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Communauté chrétienne St-Albert le Grand





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Noël (A)

25 décembre 2019

L'esprit de Noël

Isaïe 52, 7-10        Luc 2, 15-20        Jean 1, 9-14

 

Bruno Demers

Depuis plusieurs semaines déjà mais aujourd’hui surtout, nous sommes dans l’esprit de Noël. Vous êtes-vous déjà demandé ce que cette expression pouvait bien dire? J’ai été un peu paresseux et j’ai fait comme tout le monde, c’est-à-dire, je suis allé sur Google! J’ai trouvé plusieurs références, mais une en particulier a attiré mon attention : la trêve de Noël de 1914, quelques mois après le début de la Première Bruno Demersguerre, sur les lignes du Front Ouest, près de Ypres, en Belgique. Depuis plusieurs semaines des soldats britanniques et français font face à des soldats allemands, mais dans les tranchées il fait froid. Il a plu. Il y a de la boue partout. On devine leur lassitude sinon leur exaspération. On leur avait dit que ce serait une guerre courte, mais le conflit piétine. Le 25 décembre au matin, tout à coup, on entend des airs de Noël allemands. Les Britanniques et les Français sont étonnés! Ils osent sortir la tête des tranchées et ils aperçoivent des espèces d’arbres de Noël décorés sur les bords des tranchées allemandes. Soudain, ils entendent Adeste fideles en latin et se mettent à chanter eux aussi. Peu de temps après, un soldat allemand sort de sa tranchée, s’engage dans le « no man’s land » et crie « Joyeux Noël » et « Merry Christmas ». Après quelques instants d’hésitation, les Britanniques et les Français font la même chose. Tout le monde se retrouvent dans l’espace commun et se serre la main. Plusieurs s’échangent du chocolat, du tabac, du vin et même du champagne! Les belligérants déclarent une trêve de 48 heures afin d’enterrer leurs morts. Ils vont même jusqu’à jouer une partie de Foot! Il y a des photos de cela. Tout le monde est surpris par cette fraternisation soudaine et spontanée. Selon quelqu’un qui rapporte, l’événement, c’est dû à l’esprit de Noël!     

Chant : Un enfant nous est né, un Fils nous est donné; éternelle est sa présence!      

Ce qui s’est passé sur les champs de bataille le jour de Noël 1914 est tout à fait étonnant parce que ce n’était pas simplement une trêve, comme on le voit de temps en temps dans des guerres. C’était aussi une fraternisation entre les belligérants! Des commentateurs évoquent toutes sortes de raison pour expliquer cela. Il n’empêche que ça s’est produit à l’occasion de la fête de Noël 1914! Ce simple fait, déjà, est suffisant pour faire dire à lusieurs que l’esprit de Noël c’est la fraternisation universelle. C’est déjà présent dans le récit de la crèche où des bergers, des mages et même des anges se côtoient. Mais c’est surtout un refrain sans cesse répété à chaque page d’Évangile. On nous invite à aimer notre prochain, à lui faire du bien, à lui pardonner, à l’aider. Non par simple obéissance à un commandement divin. Mais plutôt parce que chaque être humain est un enfant de Dieu virtuellement en puissance ou pleinement assumé comme dans le baptême. Dieu est le créateur de toute personne et convie tout être humain à faire advenir un monde de justice et d’amour, son Royaume en train de se réaliser sur terre. On le sait, l’amour du prochain est un message radical puisqu’il s’étend même aux ennemis. On ne peut pas être plus exigeant. Mais, curieusement, cet appel de Dieu semble rejoindre une solidarité espérée, attendue, souhaitée chez tout être humain, comme l’exemple de 1914 le montre bien. Toute personne aspire à vivre en paix avec les autres.          

Chant : Nouvelle agréable! Un Sauveur Enfant nous est né. C’est dans une étable qu’il nous est donné. 

L’esprit de Noël c’est la fraternisation universelle mais c’est aussi quelque chose de magique, pas juste festif, mais proprement envoûtant. Ça dépasse l’ordre du rationnel ou du bon sens : un enfant dans une crèche, une étoile, des rois mages une solidarité spontanée et surprenant entre belligérants en temps de guerre. Quelque chose se produit qui nous échappe et nous entraîne! Encore ici, l’évangile en témoigne à de nombreuses occasions : des guérisons, des relèvements, des paroles qui transforment radicalement les gens. Jésus Christ ne s’impose jamais par la force. Même s’il interpelle parfois fortement, il cherche plutôt à convaincre. Pour nous faire comprendre quelque chose, il raconte des histoires : le Royaume de Dieu est semblable à une graine de moutarde, à un père qui avait deux fils… des histoires où les pauvres gagnent et où les riches perdent! Il exagère le nombre de litres d’eau changée en vin au mariage de Cana : 700 litres! Il fait de l’humour avec les juifs en leur racontant des histoires où il y a des porcs! Jésus était aussi habile qu’un magicien mais dans le bon sens : pour faire découvrir à son auditoire qu’il y a toujours autre chose de possible en cette vie. Jésus ne s’impose pas. Il utilise toutes sortes de stratagèmes pour capter l’attention, pour émouvoir, pour convaincre. Parce que telle est la bienveillance prévenante de Dieu à notre égard : aucune fatalité ne peut nous empêcher de faire le bien, l’avenir n’est jamais fermé, toujours ouvert, toujours possible. Dieu déjoue constamment notre raison calculatrice parce que son amour ne se comptabilise pas. Il est souvent exagéré, parfois même excessif. L’esprit de Noël, c’est aussi la magie, la démesure qui dépasse la raison, pour nous attendrir, nous émouvoir et nous rendre sensible à un Dieu qui cherche constamment à nous rejoindre. Joyeux Noël à vous tous!          

Chant : Il est né le divin enfant! Jouez hautbois, résonnez musettes! Il est né le divin enfant! Chantons tous son avènement! Depuis plus de quatre mille ans, nous le promettaient les prophètes; depuis plus de quatre mille ans, nous attendions cet heureux temps!