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Communauté chrétienne St-Albert le Grand



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Commentaires pour le dimanche du saint Sacrement

Le corps et le sang du Christ

14 juin 2020


Renaldo Battista

Le sacrement de l’Eucharistie n’en finit pas de réverbérer de signification pour moi. Trois niveaux d’interprétation s’imposent. D’abord, l’Eucharistie est une action de grâces, l’occasion de remercier le Créateur pour la multitude de ses dons, et en premier lieu pour la vie elle-même. Mais l’Eucharistie est également l’expression d’une adhésion profonde et intime à Jésus et à son enseignement. Le Verbe s’est fait chair et nous l’avons intériorisé par l’Eucharistie, écho lointain du prophète Ézéchiel « Fils d’homme, ce qui t’est présenté, mange-le. J’ouvris la bouche et il me fit manger le volume. Je le mangeai et il fut dans ma bouche doux comme du miel. » (Éz 3:1-3) Enfin, l’Eucharistie est partage, instrument puissant de cohésion de notre Communauté qui fait mémoire de la dernière Cène, repas ultime auquel tous les apôtres étaient conviés, incluant Judas.


Clotilde Pouliot

L'Eucharistie c'est un mémorial, c'est une expérience physique et spirituelle, c'est une rencontre dans ma chair et dans mon esprit, c'est une visitation renouvelée
et une incarnation de la présence de Dieu à ma vie personnelle.
Plus je communie, plus je me reconnecte à la vie de Jésus et à son message, plus ma maison spirituelle se construit.
Une plante a besoin d'eau, de terreau et d'engrais pour fabriquer ses racines et produire feuilles, fleurs et fruits.
La communion c'est un murmure d'amour inconditionnel et de support de Jésus dans l'ordinaire de ma vie.
Le pain et le vin sont des signes liturgiques forts de la communion d'esprit et de cœur qui me lie à Dieu.
Mais, je communie aussi avec la mission d'amour de Dieu quand je console une personne, quand je fais rire une malade, quand je partage mon émerveillement devant la nature, quand je prépare un repas qui réconforte, quand je confie des semences à la terre de mon jardin, quand j'accueille l'autre avec dans ses différences, quand je pardonne et je me pardonne.
Chaque fois que mes gestes s'inspirent de l'enseignement de Jésus, je suis en communion avec lui et je me met en présence de Lui.
Donc, l'eucharistie c'est une démarche communautaire nécessaire qui consolide notre appartenance à un groupe de foi et qui nous régénère ensemble comme Église ; 
C'est aussi dans le secret de mes gestes, de mes paroles et de mes pensées, un lieu-source revivifiant en lien avec mon baptême. 
Par l'eucharistie, Jésus se rappelle à moi dans mon humanité faillible.


Édouard Potworowski

Lorsque nous pensons à l’Eucharistie, trois catégories d’idées nous viennent à l’esprit : Celles qui nous posent des problèmes, celles avec lesquelles nous sommes à l’aise, et celles qui nous font poser des questions.    
Lorsqu’on nous explique que le corps et le sang de Jésus soudain se retrouvent littéralement, comme par magie, dans le pain et le vin, ça nous pose un problème.  
Par contre nous sommes à l’aise avec l’idée qu’il y a Eucharistie lorsque plusieurs sont réunis en Son nom. Nous sommes aussi à l’aise avec l’idée que lorsqu’il y a Eucharistie, il y a partage, entre autres du pain et du vin mais aussi de bien plus, puisque nous faisons tous partie d’un seul corps. Il y a aussi la mémoire des gestes de Jésus et de son message. Puis il y a ce mystérieux “Ceci” dans “Faites ceci en mémoire de moi.”
Ce qui nous amène au troisième point. Il y a pas mal de flou quand on essaye de définir les limites de l’Eucharistie. Mais à bien y penser, c’est peut-être mieux comme ça. De cette façon on évite les discussions stériles qui nous éloignent de l’essentiel, qui est notre union au corps mystique.


