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Communauté chrétienne St-Albert le Grand





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Le commandement de la vie

29 mars 2020

Jean 11, 3-7.17.20-27.33b-45                         

 

Résurrection de Lazare

Raymond Latour  


« Lazare, viens dehors! » C’est l’impératif de Jésus à son ami Lazare, et qui devrait valoir pour nous aussi, ses amis. Toutefois, nous sommes dans un contexte de crise hygiénique où il nous faut tenir compte d’un autre impératif : « restez chez-vous! » Force donc de recevoir le commandement de Jésus sur le mode métaphorique. L’évangile ne Raymond Latournous invite sûrement pas à la désobéissance civile!        

 Souvent dans les évangiles, le mot « dehors » a une connotation négative. Il y a ceux et celles du dedans, qui écoutent la Parole et la reçoivent avec un cœur ouvert, et il y a les personnes qui restent au dehors, qui de façon plus ou moins consciente refusent de se rendre à la lumière, qui ne peuvent ou ne veulent pas entrer dans l’univers de la foi. C’est pour ces derniers que Jésus a offert des signes.

Le contexte difficile qui est le nôtre pourrait constituer une chance de renouveler notre compréhension de cet épisode évangélique, le signe ultime de Jésus, celui de la résurrection de Lazare. Quand nous en faisons l’écoute, où sommes-nous? Pour ma part, je me place spontanément en position de spectateur comme toutes ces personnes qui ont pu être témoins de ce signe inouï d’un vivant revenu de la mort, littéralement sorti de son tombeau. Mais l’évangile ne nous fait entendre aucun « Ah! », « Oh! ». Jésus n’a pas agi pour le spectacle, mais pour conduire à la foi : « Beaucoup de Juifs qui avaient vu ce que Jésus avait fait, crurent en lui ». La foi, c’est la seule réaction rapportée.      

Cette année, confinement oblige, nous pourrions nous placer ailleurs, au tombeau avec Lazare. Nous ne sommes pas forcément « dehors » avec les vivants comme nous aimerions le croire. Lazare ne nous dira jamais rien de son « expérience », et notre curiosité restera insatisfaite. Mais si nous éprouvions à nouveau, chacun pour notre part ce commandement de Jésus, en y mettant notre propre nom : « Viens dehors! ».          

Dans notre univers chrétien, nous avons fort bien intégré le commandement de l’amour. Voilà un enseignement que nous avons retenu, que nous reprenons facilement, et dont la pertinence et la vérité s’imposent de telle sorte que c’est la parole privilégiée de notre témoignage de foi. « Il suffit d’aimer », comme dit la chanson. Et tout le monde tombe d’accord avec nous. L’amour est rassembleur, fédérateur. Mais si toute la loi peut se résumer en un seul commandement, notre foi, au nom même de cet amour qui nous est prescrit, doit aussi répondre au commandement de la vie. C’est le commandement que Dieu a servi aux êtres humains aux premiers jours de la création et qu’il nous redit aujourd’hui à travers la « résurrection » de Lazare. « Viens dehors! »         

Parce que ces jours-ci, nous ne sommes pas physiquement dehors, en activité; parce que ces jours-ci, tout nous semble mort, l’appel à la vie nous rejoint dans un lieu que la frénésie du quotidien a pu nous avoir fait déserter. Le commandement de Jésus nous invite à nous défaire de toutes les attaches de la mort. Nous avons à être désinfectés de ces virus qui contaminent notre foi et qui s’attachent à nous à notre insu.          

La voix forte, autoritaire, décisive de Jésus vient vaincre notre distanciation d’avec la Parole qui est vie.          

Laissons-nous atteindre par l’appel à la vie. Ne restons plus dans nos tombeaux. Ce n’est pas là notre demeure, notre chez-nous. Il y a le commandement de l’amour. Il y a le commandement de la vie. Ils ne font qu’un.