cette question à mon petit Simon, il me répondrait
avec beaucoup de candeur : « Pas UN cadeau mais DES cadeaux! »
Simon a huit ans et pour moi, depuis sa naissance, le 18
septembre 1996, c’est un cadeau. Né prématurément,
il ne pesait que 590 grammes et mesurait 28 centimètres! Quatre mois
plus tard, il sortait de Sainte-Justine et le 26 janvier suivant, je gardais « Mon
Petit Prince » pour la première fois. Comme dirait Guy
Lapointe, c’est « la foi et l’espérance mêlées » au
jour le jour devant toute cette fragilité, mais tout cela, grâce à l’excellente
et remarquable équipe du service de néonatologie de Sainte-Justine :
humbles artisans d’une humanité nouvelle.
Et que dire de cette phrase affichée par une publicité actuelle : « A
Noël, cet enfant aura faim, c’est tout ce qu’il aura »,
accompagnée d’une bouleversante image d’un enfant
dont l’assiette vide symbolise le sort réservé à tous
les enfants de Montréal, du Québec et du Canada qui vivent
sous le seuil de la pauvreté? Alors
NOËL… est-ce
toujours un cadeau? Oui, nous répondrait le comédien
Vincent Graton, si l’on se réfère à son entretien
avec Simon Durivage. Grâce à la Grande Guignolée,
la société prend conscience du pouvoir des médias, se
sensibilise pour intensifier des activités d’entraide tout au
long de l’année ou pour interpeller les politiciens. Ainsi
la liste d’hommes et de femmes plus humains s’allonge.
Pour les enfants de Côte-d'Ivoire, d’Irak,
de Tchétchénie…, même
si pour eux, NOËL n’est peut-être pas une tradition, ne
pensez-vous pas que tous les dirigeants politiques du monde entier, soutenus
de tout cœur et de toutes leurs forces par des citoyens conscientisés,
devraient harmoniser leurs actions pour que cesse peu à peu le déferlement
des attaques aériennes et terrestres. Quoi de plus effrayant pour
un enfant que des bombes qui tombent, explosent et tuent. Je
me souviens de mon premier NOËL! Je venais d’avoir 7 ans! L’arbre était
rachitique, les jouets n’étaient pas enveloppés. Mais
quel beau NOËL que ce 25 décembre 1945; « ils étaient
partis »!
Il est temps de clore cette réflexion cueillie sous
la lavande et l’olivier de ma crèche provençale. Oui, NOËL
est un cadeau… mais les plus beaux cadeaux ne sont pas toujours
cachés sous des emballages festifs. N’est-ce pas Antoine de
Saint-Exupéry qui nous le rappelle? « L’essentiel
est invisible pour les yeux. On ne voit bien qu’avec le cœur ».
Quelle que soit leur appartenance politique, religieuse ou sociale, tous
ceux et celles qui œuvrent pour une humanité nouvelle empreinte
de Paix et de TOLÉRANCE sont des cadeaux les uns pour les autres et
vice versa.
Josée Masson et son rassemblement de 4000 enfants à Saint-Jean
en hommage aux morts de Beslan en est un émouvant exemple.
A NOËL, Dieu nous fait un véritable
cadeau. A
nous de veiller afin qu’il engendre une humanité où « les
hommes vivront d‘amour et où il n’y aura plus de misère ».
Quel bel héritage pour les enfants des temps futurs!
Jocelyne
Bérard
Déjà 25 ans
Lettre de la famille TRAN à la Communauté chrétienne
St-Albert
D’abord, je m’excuse de ne pas pouvoir associer
toute ma famille à la
célébration de notre 25e anniversaire que vous avez
si généreusement organisée en notre honneur.
« Déjà 25 ans! On ne les voit
pas passer! Il me semble que nous avons été ici depuis toujours! » s’est
exclamée maman. Notre maman est énormément touchée
par cette belle surprise ainsi que par tout ce que vous avez fait pour nous.