Monique Morval

Pour moi, l’institution de l’Eucharistie est le point culminant de ma vie de foi. Jésus se donne tout entier à nous et nous invite à poursuivre son œuvre « en mémoire de lui ». Il le fait dans un contexte de repas partagé. La communion prend alors tout son sens : union avec lui, mais aussi union avec tous les autres. L’une ne se concevant pas sans l’autre… Double mouvement : individuellement, en acceptant de suivre Jésus, et collectivement, en le faisant en communauté.


Françoise Deroy-Pineau

Un jour, à la table familiale, on discutait de la communion (on n’utilisait pas le mot « eucharistie »). Tante Marguerite affirmait qu’il s’agissait d’un symbole. Mes parents croyaient à la Présence réelle. C’était en 1958. J’avais 20 ans et d’autres préoccupations. 
Vers 1978 – date à préciser par les historiens de la communauté – le débat est survenu à Saint-Albert, peut-être lors de la décision d’offrir la communion sous les deux espèces ? J’avoue avoir été étonnée par les adeptes du symbole. Ce qui m’a fait prendre conscience de ma foi en la Présence réelle, au moins pour ceux et celles qui le croient. Tout cela est tellement mystérieux et impossible à expliquer rationnellement. Les gens qui vont saccager églises et tabernacles, ne croient-ils pas qu’il y là quelque chose de grand qui les dépasse et les enrage ?
Un romancier, il me semble que c’est Didier Decoin, faisant l’apologie du catholicisme, a ancré en moi une constatation : quelle autre religion s’enracine tant dans la nature humaine qu’elle fait du repas la clé de voûte de la réunion de ses membres ?
Survient le Covid. Pas de rassemblement. Pas d’eucharistie. Nous sommes condamnés à intérioriser le mystère. Charles de Foucauld disait : « désirer aimer, c’est déjà aimer. » On pourrait élargir : « désirer communier, c’est déjà communier ».
Bienheureux comité de liturgie qui nous incite à saisir au vol l’occasion de se remettre en question !


Maurice Lagueux

Des théologiens d’un autre âge se sont torturés mentalement en cherchant à rendre compte de l’Eucharistie d’une manière intellectuellement satisfaisante, avec l’espoir futile d’expliquer aux croyants ce qui ne pouvait guère être expliqué de façon intelligible. On a alors inventé la notion de transsubstantiation qui a permis à plusieurs d’assurer que si l’hostie consacrée a bien la couleur, la texture et le goût du pain, ce serait une erreur d’en conclure qu’il s’agit effectivement de pain, car cette substance ne serait rien d’autre que le corps de Jésus-Christ mort il y a vingt siècles.
On risque fort de ne pas y voir très clair, mais quel besoin y a-t-il de se donner l’illusion d’avoir tout compris ce qui, n’étant pas d’ordre naturel, ne peut vraiment être compris, l’illusion de savoir ce qui a lieu au juste lorsque des chrétiens choisissent de se rapprocher du Christ par la communion ? Quand des croyants se regroupent pour participer à la célébration qui commémore le geste solennel que posait Jésus à la veille de sa mort, ne sont-ils pas déjà spirituellement un peu plus près de celui en qui Dieu a mis toutes ses complaisances et, du coup, un peu plus près de Dieu lui-même ? Dans ce contexte, pourquoi le fait de se reconnaître bien incapable d’expliquer de façon intelligible et précise comment Dieu peut s’y prendre pour être présent quelque part nous empêcherait-il de croire très sincèrement à la « présence réelle » de Dieu dans l’hostie et en nous ? C’est pourquoi, en ce temps de confinement qui nous prive d’une communion qui ne peut pas vraiment être virtuelle, on ne peut que se sentir en manque de quelque chose d’important dans notre vie spirituelle.


Anne Wagnière

Salut à vous, ami(e)s de St Albert qui me manquez tellement…!      
Prendre la communion, c'est pour moi accepter, une fois encore, la Vie que Dieu nous propose en Jésus Christ au travers des Écritures.     
Lorsque je trempe le petit morceau de pita dans le vin, j'acquiesce, je suis d'accord de continuer la route.     
Je m'accepte, je vais de l'avant parce que je sais que je serai accueillie telle que je suis, malgré mes doutes, malgré mes questions sans réponse, malgré mes incompréhensions. Accueillie et aimée.  
Et puis je ne suis pas seule dans cette aventure, je sens la Communauté tout autour de moi.      
Lorsqu'il m'arrive de servir la communion et que mon regard plonge sur toutes ces mains, si différentes d'aspect, d'âge et de caractère, cela me remplit d'émotion.   

 


Claudine Combeaud

Ce matin-là, il est question de la Fête-Dieu, la Fête du Saint-Sacrement du corps et du sang du Christ. Elle me raconte comment petite fille, dans la fin des années 1920, elle célébrait la Fête-Dieu dans son petit village. L’oreille collée au téléphone, j’écoutais les souvenirs me parvenir. Et je voyais cette petite fille, qui dès le matin avec sa mère descendait au jardin pour remplir une petite corbeille, ornée d’un grand ruban, avec des pétales de roses et de pivoine, de toutes les couleurs. Elles allaient à l’église pour écouter la messe. À la fin de la célébration, Monsieur le Curé sortait en premier portant l’ostensoir, deux personnes soutenaient un dais au-dessus de lui, et l’assemblée suivait en procession dans les rues du village. De temps en temps devant certaines maisons, il y avait un reposoir, une petite table recouverte d’un linge blanc magnifiquement orné de dentelle ou de broderie, et c’était tout un honneur de « présenter au Christ » la plus belle et la plus fine étoffe délicatement travaillée et parée pour cette occasion.
Le prêtre déposait l’ostensoir sur le reposoir le temps de bénir la foule agenouillée qui chantait ou récitait les litanies. Les enfants jetaient leurs pétales de fleurs en petites couleurs qui retombaient au gré du temps.
La procession continuait, à chaque reposoir le même rituel se déroulait, puis, enfants et adultes accompagnaient le prêtre qui tenait l’ostensoir et se dirigeait vers l’église.
Le corps et le sang du Christ ; le Christ était ce jour-là accompagné par une foule aimante. Fini le chemin de croix, le Christ est aimé, attendu, célébré, il peut se reposer, fini la lourde croix immonde qui le fait s’écrouler de douleur et d’épuisement, il peut voir les enfants lui envoyer des fleurs de douceur et d’amour, il peut écouter les chants, les prières, fini les coups, les insultes, l’humiliation, à chaque halte, des chants, des sourires, des fleurs : un chemin de joie.  
Cette petite fille est devenue ma mère, elle m’a fait connaître Jésus et j’ai découvert le Christ, puis j’ai trouvé Dieu. 



Antoine Paris

Je crois que je trouve dans l’Eucharistie, la solution à beaucoup de questionnements très concrets de ma vie. Je me sens appelé à courir le monde et je voudrais en même temps être si proche des gens que j’aime. Je voudrais être présent à tous les gens que je rencontre, avec intensité, entièrement. Et, en même temps, c’est impossible d’être partout.    
Peut-être que Jésus a eu des questionnements semblables : comment être présent au monde entier tout en n’ayant que quelques années à passer sur terre – trop peu pour ne visiter ne serait-ce que tous les villages de Galilée ? L’Eucharistie, c’est peut-être ça ?   
Pour Jésus, un moyen profondément concret (la farine, l’eau, le pain, la nourriture dans la bouche puis l’estomac) d’être présent à tou.te.s.     
Et pour chacun.e de nous, un moyen profondément concret, palpable, comestible, d’être présent aussi à tou.te.s : à celles et ceux que nous connaissons et qui sont loin, à toutes celles et ceux que nous n’avons que croisé.e.s, à toutes celles et ceux que nous ne rencontrerons jamais. Dans une vie plus grande – « éternelle ».   