Je me souviens qu’à chaque souper de famille maman et papa nous
ont parlé de votre bonté. Je suis sûre que si papa était
présent, il nous ferait réveiller à 5 heures du matin
ce dimanche pour que nous soyons prêts à aller à la messe
et à la célébration! Je me souviens qu’en octobre
1979, à notre premier jour de rencontre avec vous, papa nous a fait
réveiller à 5 heures du matin et nous a fait mettre manteau,
salopette, tuque, foulard, mitaines… enfin tout l’équipement
d’hiver, pour aller déjeuner et ensuite vous rencontrer! Le
pauvre papa! Il a dû être tellement excité de joie qu’il
avait oublié que le déjeuner était servi dans la cafétéria
de notre hébergement même! Nous avons bien ri, mangé,
ri, et eu chaud! Chaud aussi de vous rencontrer pour la première fois!
Croyez-nous, nos cœurs palpitent toujours avec les bons souvenirs de
nos premiers pas à vos côtés…
Nous vous sommes très reconnaissants de nous avoir accueillis avec
tellement de bonté et de générosité dans ce beau
pays. Ce pays est devenu notre pays et nous en sommes si fiers, si fiers!
Vous nous avez donné ce pays, cette fierté, cette vie… et
de l’inspiration pour de nouvelles vies! Alice, Claudia, Thomas et …!
Nous nous assurons que nos enfants grandissent inspirés par votre
bonté et nous espérons qu’ils en donneront aussi généreusement
aux autres.
Nous profitons de cette occasion pour exprimer notre immense
gratitude envers vous tous et vous présenter les nouveaux membres
du clan Tran! Merci beaucoup! Encore. Encore!
Élise
et la famille Tran
Noël dans une perspective nouvelle
La réflexion à laquelle m’amène le sujet d’Étapes
trouve, dans ma condition actuelle, une perspective nouvelle et toute différente
que je n’aurais soupçonnée.
Quoi qu’on dise, quoi qu’on fasse, Noël porte une part
de magie qui n’enlève rien à son mystère de grâce,
de mystère, de promesse cachée. Qu’il y a-t-il à l’intérieur
d’une noix? Subtile allusion à l’inconnu qui fait chanter.
Noël, qui s’insère dans notre univers changeant, en prend
aussi la couleur. Ça n’est pas toute l'année, l’éclat
du poinsettia!
Si spirituel et riche de grâces que nous voulions
notre Noël,
les événements en conditionnent l’approche. La convalescence
de mon conjoint, Jean, à qui on proposait une chirurgie cardiaque
le 3 novembre dernier, a chambardé notre programme de vie et nous
a forcés à une réclusion bien loin des habitudes
acquises. Je veux croire avec Jean, que nous ne vivons pas en vain de longs
espaces ouverts à la réflexion et assez souvent à la
prière. Les enfants et les amis nous ont, tout au long de ce retrait
obligé, donné les réponses d’humanité idéalisées
facilement dans nos discours.
Au vol, comme ça, je glane le commentaire d’un
de nos enfants penché sur mon papier :
« Noël,
est-ce un cadeau? »
Le ton réfléchi, de peur de m’émouvoir,
peut-être:
« Ah! Ça n’enlève pas la solitude »
m’a-t-il répondu en filant à ses occupations.
Sans évoquer
le spasme de vivre de Nelligan, son commentaire m’a retournée
par en dedans, comme un gant. Cela m’a ramenée à la
case départ. Que reste-t-il de ces attentes de Noël répétées;
sont-elles renouvelées au rythme de la longue attente du cœur
humain?
Pour ce qui est de la place donnée aux préparatifs par
rapport au souci d’humanisation, je n’exclus rien; ce que je
peux exprimer de ma joie de vivre, si modeste qu’en soit la démonstration,
je la vois comme une invitation, un signe fait à l’autre de
notre présence au monde.
Qui mieux que Teilhard de Chardin pour sauver ma cause? :
« Je veux, d’une part, plonger dans
les choses; et me mêlant à elles,
en dégager, par la possession, jusqu’à la dernière
parcelle, ce qu’elles contiennent de vie éternelle. »
A tout le monde : Joyeux Noël et Bonne Année!
Ghislaine
Chamard Villemur
Qu'en pensez-vous
Pas un cadeau…?
La réflexion qui suit m’a été inspirée par
un échange avec une personne de la communauté marchant avec difficulté.
Il faut dire aussi qu’une crise d’arthrose au genou m’avait
rendue particulièrement sensible à ses propos.
« Pas un cadeau » d’avoir à se
déplacer
avec une canne, me disait-elle. Combien sommes-nous à la communauté à avoir
recours à cette aide, temporaire pour certains, permanente pour d’autres?
Quelques dizaines, peut-être plus.
Cette canne qu’il a fallu apprivoiser, une amie essentielle
pour maintenir l’équilibre, mais bien encombrante dans les lieux
publics ou dans les transports en commun, ne pourrait-elle pas devenir un instrument
de rapprochement entre nous qui partageons sa compagnie?
Oui, la canne, ce n’est pas tous les jours un cadeau, mais les mots,
les sourires que nous pourrions échanger entre nous qui en avons fait
une alliée, pourraient en être un.
Gardons espoir
Elizabeth
Roussel
NOËL 2004
(Sens donné à la décoration
du chœur de l'église)
La rencontre du Comité de liturgie du 14/11/2004 a
permis à chacun
des membres de s’exprimer pour répondre à la question :
quel sens donner à l’Avent et à Noël aujourd’hui?
Trois
idées ont émergé :
-le cadeau,
Noël, quel cadeau? Cadeau que l’on
n’a jamais fini de déballer;
-le sapin, avec tous
ses symboles se rattachant aux arbres chez les Amérindiens (l’arbre
de la paix) et chez plusieurs écrivains;
-le livre,
afin de permettre à tous ceux qui le désirent
de répondre concrètement à la question posée et
d’en trouver le sens, chacun est invité à y inscrire les
espoirs et réalisations nous menant vers une humanité nouvelle.
Après concertation des délégués des trois communautés
qui partagent ce lieu, nous sommes arrivés à un consensus qui
nous a permis de rêver à la réalisation plastique
de ces idées.
-Le premier dimanche de l’Avent :
une lumière
blanche venue du ciel, un tissu se déroule comme un chemin vers un mystérieux
cadeau bien emballé.
-Le deuxième dimanche :
le cadeau s’est
ouvert, révélant une grotte déjà chargée
de paille.
-Le troisième dimanche :
le sapin a poussé,
stylisé en chemin montant comme l’épinette et illustrant
ces paroles de Jésus : « Je suis le Chemin, la Vérité et
la Vie. Tout homme qui veut aller vers le Père doit passer par moi. »
-Le
quatrième dimanche : comme il faut s’y
attendre, les cristaux de neige accrochés sur les branches révèlent
la beauté secrète de l’hiver.
-Les 24 et 25 décembre :
c’est Noël!
L’Étoile nous rappelle que le Fils de la promesse paraît
dans le monde, comme un astre devenu « présent ».
C’est ainsi que notre « cadeau » transformé en étable,
accueille Marie, Joseph et l’Enfant.
« Le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous, plein
de grâce et de vérité. »
Chacun de nos cœurs ne peut-il pas être aussi une crèche
unique et scintillante car « Celui qui aime, Dieu est dans
son cœur ».
Aujourd’hui, la lumière a brillé sur
la terre.
Peuples de l’univers, entrez dans la clarté de Dieu;
venez tous adorer le Seigneur.
Joyeux Noël!
Jacqueline
Tremblay
Illustrations : Jeanne C. Auclair
Conception de la maquette en page couverture : Jacqueline
Tremblay
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