Annie Laporte

"La coupe que nous bénissons" dit st-Paul. Le nous est donc l'assemblée !
Pour moi l'Eucharistie est la table dressée pour se rappeler et vivre le legs de Jésus ; "Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés".
La table est dressée par qui ?
En ce temps de confinement Pierre et le comité de liturgie dressent la table de la parole et ils nous invitent à y participer.
En l'absence d'un président d'assemblée la table du pain et du vin devient virtuelle. Le pain et le vin que nous prenons chacun chacune à la maison s'incarnent dans nos gestes nos pensées" c'est trouver dans ma vie sa présence" (chant de communion) pour vivre "Aimez-vous les uns les autres " et en ce temps de pandémie cette parole de Jésus dépasse l'appartenance religieuse, c'est une parole de vie.


Marie-Pierre Paris

Mon fils Antoine m'a transmis votre lien ainsi que des nouvelles de la communauté. Prions beaucoup pour les malades. Que la force de l'Eucharistie les soutienne dans ces moments si difficiles !  
Bonne route à tous et merci encore.     
        
"Que signifie l'Eucharistie pour moi". Ce mot qui signifie "action de grâce" est un chant de louange envers le Seigneur qui est venu, avec son grand Amour, nous rejoindre dans notre pauvre humanité si fragile mais aussi si aimée par Lui qui est source de toute vie.      
Pendant de nombreuses années, j'ai été catéchiste et, avec d'autres, nous avons préparé les enfants à participer à ce que nous appelions la première des communions. Aujourd'hui, quelques souvenirs me reviennent et surtout beaucoup d'émotions quand les petits s'approchaient de l'autel, avec tout leur cœur grand ouvert afin de recevoir, pour la première fois, le Corps du Christ. Quand Élisabeth de la Trinité, étant enfant, a reçu pour la première fois le Pain de Vie, elle ne voulait pas participer au bon repas qu'avait préparé pour elle, en ce jour de fête, sa gentille Maman car elle lui disait que le Pain du Ciel l'avait comblée et rassasiée entièrement. À Lourdes, la première communion de la petite Bernadette en 1858 au cours des apparitions fut pour elle un moment d'extase tant désiré et attendu.
En France, pendant le confinement, nous avons été privés de cette présence réelle du Christ qui vient réellement demeurer en chacun de nous dans tout ce que nous sommes y compris ce que nous n'aimons pas ou pas assez de nous-mêmes ou des autres. Quelle merveille et quel mystère que Jésus Eucharistie !    
Demain, en tant que visiteuse de malade, je repars avec ma collègue dans les maisons de retraite enfin ré-ouvertes après trois mois d'isolement et de grande solitude dus à la pandémie. Nous portons aux résidents âgés la communion, la vie du Ciel qui transite par une custode et par nos pauvres mains si souvent indignes mais combien de fois avons-nous été évangélisées par cette confiance totale que nous témoignent toutes ces personnes âgées qui vivent entièrement de l'Eucharistie. "Si nous savions tout le mystère de la communion" disait le Saint Curé d'Ars, patron des prêtres, notre être tout entier disparaîtrait dans le Ciel.
Ah l'Eucharistie ! ce petit bout de Pain qui nous fait vivre. Dans les épreuves de ma vie, je me suis accrochée à toi et tu as été mon secours. Même si je traverse des nuits, je sais, que dans mon coeur, tu me soutiens et que d'autres en communion avec moi me donnent la force d'espérer. Jean-Paul II en proclamant "l'institution de l'Eucharistie" comme mystère lumineux nous fait partager dans le Corps du Christ que nous formons une communion d'amour avec tous nos frères, la multitude que nous sommes, ceux d'ici-bas et de l'au-delà.      
Merci Seigneur de pouvoir retrouver nos messes d'actions de grâce, merci Seigneur pour le Pain que tu nous donnes, la seule vraie nourriture, merci à tous nos prêtres qui depuis plus de deux mille ans consacrent le pain et le vin.        
Bonne semaine à tous,       
Amitiés fraternelles.